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Analyse

Israël fulmine contre la conférence Europe-Iran à Londres

Approuvée par Rouhani, cette conférence promet à ses nombreux participants "de grandes opportunités commerciales"

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Des travailleurs iraniens construisant une Peugot 206 le 11 octobre 2014 à Téhéran (Crédit : AFP/ATTA KENARE)
Des travailleurs iraniens construisant une Peugot 206 le 11 octobre 2014 à Téhéran (Crédit : AFP/ATTA KENARE)

Une conférence internationale visant à promouvoir les liens commerciaux entre l’Europe et l’Iran a commencé mercredi à Londres, suscitant l’ire des groupes pro-israéliens locaux et des hauts fonctionnaires à Jérusalem.

Le « 1er Forum européen Iran » cherche à préparer le terrain pour les investissements et le commerce « post-sanctions », selon son site officiel.

Parmi les intervenants à la conférence approuvée par le bureau du président iranien Hassan Rouhani, l’on retrouve d’anciens ministres des Affaires étrangères du Royaume-Uni et de la France, un député britannique, et un haut fonctionnaire actuellement en poste.

« C’est une manipulation orchestrée par Téhéran et certains milieux d’affaires et des amis de l’Iran », a déclaré au Times of Israel, un agent diplomatique mardi. « Leur but est de créer une atmosphère publique qui rendrait les gouvernements européens plus disposés à faire des compromis en ce qui concerne les négociations nucléaires avec l’Iran, » a-t-il accusé.

« Ces derniers mois, l’Iran a essayé de se présenter comme partie prenante de la solution plutôt que [de se placer] du côté du problème, » a-t-il poursuivi. « Ils ont fait cela avec ISIS [Etat islamique] et avec l’Afghanistan, et maintenant ils ont créé ce piège à miel – alors que les sanctions sont toujours en place. Le but étant de faire pression sur les gouvernements occidentaux ».

Prenant place dans le centre de Londres, au Grosvenor Square Hôtel, le forum Europe-Iran semble avoir été réuni sur le postulat que l’Iran et l’Occident ont convenu d’un accord global sur le programme nucléaire de Téhéran, qui mettrait fin aux sanctions de la communauté internationale imposées ces dernières années. Partout sur le continent, affirment les organisateurs, l’intérêt commercial avec l’Iran a été ravivé grâce à l’accord intérimaire signé entre Téhéran et les six puissances mondiales en novembre 2013, qui a entrainé la levée de certaines sanctions.

L’intention déclarée de la République islamique et du P5 + 1 – les Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, la Russie, la Chine et l’Allemagne – de parvenir à un accord global pour le 24 novembre 2014 « préfigure une levée convenue des sanctions internationales en vigueur contre l’Iran », affirme le site Internet de la conférence.

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry doit rencontrer mercredi à Vienne le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, pour faire avancer les négociations sur le nucléaire. Mais les écarts entre les positions des parties sont toujours importants et de nombreux observateurs sont persuadés qu’elles seront infranchissables dans les semaines qui restent avant l’expiration du délai.

Néanmoins, les organisateurs du forum Europe-Iran semblent suggérer aux participants de l’événement qui durera deux jours qu’un accord est à portée de main et que les sanctions sont sur le point d’être levées. « Dans la perspective de l’amélioration des relations politiques et d’un nouveau climat d’affaires entre l’Europe et l’Iran, une opportunité commerciale considérable se présente », indique le site. L’objectif du forum est par conséquent de préparer et d’évaluer un « cadre commercial post-sanctions et des opportunités d’investissement ».

La conférence, organisée par European Voice [la Voix européenne], un journal qui met l’accent sur les questions liées à l’Union européenne, est présentée comme une « occasion incomparable pour obtenir des conseils pratiques d’experts dans tous les secteurs, qui proposeront les informations les plus pertinentes et actualisées en provenance d’Iran et d’Europe ». Plus de 200 cadres supérieurs d’entreprises et « responsables politiques d’Iran et d’Europe » vont y participer.

Jack Straw (Crédit : UK Ministry of Justice/Wikipedia Commons)
Jack Straw (Crédit : UK Ministry of Justice/Wikipedia Commons)

Parmi les intervenants confirmés, il y a Jack Straw, un député britannique et ancien ministre des Affaires étrangères ; Hubert Védrine, ancien ministre français des Affaires étrangères et Edward Oakden, l’actuel directeur de la direction de l’Office britannique des Affaires étrangères chargé du Moyen-Orient. Le magnat de la publicité britannique, Sir Martin Sorrell, qui est juif, fait partie de la liste des intervenants. Sa présence a suscité des objections de la part de certains groupes pro-israéliens.

Selon le site de la conférence, les questions débattues lors de cette conférence seront les suivants :

Quels sont les sanctions seront levées et lesquelles resteront en place ?

Quels sont les détails de l’accord et quel sera son impact sur les échanges et les investissements entre l’Europe et l’Iran ?

Quels sont les principaux défis lorsqu’on fait des affaires en Iran ?

A ce jour, comment l’économie de l’Iran s’est préparée pour l’augmentation des investissements et de ses engagements du commerce extérieur ?

Des conférences similaires pour tenter de convaincre les Occidentaux d’explorer les possibilités commerciales avec l’Iran ont été déjà été organisées en Allemagne et en France, a affirmé un diplomate israélien de haut rang, s’exprimant sous couvert d’anonymat.

L’idée derrière ces événements est d’aiguiser les appétits des hommes d’affaires internationaux en matière de commerce une fois que les sanctions contre l’Iran seront levées en suggérant que ceux qui montrent de l’intérêt maintenant auront un avantage sur leurs concurrents quand – plutôt que si – un accord sera conclu sur le programme nucléaire iranien et les sanctions seront levées. « Les Iraniens et leurs partisans expliquent essentiellement que celui qui sera le premier obtiendra les meilleures offres. Mais cela ne fonctionne pas. C’est un stratagème transparent », analyse le diplomate.

Le president iranien, Hassan Rouhani, à une conférence de presse à Shanghai le 22 mai 2014 (Crédit : AFP/Mark Ralston)
Le president iranien, Hassan Rouhani, à une conférence de presse à Shanghai le 22 mai 2014 (Crédit : AFP/Mark Ralston)

Dans une lettre adressée aux organisateurs de la conférence, le chef du cabinet de Rouhani et l’ancien vice-ministre du commerce, Mohammad Nahavandian, a déclaré qu’une conférence pour aider les investisseurs étrangers à mieux comprendre l’état actuel de l’économie iranienne était [une initiative] « louable ». Les participants à ce forum devraient « prendre des mesures constructives qui mèneraient à une collaboration du secteur privé des deux côtés, permettant, ainsi, à l’Iran d’avoir la perspective d’une présence compétitive dans l’économie mondiale et d’établir une interaction régionale et internationale avec une approche qui sera gagnante », a écrit Nahavandian.

A Jérusalem, le soutien pour cette conférence d’un proche de Rouhani est considéré avec suspicion. « Il ne faut pas s’étonner que le président iranien approuve cette conférence », a déclaré un autre fonctionnaire du gouvernement israélien de haut rang.

« Les Iraniens veulent la levée des sanctions et que la pression économique soit supprimée. C’est tout l’intérêt de leur offensive de charme. Il est donc essentiel que les gens ne soient pas aspirés à cette offensive de charme ». Le soutien de Téhéran à cette conférence « est totalement en phase avec leur stratégie globale », a-t-il ajouté.

Sir Martin Sorrell (Crédit : Copyright forum économique mondial de Suisse image.ch/Photo by Sebastian Derungs)
Sir Martin Sorrell (Crédit : Copyright forum économique mondial de Suisse image.ch/Photo by Sebastian Derungs)

Israël a toujours affirmé que les sanctions ne pouvaient être levées que si les Iraniens abandonnaient leur quête pour obtenir la bombe et si leur capacité nucléaire militaire était démantelée. « Cette capacité n’est pas seulement une grave menace pour Israël, mais pour toute la région et pour l’Europe en elle-même », a déclaré le haut fonctionnaire. « Et les leaders de l’Europe ne doivent pas se faire d’illusions sur la gravité de la menace posée par une capacité d’armement nucléaire des Iraniens ».

Le forum Europe-Iran est « conforme aux dispositions légales du Bureau américain de contrôle des avoirs étrangers (OFAC) », indique le site de la conférence. « De ce fait, la participation d’aucune personne physique ou morale n’est restreinte à cet événement et rien n’empêche de s’engager dans des discussions et des échanges d’informations sur l’Iran ou avec des ressortissants iraniens », peut-on lire sur le site. Le site définit ensuite en détail comment la conférence ne viole pas les sanctions américaines.

OFAC applique des sanctions économiques « fondée sur la politique étrangère américaine et les objectifs de sécurité nationale contre les pays et les régimes étrangers ciblés », selon son site internet.

L’opposition au forum Europe-Iran provient d’autres entités.

« Il est décevant de voir que cet événement se déroule à Londres, alors que le gouvernement britannique est un leader en Europe qui cherche activement à endiguer la menace posée par le programme nucléaire illégal de Téhéran », a déclaré Davis Lewin, le directeur adjoint de la Henry Jackson Society [la Société Henry Jackson], une cellule de réflexion sur la politique étrangère basée à Londres.

« Les négociations avec l’Iran sont à un stade critique, et les signes ne sont pas encourageants – l’’Iran a été inflexible sur plusieurs aspects clés de son programme nucléaire, y compris certains des aspects les plus troublants tels que l’accès aux sites soupçonnés d’être utilisés pour les essais d’armement », a déclaré Lewin.

« La course de l’Europe à faire des affaires avec ce régime est donc non seulement prématurée, et de tels événements comme ceux-ci entravent les progrès vers un règlement pacifique, car ils font baisser le prix que l’Iran devra payer pour ses actions dangereuses ».

La participation de Sorrell, le fondateur et le PDG de WPP, le plus grand groupe de communication en marketing dans le monde, a suscité les critiques de différents groupes, y compris la Fédération sioniste.

Dans une lettre ouverte, les militants l’ont exhorté à revenir sur sa décision de participer au forum, indique le journal londonien Jewish Chronicle.

Selon la lettre, les groupes « ont du mal à comprendre pourquoi vous parlez d’affaires commerciales avec l’un des régimes les plus violents et théocratiques du monde, qui a une longue histoire avec l’antisémitisme et qui ne cache pas ses sentiments anti-israéliens ».

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