Israël fustige le rejet par l’ONU du prolongement de l’embargo contre l’Iran
Netanyahu a critiqué un vote "scandaleux" devant le Conseil de Sécurité, promettant que l'Etat juif frapperait "de toute sa puissance" ceux qui chercheront à nuire à sa sécurité

Les leaders israéliens ont condamné, samedi, le Conseil de sécurité des Nations unies qui a rejeté une résolution parrainée par les Etats-Unis qui aurait prolongé sine die l’embargo international sur les armes en Iran, qui expirera le 18 octobre.
« La décision prise par le Conseil de sécurité de l’ONU de ne pas renouveler l’embargo sur les armes est scandaleuse », a commenté le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans une déclaration. « Le terrorisme iranien et ses agressions menacent la paix dans la région et dans le monde entier. Et au lieu de s’opposer aux ventes d’armes, le Conseil de sécurité les encourage », a-t-il estimé.
Seuls deux des quinze membres du Conseil ont voté, vendredi, en faveur de cette résolution américaine qui prévoyait le prolongement de l’embargo – ce qui souligne la division entre Washington et ses alliés européens depuis le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire, une décision prise par le président Donald Trump au mois de mai 2018.
Les alliés européens de Washington se sont tous abstenus et la république islamique a vivement raillé l’administration Trump qui n’a gagné le soutien que d’un seul et unique pays, la République dominicaine.

« Nous continuerons à agir en étroite coopération avec les Etats-Unis et les pays de la région pour bloquer l’agression iranienne », a continué Netanyahu. « L’Etat d’Israël continuera à déployer toute sa puissance contre ceux qui tentent de nuire à sa sécurité ».
Benny Gantz, le ministre de la Défense, a expliqué que le rejet de la résolution des Etats-Unis par le Conseil de sécurité était une erreur qui était susceptible de nuire à la stabilité régionale et à la sécurité dans le monde.
« Dans ses tentatives incessantes d’obtenir l’arme nucléaire, comme dans ses efforts visant à attiser le terrorisme et les violences, l’Iran nuit à la paix de la région et du monde », a-t-il affirmé dans un communiqué. « Israël continuera à œuvrer avec ses partenaires, dans le monde entier et au Moyen-Orient, à mettre un terme aux agressions iraniennes ».
Le ministre des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi a fait savoir qu’il s’était entretenu pendant le week-end avec plusieurs de ses homologues, en leur demandant de faire face aux agressions de la république islamique. « L’Iran ne se contente pas de financer le terrorisme : la république islamique commet également des attentats et représente un danger pour la stabilité régionale et mondiale », a-t-il noté.
Plusieurs pays pourtant a priori favorables à une prolongation de l’embargo, à l’instar des Européens, ont en effet refusé de jouer le jeu américain. La fin de l’embargo « pourrait avoir de graves conséquences pour la sécurité et la stabilité régionales », a reconnu Anne Gueguen, représentante permanente adjointe de la France auprès des Nations unies.
Gilad Erdan, le prochain ambassadeur israélien à l’ONU qui est arrivé à New-York il y a quelques jours, a émis son tout premier communiqué sur le vote du Conseil de sécurité de vendredi, le qualifiant de « honte ».
« Au lieu de permettre au régime terroriste de Téhéran d’acquérir des armes meurtrières, le Conseil devrait appliquer des sanctions rédhibitoires à l’Iran », a-t-il écrit dans son communiqué. « Ce Conseil échoue gravement dans sa responsabilité à maintenir la paix et la sécurité internationales. Cette décision ne pourra que déstabiliser davantage le Moyen-Orient et renforcer la propagation des violences dans le monde entier ».
Le président américain Donald Trump s’est, quant à lui, dit prêt samedi à recourir à un moyen de riposte controversé pour réimposer de façon unilatérale des sanctions de l’ONU sur Téhéran.
Après le camouflet subi par Washington, le locataire de la Maison Blanche a promis une réponse sous la forme d’un « snapback », un mécanisme qui est une sorte de droit de veto à l’envers. « Nous connaissions l’issue du vote, mais nous ferons un ‘snapback’. Vous verrez la semaine prochaine », a affirmé Donald Trump.
Cette décision devrait poser les jalons d’une longue épreuve de force avec des répercussions sur l’accord international conclu en 2015 pour empêcher Téhéran de se doter de l’arme nucléaire.
Or, bien que Donald Trump ait retiré les Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien qu’il jugeait insuffisant, la diplomatie américaine menace désormais d’invoquer son statut de pays « participant » à ce même texte pour imposer unilatéralement le rétablissement des sanctions de l’ONU levées en échange de l’engagement iranien à ne pas se doter de l’arme nucléaire.
Une telle manœuvre, sur la base d’un argument juridique contesté par de nombreux membres du Conseil, risquerait de pousser l’Iran à claquer définitivement la porte de l’accord nucléaire, dont il a déjà commencé à se désengager.
L’Iran a crié victoire après ce rejet, qui a déjà des répercussions sur l’accord nucléaire iranien: Donald Trump ne participera « probablement pas » au prochain sommet des cinq membres permanents du Conseil de sécurité avec l’Iran proposé par son homologue russe Vladimir Poutine. « Je pense que nous allons attendre jusqu’à après l’élection », a affirmé M. Trump, interrogé sur son éventuelle participation à ce sommet. Le président américain a perdu son jeune frère.

Pour le président iranien Hassan Rouhani, les Etats-Unis n’ont pas réussi à mettre fin à ce qu’il a appelé l’accord « à moitié vivant » de 2015 avec les grandes puissances qui a permis à l’Iran d’échapper aux sanctions en échange d’une réduction de son programme nucléaire.
« Les Etats-Unis ont échoué dans cette conspiration, humiliés », a déclaré M. Rouhani lors d’une conférence de presse retransmise à la télévision. « A mon avis, ce jour restera dans l’histoire de notre pays et dans l’histoire de la lutte contre l’arrogance mondiale. »
« Pendant les 75 ans d’histoire des Nations unies, l’Amérique n’a jamais été aussi isolée », a renchéri le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Abbas Moussavi.
Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a dénoncé une « grave erreur ». « Je regrette que le monde entier ne se soit pas associé à la lutte contre le plus grand Etat sponsor du terrorisme pour s’assurer qu’il ne puisse pas avoir de systèmes d’armements présentant un risque, un risque pour le cœur de l’Europe », a-t-il déclaré.
« Les Etats-Unis n’abandonneront jamais nos amis dans la région qui attendaient davantage du Conseil de sécurité. Nous continuerons à travailler pour faire en sorte que le régime théocratique terroriste ne soit pas libre d’acheter et de vendre des armes qui menacent le coeur de l’Europe, du Moyen-Orient et au-delà », a-t-il déclaré dans un communiqué.
« Les Etats-Unis n’abandonneront jamais nos amis dans la région qui attendaient davantage du Conseil de sécurité. Nous continuerons à travailler pour faire en sorte que le régime théocratique terroriste ne soit pas libre d’acheter et de vendre des armes qui menacent le cœur de l’Europe, du Moyen-Orient et au-delà », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Selon le secrétaire d’Etat, l’institution mondiale, qui regroupe notamment les grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni et France), « a échoué aujourd’hui à remplir sa mission fondamentale », à savoir « maintenir la paix et la sécurité internationales ».
Le Conseil de sécurité « a rejeté une résolution raisonnable pour prolonger un embargo sur les armes en Iran vieux de 13 ans et à ouvert la voie à ce que le principal Etat soutenant le terrorisme au monde puisse acheter et vendre des armes conventionnelles sans restrictions de l’ONU, pour la première fois depuis plus d’une décennie », a-t-il déploré, estimant qu’il était ainsi allé à l’encontre du souhait de nombreux pays arabes et d’Israël.

Selon la Maison Blanche, M. Trump et son homologue français Emmanuel Macron avaient pourtant évoqué vendredi lors d’un entretien téléphonique, « le besoin urgent d’une action de l’ONU pour prolonger l’embargo sur les armes en Iran ».
« Très peu des membres du Conseil de sécurité avaient envie d’être instrumentalisés pour tuer l’accord nucléaire, quelles que soient leurs opinions sur l’embargo », dit à l’AFP Richard Gowan, de l’organisation de prévention des conflits International Crisis Group, estimant que Washington n’avait pas la « crédibilité » nécessaire pour convaincre ses propres alliés.