Israël ouvre une enquête sur l’explosion de 1982 contre le QG militaire à Tyr
L'explosion meurtrière ayant fait plus de 90 morts serait due à un attentat-suicide à la bombe ; l’enquête a été rouverte "par respect pour les morts et la recherche de la vérité"
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Les autorités israéliennes ont annoncé dimanche qu’elles allaient ouvrir une commission d’enquête sur l’explosion meurtrière survenue au quartier général militaire israélien de Tyr pendant la première guerre du Liban, en 1982. De l’avis général, il s’agirait d’un attentat-suicide à la bombe.
Israël a officiellement déclaré que l’explosion, connue comme étant la première explosion de Tyr, avait été causée par une fuite de gaz, mais de nombreuses sources ont suggéré qu’il s’agirait plutôt d’un attentat suicide perpétré par le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah.
Selon les autorités israéliennes, l’explosion avait tué au moins 91 personnes, dont 75 Israéliens et plusieurs prisonniers libanais et palestiniens.
Des responsables de l’armée israélienne, de l’agence de sécurité intérieure Shin Bet et de la police israélienne ont déclaré dans un communiqué commun qu’une équipe créée en novembre pour examiner les documents relatifs à l’incident avait conclu qu’il y avait des raisons de penser que l’explosion était bien un attentat délibéré.
Une commission d’enquête dirigée par le général de division (res.) Amir Abulafia, ancien commandant de la direction de la planification militaire, « examinera les conclusions de l’équipe d’enquête et d’autres documents, afin de prendre une position définitive sur la question », peut-on lire dans le communiqué.
Les autorités ont déclaré que l’affaire avait été rouverte « par respect pour les personnes décédées et pour la recherche de la vérité ». « Tsahal, le Shin Bet et la police israélienne partagent la douleur des familles endeuillées et feront tout ce qui est en leur pouvoir pour découvrir les circonstances de l’incident, dans le cadre de leur engagement envers ceux qui sont tombés au combat et leurs familles », a déclaré le communiqué.
Le groupe terroriste libanais Hezbollah, soutenu par l’Iran, a revendiqué l’explosion et a identifié le kamikaze comme étant Ahmad Qasir, 17 ans. Un petit monument a été érigé en l’honneur de Qasir près de Baalbek, dans l’est du Liban.
Dans un ouvrage publié en 2007 sur la guerre de l’ombre entre Israël et l’Iran, l’historien du Mossad Ronen Bergman affirme que trois témoins ont vu une Peugeot apparemment conduite par Qasir foncer sur le bâtiment de Tsahal quelques instants avant l’explosion.
Le livre indique que les enquêteurs de la police militaire ont trouvé une jambe qui n’appartenait à aucun des corps des victimes, ainsi que le moteur de la Peugeot enterré sous les décombres du bâtiment. Le moteur a été identifié comme ayant été acquis au Liban et n’était pas utilisé par Tsahal, selon Bergman.
En outre, Bergman a déclaré qu’une déclaration sous serment d’un agent du Shin Bet ayant servi au Liban à l’époque indiquait qu’après l’explosion de Tyr en 1982, il avait reçu un rapport de renseignement détaillé contenant une description complète des préparatifs du Hezbollah en vue de l’attentat-suicide.
La déclaration sous serment indique également que les hauts responsables du Shin Bet ont ordonné que le rapport soit jeté et qu’il n’en soit plus question, selon Bergman.
Près d’un an après l’explosion, le 4 novembre 1983, un attentat similaire a visé la base de Tsahal à Tyr, tuant 28 Israéliens et 32 prisonniers libanais. Israël a confirmé que la seconde explosion était un attentat suicide du Hezbollah.