Israël pourrait mieux combiner ses stratégies militaire et diplomatique – Sullivan
Le conseiller américain à la sécurité nationale indique que les opérations de Tsahal à Rafah n'ont pas franchi le seuil contre lequel le président Biden avait mis en garde
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, a déclaré mercredi qu’Israël pourrait mieux relier sa stratégie militaire à une stratégie diplomatique plus large.
« Nous pensons que le seul moyen de vaincre le [groupe terroriste palestinien du] Hamas et d’assurer la sécurité à long-terme d’Israël est de relier l’effort militaire à une stratégie globale intégrée », a-t-il déclaré. « Nous pensons qu’Israël pourrait être plus clair sur ce point, tant en public qu’en privé. Nous continuerons à travailler sur ce point. »
Sullivan a mis l’accent sur le plan américain d’après-guerre, qui prévoit que les voisins arabes d’Israël aident à la reconstruction de Gaza, tandis qu’Israël accepte d’ouvrir la voie à un État palestinien et de normaliser ses relations avec l’Arabie saoudite.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a largement snobé cet effort.
Parallèlement, il a été critiqué pour son refus de proposer une alternative viable au groupe terroriste palestinien du Hamas, ce qui a conduit l’armée israélienne à retourner à maintes reprises dans des zones de Gaza qu’elle avait précédemment expurgées des terroristes du Hamas, pour finalement constater que les terroristes avaient rapidement repris le dessus.
Bien qu’ils n’aient pas non plus exprimé leur soutien à la création d’un État palestinien, le ministre de la Défense Yoav Gallant et le ministre du cabinet de guerre Benny Gantz ont demandé à Netanyahu de présenter des plans pour remplacer le Hamas à Gaza.
Sullivan a semblé se réjouir de ces déclarations. « Vous entendez des voix haut placées au sein du système israélien s’exprimer sur ces questions. Nous pensons qu’il s’agit d’un débat sain car, en fin de compte, nous savons par expérience que la force militaire seule ne suffira pas à faire le travail. »
Le principal conseiller du président américain Joe Biden a été interrogé sur l’isolement diplomatique croissant d’Israël.
« Nous avons certainement vu un nombre croissant de voix, y compris des voix qui soutenaient auparavant Israël, dériver dans une autre direction. Cela nous préoccupe car nous ne pensons pas que cela contribue à la sécurité ou à la vitalité à long-terme d’Israël », a déploré Sullivan.
« Nous en avons discuté avec le gouvernement israélien […] Une approche stratégique visant à vaincre le Hamas, à protéger les civils, à accroître l’aide humanitaire et à poursuivre cette vision d’intégration régionale placera Israël dans les meilleures conditions pour engager les pays du monde entier et revitaliser un grand nombre de partenariats et d’amitiés qui ont été une source de grande force pour Israël au fil du temps », a-t-il ajouté.
Le conseiller américain à la sécurité nationale a réaffirmé que les opérations militaires israéliennes à Rafah n’avaient pas atteint le niveau contre lequel l’administration Biden avait mis en garde.
Lors d’une conférence de presse, Sullivan a qualifié les opérations de Tsahal de « plus ciblées et limitées [et elles] n’ont pas impliqué d’opérations militaires majeures au cœur de zones urbaines denses ».
Il a souligné que les États-Unis suivaient l’opération de près et « continueront à recevoir des informations d’Israël sur la manière dont ils affinent leur approche ».
Sullivan a démenti une information du Washington Post selon laquelle les États-Unis cacheraient à Israël des renseignements sur les dirigeants du Hamas afin d’inciter Jérusalem à ne pas envahir Rafah. Il a insisté sur le fait que les États-Unis ont toujours partagé ces informations et qu’ils continueront à le faire, car ils ont le même objectif qu’Israël, à savoir éliminer les dirigeants du groupe terroriste palestinien.
Sullivan a déclaré que les informations selon lesquelles aucune aide provenant de la nouvelle jetée temporaire de Gaza n’avait atteint les civils étaient fallacieuses et que les deux tiers des cargaisons étaient en cours d’acheminement vers les civils ou les avaient déjà atteints.
Le principal conseiller de Biden a précisé que la situation sur le terrain était mouvementée et que les États-Unis étaient en permanence en pourparlers avec les parties prenantes afin de s’assurer que l’aide soit sécurisée et acheminée à ceux qui en ont besoin.
Enfin, la Maison Blanche a estimé qu’Israël ne devait pas retenir des fonds destinés aux Palestiniens en guise de représailles après que trois pays européens ont décidé de reconnaître l »Etat de Palestine.
« Je pense que c »est une mauvaise décision stratégique parce que retenir des fonds déstabilise la Cisjordanie, sape la quête de sécurité et de prospérité des Palestiniens, qui est dans l’intérêt d’Israël, et il ne faut pas retenir des fonds qui permettent de fournir des biens et des services à des personnes innocentes », a dit le conseiller américain.