Israël présente un excédent budgétaire, une première depuis 35 ans
Selon le ministère des Finances, il y a eu une hausse "exceptionnellement élevée" des recettes de l'État et un rétablissement économique "impressionnant" après la COVID
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.
Israël a enregistré un excédent budgétaire de 9,8 milliards de shekels en 2022 – ce qui représente 0,6 % du produit intérieur brut – avec une hausse des recettes fiscales de 14 %, a fait savoir mercredi le ministère des Finances israélien.
En 2022, les recettes du gouvernement ont augmenté de 4,8 %, à
468,5 milliards de shekels, et elles ont dépassé les dépenses totales de 458,8 milliards, entraînant un excédent pour la toute première fois depuis 1987, a indiqué le ministère. Le ministère des Finances avait établi une cible en matière de budget de 3,9 % pout 2022. La Banque d’Israël, au début du mois, s’attendait à un déficit budgétaire de 0,3 % du PIB.
« 2022 a été une année caractérisée par une hausse exceptionnellement élevée des recettes de l’État qui est venue s’ajouter à une croissance exceptionnelle, suite au rétablissement impressionnant de l’économie dans le sillage de la crise du coronavirus », a écrit le ministère dans son rapport.
Israël avait enregistré un déficit de 4,4 % du PIB en 2021 et de 11,3 % en 2020 alors que le gouvernement adoptait un plan d’aide économique de 196,3 milliards de dollars, portant sur plusieurs années, pour aider l’économie locale aux prises avec la pandémie. Aujourd’hui, 92 % de la somme allouée a d’ores et déjà été dépensée, a fait savoir le ministère. Au mois de décembre, Israël avait annoncé un déficit budgétaire de 18,7 milliards de shekels.
Alors que son ministère devrait bientôt préparer sa proposition de budget 2023-2024, le nouveau ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a indiqué cette semaine qu’il se focaliserait sur la croissance et qu’il aurait aussi pour objectif d’offrir des aides dans une période délicate.
« Nous vivons actuellement une période difficile, mais je la considère comme l’opportunité de fortifier l’État d’Israël en tant que marché stable, fort et responsable », a commenté Smotrich lors d’une conférence gouvernementales, mardi. « Les initiatives populistes qui amènent à aller au-delà du plafond budgétaire peuvent tous nous faire partir en vrille et porter préjudice à Israël. »
Smotrich, à la tête du parti Hatzionout HaDatit d’extrême-droite, a souligné l’importance de coordonner la politique fiscale et la politique monétaire de la Banque d’Israël.
Smotrich a pris la responsabilité du Trésor alors que l’économie devrait ralentir de manière significative, cette année, et que le coût de la vie est grandement en hausse, entraîné par les prix du logement et les prix de l’énergie. La Banque d’Israël a abaissé, ce mois-ci, ses prévisions de croissance pour 2023 à 2,8 % contre 3 % au mois d’octobre. En 2024, l’économie devrait croître à un taux annuel de 3,5 %.
En 2022, l’économie aurait connu une croissance à un taux de 6,3 % après une expansion plus rapide – 8,1 % – en 2021, qui avait été l’année de rétablissement qui avait suivi la pandémie de la COVID-19.
En tant que conseiller économique du gouvernement, le gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron, a mis en garde le nouveau gouvernement contre le risque potentiel de demandes budgétaires exubérantes de la part des partenaires de la coalition. Les accords qui ont été signés avec l’extrême-droite et les partis ultra-orthodoxes prévoient d’augmenter les allocations versées aux ultra-orthodoxes, dont le taux d’emploi est particulièrement bas.
« Il est important que le nouveau gouvernement fasse preuve de la responsabilité nécessaire en ce qui concerne la politique fiscale et, en particulier, en ce qui concerne les nouvelles dépenses qui ne sont pas orientées vers la promotion de la croissance durable », a averti Yaron.
Selon le département de recherche de la Banque centrale, le fardeau fiscal baissera en 2023-2024 par rapport à 2022 et il sera similaire à celui de 2021.
« Du côté des dépenses, notre évaluation est que les programmes du gouvernement qui dérivent des accords de coalition et des accords sur les salaires qui seront signés en 2023 vont entraîner une hausse nette des dépenses publiques pendant cette période », ont fait savoir les économistes de la Banque d’Israël.
En 2023, la Banque d’Israël s’attend à un déficit budgétaire d’au moins 1,8 % du PIB, passant à 2,1 % en 2024. De la même manière, la banque Hapoalim anticipe un déficit budgétaire de 1,8 % en 2023, en prenant pour hypothèse que les accords de coalition seront partiellement mis en œuvre.
« La hausse attendue dans les dépenses du gouvernement (même si seulement une partie des accords de coalition est réalisée), en plus de la modération attendue de la croissance de l’économie locale en 2023, du net déclin des activités de l’immobilier et de l’industrie high-tech qui viennent tous s’ajouter à une modération anticipée de la consommation, devraient entraîner une augmentation dans le déficit budgétaire, l’année prochaine », a commenté un haut-responsable de la Banque Hapoalim, Modi Shafrir.