Israël réfléchit encore à sa réaction après avoir été inclus sur la liste noire de l’ONU
Un responsable déclare que des mesures seront prises à l'encontre des agences et du personnel, mais que cela n'affectera pas l'aide à Gaza
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Israël a promis jeudi une « réaction » à un rapport des Nations Unies (ONU) qui a inclus l’État juif dans la « liste de la honte » qui documente les violations présumées des droits des enfants dans les conflits armés,.
« La question est toujours en cours d’examen », a indiqué un responsable israélien. « Il y aura une réaction. »
« Des mesures seront prises à l’encontre de certaines agences de l’ONU et peut-être de leur personnel », a poursuivi le fonctionnaire. « Nous le ferons tout en garantissant l’aide humanitaire à Gaza. »
Mardi, l’ONU a publié son rapport annuel sur les enfants dans les conflits armés (CAAC), qui a ajouté pour la première fois l’armée israélienne, les groupes terroristes palestiniens du Hamas et du Jihad islamique à sa « liste noire ». Israël est ainsi le premier pays démocratique à figurer sur cette liste.
L’ONU a notifié sa décision à Israël la semaine dernière, suscitant l’indignation à Jérusalem. Le Financial Times a rapporté que le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu avait évoqué la possibilité de sanctions importantes contre diverses agences de l’ONU opérant en Israël, y compris l’expulsion éventuelle de membres du personnel.
« C’est encore en gestation, donc je ne peux parler d’une décision qui n’a pas encore été prise », a expliqué le responsable israélien.
Toujours jeudi, le ministère des Affaires étrangères a indiqué que les « statistiques trompeuses et gonflées » des rapports de la CAAC « ont contribué à alimenter la diffamation antisémite selon laquelle Israël, et les Israéliens, ont une propension unique à tuer des enfants palestiniens ou à les faire souffrir ».
Le ministère a ajouté que le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, qui a avalisé le rapport, faisait montre d’un « manque de détermination » dans la lutte contre l’antisémitisme au sein des Nations unies.
The deceitful and inflated statistics on the IDF year after year in CAAC reports have fed the antisemitic libel that Israel, and Israelis, have a unique propensity towards killing Palestinian children or causing them suffering. One BBC presenter even dared to say on air that…
— Israel Foreign Ministry (@IsraelMFA) June 13, 2024
Un représentant israélien a souligné que les rapports de l’ONU sont biaisés contre Israël pour des raisons « politiques ».
« Nous sommes arrivés à un point où le dialogue n’est plus juste et honnête », a expliqué le représentant. « Ce qui se passe, c’est que les décisions prises le sont pour des raisons politiques et non pour des raisons objectives. »
Le responsable a poursuivi en disant que ce n’était « pas une coïncidence » que la décision d’inclure Israël sur la liste noire ait été prise par Guterres.
La décision d’ajouter Tsahal à ce qui est devenu la « liste de la honte » résulte, selon le rapport, des meurtres et des mutilations d’enfants commis pendant la guerre de Gaza, ainsi que des attaques contre des écoles et des hôpitaux. Israël affirme agir dans le respect du droit international, prendre des mesures pour éviter les victimes civiles et ne viser que des sites utilisés par des groupes terroristes, lesquels sont ainsi privés de la protection accordée par le droit international. Il reconnaît que des Palestiniens innocents ont été tués dans sa guerre contre le Hamas, mais souligne la stratégie du groupe terroriste consistant à se loger dans des infrastructures civiles et à utiliser des civils comme boucliers humains.
La semaine dernière, Netanyahu a déclaré que « les Nations unies se sont inscrites aujourd’hui sur la liste noire de l’histoire en se joignant aux partisans des assassins du Hamas. Tsahal est l’armée la plus morale du monde et aucune décision délirante de l’ONU n’y changera rien ».
Les implications pratiques de l’inclusion d’Israël comprennent la mise en place d’un « mécanisme de surveillance et de communication de l’information » par le bureau de la représentante spéciale de Guterres pour les enfants et les conflits armés, Virginia Gamba, la diplomate argentine qui a rédigé le rapport. Le mécanisme de surveillance sera chargé d’organiser des entretiens avec les responsables israéliens, de fixer des critères à respecter pour s’assurer que les violations présumées des droits des enfants sont prises en compte et de présenter des rapports d’avancement au Conseil de sécurité.
Les groupes terroristes du Hamas et du Jihad islamique palestinien sont également cités dans le rapport de l’ONU en raison des meurtres, des violences et des enlèvements d’enfants qu’ils ont commis.
Des responsables israéliens ont, par ailleurs, souligné jeudi que l’Autorité palestinienne (AP) n’était pas citée dans le rapport, alors même qu’elle incite les enfants à la violence dans ses camps de vacances et qu’elle rémunère des terroristes, y compris des mineurs.
Ils ont également accusé les fonctionnaires de l’ONU d’avoir refusé de se rendre sur les sites des attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre.
« Personne à l’ONU, à l’exception de l’envoyé ici en Israël, n’est venu dans les kibboutzim pour voir ce qui s’était passé », a affirmé un responsable. « Trois semaines après le début de la guerre, nous leur avons dit : ‘S’il vous plaît, si vous faites un rapport, vous devez venir voir ce qui s’est passé dans les kibboutz’. Ils nous ont donné diverses excuses. »
Les responsables n’ont accepté de se rendre sur les lieux qu’après la menace d’Israël de communiquer leur refus à la presse, a déclaré le fonctionnaire.
Dans son rapport, l’ONU indique que l’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre dans le sud d’Israël et la guerre menée par Israël pour démanteler le groupe terroriste ont entraîné une augmentation de 155 % des violations graves commises à l’encontre des enfants, notamment en raison de l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées de la bande de Gaza.
Guterres s’est dit « consterné par l’augmentation dramatique ainsi que par l’ampleur et l’intensité sans précédent des violations graves » commises à l’encontre des enfants dans la bande de Gaza, en Israël et en Cisjordanie, « en dépit de mes appels répétés aux parties pour qu’elles mettent en œuvre des mesures visant à prévenir les violations graves ».
António Guterres s’est dit choqué par le meurtre, la mutilation et l’enlèvement d’enfants par le Hamas et le Jihad islamique le 7 octobre, affirmant que rien ne pouvait justifier ces « actes de terrorisme barbares ». Il s’est également dit consterné par les informations faisant état de violences sexuelles lors de ces attaques, qui devraient faire l’objet d’une enquête.
L’ampleur de la campagne militaire israélienne à Gaza « et l’étendue de la mort et de la destruction dans la bande de Gaza sont sans précédent », a-t-il déclaré, réitérant les appels lancés à Israël pour qu’il respecte le droit international et veille à ce que les civils ne soient pas pris pour cible et à ce qu’il ne soit pas fait un usage excessif de la force au cours des opérations.
Environ 8 000 enfants ont été tués dans la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, selon le ministère de la Santé dirigé par le groupe terroriste palestinien. Ce chiffre n’a pas été vérifié de manière indépendante et a chuté d’environ 6 500 le mois dernier, ce qui soulève de nouvelles questions sur la fiabilité des données fournies par le Hamas, lesquelles ont été utilisées dans le rapport de l’ONU sur les enfants et les conflits armés.
Le rapport indique qu’en 2023, 5 698 violations graves contre des enfants ont été attribuées aux forces israéliennes, 116 au Hamas, 58 à des auteurs non identifiés, 51 aux résidents d’implantations israéliennes, 21 au Jihad islamique, 13 à des individus palestiniens et une aux forces de sécurité de l’AP.
Le processus de vérification concernant 2 051 autres violations est en cours.
Guterres a néanmoins salué l’offre faite par le gouvernement israélien le 28 mai de coopérer avec la Représentante spéciale Gamba à l’élaboration d’un plan d’action.
Jacob Magid a contribué à cet article.