Israël répond au chef de l’ONU qu’il « n’y a pas de pénurie d’aide » à Gaza
Antonio Guterres a fait valoir l'obligation de la "puissance occupante" d'assurer la fourniture de nourriture et de matériel médical à la population et fustigé les nouveaux mécanismes d'autorisation proposés par Israël

Israël a nié mardi la moindre « pénurie d’aide dans la bande de Gaza » après avoir été accusé par le secrétaire général des Nations unies de se soustraire à ses obligations de « puissance occupante » en ne laissant passer aucune aide à destination de Gaza depuis début mars.
« Il n’y a pas de pénurie d’aide humanitaire dans la bande de Gaza », écrit sur X Omer Marmorstein, porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien.
« Plus de 25 000 camions d’aide sont passés dans la bande de Gaza pendant (…) le cessez-le-feu » et « le Hamas a utilisé cette aide pour reconstruire sa machine de guerre », ajoute-il, accusant Antonio Guterres de « répandre des calomnies contre Israël ».
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a rejeté mardi une nouvelle proposition israélienne visant à renforcer le contrôle des livraisons d’aide humanitaire à Gaza.
« Les nouveaux ‘mécanismes d’autorisation’ proposés par Israël pour la fourniture de l’aide menacent de contrôler et de limiter durement l’aide, jusqu’à la dernière calorie et au dernier grain de farine ».
« Je dois être clair : nous ne participerons à aucun dispositif qui ne respecte pas pleinement les principes humanitaires, à savoir, humanité, impartialité, indépendance et neutralité », a-t-il affirmé, alors que Jérusalem l’accuse régulièrement de partialité envers Israël.
Israël a suspendu l’entrée de l’aide humanitaire le 2 mars, quelques heures après la fin de la première phase de 42 jours de l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages. Il a refusé de négocier la deuxième phase, qui prévoyait le retrait de Tsahal de la bande de Gaza. Le 18 mars, l’armée israélienne a repris les hostilités avec une série de frappes aériennes massives.
Israël accuse le Hamas d’avoir accumulé des stocks d’aide et affirme que le blocus restera en place tant que les 59 otages restants ne seront pas libérés. Un responsable israélien a toutefois confirmé lundi au Times of Israel que l’armée envisage de rétablir l’acheminement de l’aide, craignant des violations du droit international et de potentielles poursuites futures contre les commandants engagés sur le terrain.
Le COGAT, l’agence de Tsahal qui coordonne l’aide, a rencontré la semaine dernière des représentants de l’ONU et d’organisations humanitaires internationales. Il a proposé un « mécanisme structuré de contrôle et d’entrée de l’aide » pour Gaza.
« Ce mécanisme vise à soutenir les ONG, renforcer la supervision et garantir que l’aide parvienne bien à la population civile, sans être détournée ou volée par le Hamas », a publié le COGAT dimanche sur X.

Lors d’un point presse mardi, Guterres a réitéré son appel à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, à un cessez-le-feu permanent, ainsi qu’à un accès humanitaire complet à Gaza.
« Depuis plus d’un mois, pas la moindre goutte d’aide n’est entrée dans Gaza. Pas de nourriture, pas de carburant, pas de médicaments, pas de biens commerciaux. Alors que l’aide se tarit, les vannes de l’horreur se sont rouvertes », a déclaré Antonio Guterres à la presse. « Gaza est devenu un champ de la mort pour les civils pris au piège. »
Faisant référence aux Conventions de Genève, il a notamment souligné l’obligation de la « puissance occupante » d’assurer la fourniture de nourriture et de matériel médical à la population.
« En tant que puissance occupante, Israël a des obligations sans équivoque en vertu du droit international, y compris le droit humanitaire international et le droit international sur les droits humains », a-t-il insisté.
« Rien de cela ne se passe aujourd’hui », a-t-il dénoncé, rejetant également de nouvelles propositions israéliennes sur l’aide.
Israël conteste cette qualification de « puissance occupante », affirmant ne plus exercer de contrôle effectif sur Gaza depuis son retrait de 2005. Le ministre de la Défense, Israel Katz, a toutefois déclaré récemment que la nouvelle offensive visait à reprendre « un vaste territoire » dans la bande de Gaza.

Antonio Guterres s’est également alarmé de la situation en Cisjordanie.
« Le chemin actuel est une impasse, totalement intolérable aux yeux du droit international et de l’histoire. Et le risque que la Cisjordanie se transforme en un autre Gaza rend la situation encore pire », a-t-il déclaré.
« Il est temps de mettre un terme à la déshumanisation, de protéger les civils, de libérer les otages, de garantir l’aide vitale et de renouveler le cessez-le-feu ».
Tout au long de la guerre, Israël a entretenu des relations tendues avec Guterres. Il l’a déclaré persona non grata et l’a accusé de justifier l’attaque du Hamas du 7 octobre.
Guterres a répliqué en affirmant, lors d’une conférence de presse en juin, qu’il avait condamné publiquement l’attaque plus de cent fois. Il a également rencontré des familles d’otages détenus à Gaza, notamment lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre dernier.

Le 7 octobre 2023, des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont déferlé sur le sud d’Israël, assassinant plus de 1 200 personnes et prenant 251 personnes en otage. En réponse, Israël avait suspendu les livraisons d’aide dans la bande de Gaza, avant de les rétablir progressivement sous pression internationale.
Depuis le début de la guerre, Israël accuse le Hamas d’infiltrer les groupes humanitaires, y compris l’UNRWA, et de se cacher au sein d’infrastructures civiles comme des hôpitaux ou des centres de distribution.
Avant la guerre, Israël supervisait l’entrée quotidienne de centaines de camions d’aide humanitaire dans Gaza, toujours sous blocus malgré le retrait militaire de 2005.
Jacob Magid a contribué à cet article.