Israël rouvre le mont du Temple à Jérusalem
La Maison Blanche a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue face à l'escalade des tensions
Israël a décidé jeudi de rouvrir le site à Jérusalem-est tout en en interdisant l’accès aux hommes de moins de cinquante ans, a indiqué une porte-parole de la police.
La décision prend effet immédiatement, a précisé à l’AFP cette porte-parole, Luba Samri, à la veille de la grande prière musulmane du vendredi.
Les Etats-Unis ont réclamé jeudi que tous les fidèles puissent accéder à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem et appelé toutes les parties à faire preuve de retenue face à l’escalade des tensions.
La mosquée « doit être rouverte à tous les fidèles musulmans », a déclaré la porte-parole du département d’Etat, Jennifer Psaki. Mme Psaki a aussi dénoncé la tentative d’assassinat de Yehuda Glick qui a la double nationalité américaine et israélienne.
Le site du mont du Temple à Jérusalem est un haut lieu de l’islam et un site sacré pour le judaïsme. C’est aussi une poudrière potentielle.
Le site s’étend sur 14 hectares en surplomb de la Vieille Ville de Jérusalem, dans le secteur arabe.
Le site, appelé par les musulmans Al-Haram al-Charif (Noble sanctuaire), abrite la mosquée du dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa (la Lointaine) car c’est le sanctuaire le plus lointain où, selon la tradition musulmane, le prophète Mahomet se soit rendu.
Selon la tradition musulmane, le dôme du Rocher se dresse sur le rocher d’où le prophète est monté aux cieux sur sa jument ailée, al-Bourak.
Le site est le troisième lieu saint de l’islam après la Grande Mosquée de La Mecque et la mosquée du Prophète de Médine, en Arabie saoudite.
Sa construction a commencé au VIIe siècle, après la prise de Jérusalem par le calife Omar. Elle est bâtie sur le site du Temple juif détruit par les Romains en l’an 70 et dont l’unique vestige, le mur Occidental est situé en contrebas.
Appelée par les juifs Har HaBayit (mont du Temple), le site est le plus sacré du judaïsme.
La police autorise les juifs à s’y rendre mais leur interdit d’y prier, par peur des incidents avec les musulmans.
La plupart des fidèles ne s’y rendent néanmoins pas, car le rabbinat l’interdit de crainte qu’ils foulent aux pieds le Saint des Saints et le désacralisent. Le mur Occidental est de fait le site le plus sacré où les juifs peuvent prier.
Des ultranationalistes juifs, dont certains veulent reconstruire le Temple, provoquent régulièrement des incidents en entreprenant de prier subrepticement sur le site après être montés en simples visiteurs.
Les musulmans, inquiétés par l’activisme de ces ultranationalistes, s’alarment que le gouvernement israélien puisse un jour concéder le droit de prier aux juifs et que cela soit la porte ouverte à une destruction d’Al-Aqsa pour la reconstruction du Temple.
Ces craintes ne sont pas nouvelles. En 1929, une série d’émeutes meurtrières au nom de la défense du Noble Sanctuaire avaient éclaté sous le mandat britannique.
Ces derniers jours, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’est défendu à plusieurs reprises de toute intention de changer le statu quo.
Le 28 septembre 2000, la visite sur le site d’Ariel Sharon, alors chef de l’opposition de droite, avait été perçue comme une provocation par les Palestiniens.
Le lendemain, des heurts sanglants avaient opposé Palestiniens et policiers israéliens qui avaient tué sept manifestants par balles, marquant le début de la deuxième Intifada.
Le site est gérée par le Waqf, une fondation islamique sous contrôle jordanien, indépendamment de l’administration israélienne, mais la police israélienne contrôle les accès au site.
Au début des années 1980, le Shin Bet avait démantelé un réseau clandestin d’ultranationalistes juifs qui préparaient un attentat à grande échelle contre les mosquées du site pour torpiller l’accord de paix avec l’Egypte, signé en 1979, et empêcher en 1982 le démantèlement d’implantations juives dans la péninsule du Sinaï.