Jérusalem : La guerre assombrit Noël, mais des chrétiens trouvent une lueur d’espoir
Le conflit persiste, les touristes sont peu nombreux, et les célébrations publiques dans la Vieille Ville sont annulées pour la 2e année consécutive, mais certains refusent de céder au désespoir
![Un magasin de spiritueux décoré pour Noël, dans le quartier chrétien de la Vieille Ville de Jérusalem, le 24 décembre 2024. (Crédit : Gianluca Pacchiani/Times of Israel) Un magasin de spiritueux décoré pour Noël, dans le quartier chrétien de la Vieille Ville de Jérusalem, le 24 décembre 2024. (Crédit : Gianluca Pacchiani/Times of Israel)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2024/12/santa-1024x640.jpg)
Comme l’année dernière, le marché de Noël organisé près de la Nouvelle porte du quartier chrétien de Jérusalem a été annulé en raison de la guerre en cours contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Une rue pavée, qui en temps normal arbore ses joyeuses décorations et dans laquelle résonnent de chants de Noël, est désormais silencieuse. Habituellement animée par des touristes venus des quatre coins du monde et explorant les étals de vin chaud, de maïs grillé et de serre-têtes en forme de bois de renne, cette artère vide d’une centaine de mètres ne voit plus passer que quelques locaux et ecclésiastiques.
Un groupe de visiteurs russo-israéliens, espérant découvrir une atmosphère festive, fait la queue devant la maison du Père Noël, l’une des attractions du quartier chrétien. Ils découvrent alors que c’est le seul endroit de la Vieille Ville où règne l’esprit de Noël.
Si certains quartiers de Jérusalem situés à l’extérieur des murs de la Vieille Ville ont conservé leurs traditions, comme l’historique YMCA de la rue David HaMeleh, qui arbore un majestueux sapin de Noël et a organisé un marché de Noël de cinq jours au début du mois, l’atmosphère à l’intérieur des anciens remparts reste sobre.
Seules quelques boutiques proposent des décorations saisonnières, telles que des bonnets de père Noël et des rennes gonflables.
En se promenant dans les ruelles de la Vieille Ville, les commerçants expriment ouvertement leurs difficultés à maintenir à flot leurs entreprises autrefois florissantes. Les vendeurs de souvenirs interpellent les passants aux allures de touristes pour tenter de les attirer.
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Même l’Église du Saint-Sépulcre, vénérée comme le site de la crucifixion et de l’enterrement de Jésus selon diverses traditions chrétiennes, est singulièrement vide, ce qui contraste fortement avec les habituelles foules de pèlerins.
Après plus de quatorze mois de guerre, le désespoir persiste chez de nombreux habitants.
« L’atmosphère n’est pas meilleure que l’année dernière », a regretté Hanna, un chrétien palestinien local qui a refusé de décliner son patronyme.
« C’est toujours aussi triste. La guerre n’est pas terminée et tous ceux qui sont morts à Gaza ne reviendront pas. Seul le Messie est revenu d’entre les morts. »
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« Ce dont nous avons besoin, c’est non seulement de la fin de cette guerre, mais aussi d’une solution à la question palestinienne. »
Hanna a également évoqué les difficultés économiques. « Les touristes ne sont pas revenus », a-t-il déclaré, expliquant que son projet de transformer un espace vide en café dans une rue touristique populaire a été bloqué après le 7 octobre 2023, date à laquelle quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle, déclenchant ainsi la guerre. Il a récemment repris les travaux de rénovation, espérant ouvrir au début de l’année prochaine.
D’autres résidents chrétiens s’efforcent de préserver les traditions des fêtes de fin d’année au sein de leur communauté, en espérant que la fin de la guerre approche grâce à des événements récents tels que le cessez-le-feu conclu avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah au Liban à la fin du mois de novembre.
Elias Muscoby, un Arabe chrétien travaillant dans un café adjacent à une église anglicane, a exprimé son désir de maintenir l’esprit des fêtes malgré les circonstances. Dans un coin, le café exhibe un arbre de Noël décoré.
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« Cette année, avec la guerre qui se poursuit, nous sommes toujours tristes, mais nous voulons aussi que les enfants comprennent la joie de Noël », a déclaré Muscoby.
« Nous continuons à prier et à espérer que les choses reviendront à la normale. Les gens viennent à Jérusalem parce que l’atmosphère y est différente de celle du reste du pays. Nous avons installé des lumières et un arbre de Noël pour que les gens puissent faire une pause dans la réalité dans laquelle nous vivons depuis plus d’un an. »
« Nous n’oublions pas non plus les otages et nous espérons que l’année prochaine, ils fêteront Noël avec nous », a-t-il ajouté.
Le lieu de prière adjacent est l’Église du Christ, la plus ancienne église protestante du Moyen-Orient, consacrée en 1849. Sa congrégation multiculturelle comprend des Arabes locaux, des expatriés internationaux et des Juifs messianiques. Les offices sont célébrés en arabe, en anglais et en hébreu.
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La communauté entretient des liens étroits avec l’État d’Israël. Certains de ses missionnaires de longue date et leurs enfants ont acquis la nationalité israélienne, comme Scott Morgan, originaire des États-Unis et directeur adjoint de CMJ Israel (Church’s Ministry among Jewish people), l’organisation qui chapeaute la congrégation. Plus de trente membres de la congrégation ont été mobilisés comme réservistes pendant la guerre, dont le fils de Morgan.
« La situation n’est pas aussi grave qu’à Noël l’année dernière, qui avait eu lieu deux mois et demi après le 7 octobre », a noté Morgan.
« Je pense qu’il y a plus d’optimisme cette année, mais nous devons nous rappeler que les otages sont en captivité depuis 444 jours. En tant qu’américano-israélien, il est difficile de penser à ce chiffre, car il coïncide avec les 444 jours de captivité des otages américains en Iran pendant la révolution islamique », a-t-il ajouté, rappelant les 53 citoyens américains faits prisonniers à Téhéran après le déclenchement de la révolution islamique en 1979.
Le père Morgan a indiqué que la congrégation attendait 4 000 participants à la veille de Noël et qu’elle maintiendrait son programme traditionnel, qui comprend des chants de Noël, une messe de minuit et la distribution de vin chaud et de biscuits.
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Certains chrétiens de la ville se sont inspirés du chevauchement de Noël et du premier jour de la fête de Hanoukka, y voyant un signe d’espoir pour l’avenir.
« Hanoukka célèbre la victoire de la lumière sur les ténèbres », a déclaré le père Francesco Voltaggio, prêtre catholique italien du monastère Domus Bethaniae, situé près du mont des Oliviers, qui vit en Israël depuis 22 ans et parle couramment l’hébreu et l’arabe.
« Pour nous, chrétiens, cette lumière divine est venue par l’intermédiaire de Jésus. Tous deux sont des manifestations de l’amour de Dieu pour l’humanité. Même aujourd’hui, pendant cette guerre, lorsque cette lumière semble s’estomper, la foi nous rappelle que Dieu guide l’histoire et son peuple », a-t-il déclaré.
En parlant des relations entre les différentes communautés religieuses de la ville sainte, le père Voltaggio a souligné le rôle des chrétiens dans la promotion de la réconciliation.
« Le message de la Torah et des enseignements de Jésus est le même : aime ton prochain comme toi-même. Nous ne devrions jamais considérer l’autre comme un ennemi à éliminer. »
« En tant que chrétiens, nous espérons être un pont pour la paix. Si nous ne sommes pas à la hauteur de cette tâche, nous échouons en tant que chrétiens. »
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