Journée cruciale pour le cessez-le-feu dans la bande de Gaza
Américains, Européens et Égyptiens tentent d'arracher une prolongation de cessez-le-feu, mais le Hamas reste sur ses positions
A la veille d’une journée cruciale, le président américain Barack Obama a exhorté les négociateurs israéliens et palestiniens dépêchés au Caire à s’entendre par l’entremise des Egyptiens pour que le cessez-le-feu entré en vigueur mardi et censé expirer vendredi matin à 8H00 se transforme en trêve durable.
Il a implicitement pressé Israël, dont les Etats-Unis sont le principal allié, d’accepter de lever le blocus imposé depuis 2006 à la bande de Gaza et de répondre ainsi à une attente primordiale des Palestiniens : les Gazaouis ne peuvent vivre continuellement « coupés du monde ».
Les Européens se sont également mis de la partie en soumettant des propositions censées répondre aux exigences des deux parties : la sécurité pour les Israéliens, la levée du blocus pour les Palestiniens.
« Notre objectif maintenant est de nous assurer que le cessez-le-feu tienne, que Gaza puisse commencer le processus de reconstruction », a déclaré M. Obama à la presse.
Plusieurs options possibles
De la même manière, les Israéliens doivent « avoir confiance dans le fait qu’ils ne vont pas de nouveau subir (les) tirs de roquettes » du Hamas, a-t-il ajouté.
Israël, soucieux de dicter ses termes aux négociations et de ne pas paraître céder aux revendications du Hamas, a dit mercredi soir accepter une prolongation du cessez-le-feu, sous réserve qu’elle ne soit assortie d’aucune condition.
« Israël ne voit aucun problème à ce que le cessez-le-feu soit prolongé sans conditions », a dit un responsable à l’AFP sous couvert de l’anonymat.
Interrogé sur la durée de cette prolongation, il a précisé qu’elle pouvait être illimitée.
« Il n’y a pas d’accord pour prolonger le cessez-le-feu », a cependant répondu dans la soirée Moussa Abou Marzouk, le chef adjoint du Hamas, qui participe aux pourparlers indirects au Caire.
« La journée d’aujourd’hui (jeudi) s’annonce cruciale », a dit au Caire un membre de la délégation palestinienne, « sans réponse israélienne à l’initiative égyptienne, qui contient les exigences palestiniennes, plusieurs options sont possibles ».
Abris de fortune
« En ce qui concerne une prolongation de la trêve, si on nous la propose, nous y réfléchirons le moment venu, mais cela dépend de la façon dont les négociations se déroulent », a-t-il dit.
Les armes se sont tues mardi matin dans la bande de Gaza ravagée par presque un mois de guerre déclenchée le 8 juillet par Israël pour faire cesser les tirs de roquettes contre son territoire et détruire le réseau de tunnels servant au Hamas à s’infiltrer en Israël.
Malgré la menace d’expiration de la trêve, la vie des Gazaouis continuait à renouer avec un semblant de normalité, avec ses embouteillages et ses magasins ouverts. Mais le spectacle d’hommes ayant passé la nuit dans des abris de fortune sur les ruines de leur maison rappelait l’épreuve endurée.
Le Hamas a prévu de manifester vers 13H00 devant le parlement pour exprimer son soutien à la « résistance ».
Contribution européenne
Israéliens et Palestiniens du Hamas, mais aussi de son allié du Jihad islamique et de l’Autorité palestinienne, ont dépêché au Caire des délégations chargées de s’entendre par l’intermédiaire des Egyptiens pour que cette trêve ne s’achève pas comme les autres.
Pour empêcher cela, Allemands, Britanniques et Français ont présenté mercredi une initiative aux Israéliens, aux Palestiniens, aux Egyptiens et aux Américains, a indiqué une source diplomatique.
Selon cette source, les Européens proposent que les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne reprennent la responsabilité des frontières de Gaza. Elles empêcheraient la construction de tunnels du Hamas, qui sont l’une des principales causes de la guerre, et entraveraient le réarmement des forces radicales.
Les points de passage vers l’Egypte et Israël seraient rouverts, peut-être progressivement. Un nouveau port serait construit à Gaza.
L’idée de cette contribution est d’offrir une perspective économique au territoire de Gaza, de renforcer l’Autorité palestinienne et d’affaiblir les forces extrémistes, donc le Hamas.
Pour le président américain aussi, les Palestiniens ordinaires qui vivent dans le territoire contrôlé par le Hamas « ont besoin d’espoir ».
Il doit y avoir « une reconnaissance du fait que Gaza ne peut pas subvenir à ses besoins en étant coupée du monde, sans pouvoir donner une chance, des emplois, de la croissance, à sa population », a-t-il dit.
M. Obama a dit penser qu’il existe des « formules » pour concilier les intérêts israéliens et palestiniens. Mais « elles vont exiger de la part des responsables qu’ils prennent des risques », a-t-il dit dans des propos clairement destinés au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.