Kerry annule sa visite à Ramallah
Kerry a exhorté les deux parties "à faire preuve de retenue". Une manifestation de soutien à Abbas est prévue mercredi sur la place centrale de Ramallah
Les pourparlers de paix portés à bout de bras par le secrétaire d’Etat américain apparaissaient mardi au bord de l’effondrement après la décision des Palestiniens de reprendre la voie de l’ONU, face à la relance de la construction dans les implantations israéliennes et au contentieux sur les prisonniers.
Cette brutale détérioration du climat a conduit John Kerry, attendu mercredi à Ramallah, en Cisjordanie, pour un nouveau voyage éclair après avoir quitté Israël dans la matinée, à annuler sa visite.
Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, ne se rendra pas comme prévu mercredi à Ramallah pour rencontrer Mahmoud Abbas, a indiqué mardi un responsable américain.
« Nous ne voyagerons plus demain », a déclaré un haut responsable du Département d’Etat. Ce déplacement avait été annoncé dans l’après-midi par la porte-parole de M. Kerry, avant l’annonce par M. Abbas de la décision palestinienne de demander l’adhésion à 15 instances de l’ONU.
M. Kerry n’a pas totalement confirmé cette annulation en s’exprimant devant la presse à l’issue d’une réunion avec ses homologues de l’Otan à Bruxelles . « Je ne suis pas sûr » car « il y a certaines choses que nous essayons d’examiner (…) en terme de logistique et de ce qui est possible », a-t-il dit.
Il est attendu mercredi à Alger après un Conseil de l’énergie UE/Etats-Unis avec la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.
M. Abbas a indiqué que la direction palestinienne avait « approuvé à l’unanimité la décision d’adhérer à 15 agences de l’ONU et traités internationaux, à commencer par la Quatrième Convention de Genève sur la protection des civils ».
Les autres demandes d’adhésion sont de portée générale, sur les droits de l’Homme, des femmes, et contre la corruption, selon des participants à la réunion de la direction palestinienne.
« Nous n’agissons pas contre les Etats-Unis, ni contre aucune autre partie, bien que ce soit notre droit et que nous ayons accepté d’en reporter l’utilisation pendant neuf mois », a souligné M. Abbas, assurant de sa « détermination à parvenir à un règlement par les négociations » avec Israël.
Le député indépendant palestinien Moustapha Barghouthi, qui a participé à la réunion, a affirmé à l’AFP que par cette décision « la direction palestinienne avait repris la bataille aux Nations unies contre Israël ».
Cette décision est intervenue peu après l’annonce d’un nouvel appel d’offres par le gouvernement israélien pour plus de 700 logements à Jérusalem Est.
Interrogé sur ces deux annonces, M. Kerry a répondu: « Nous exhortons les deux parties à faire preuve de retenue ».
Le processus « est difficile, est chargé d’émotion et requiert des décisions très importantes avec de difficiles implications politiques ».
« Il est totalement prématuré ce soir de dresser n’importe quel jugement sur les événements d’aujourd’hui », a-t-il ajouté. Pour lui, « l’important est de faire en sorte que le processus se poursuive (…) A la fin, ce sera aux parties de décider ».
Mardi matin, Kerry avait rencontré pour la deuxième fois en 24 heures le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, dans le cadre de ses efforts pour tenter de sauver les négociations de paix israélo-palestiniennes.
Le secrétaire d’Etat américain tentait d’arracher un compromis sur la libération de prisonniers palestiniens par Israël, qui pourrait aboutir à l’élargissement de Jonathan Pollard, condamné à perpétuité aux Etats-Unis pour espionnage au profit d’Israël.
Le président américain Barack Obama a toutefois fait savoir mardi qu’il ne s’était pas encore décidé sur le sort de l’agent israélo-américain.
« Le président n’a pris aucune décision concernant la libération de Jonathan Pollard », a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney.
Mais selon une source proche du dossier, la libération de M. Pollard est sur la table.
Sous couvert d’anonymat, cette source a précisé à l’AFP qu’un accord comprendrait la libération d’ici deux semaines de Jonathan Pollard, emprisonné aux Etats-Unis depuis 29 ans.