Knesset : 149 M de NIS aux rabbinats et à la rénovation des tombes des rabbins
Les députés de l'opposition qui siègent à la commission des Finances accusent celle-ci d'avoir alloué des fonds à des "besoins qui n'existent pas vraiment"
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.
Les députés ont décidé, mardi, du transfert de 149 millions de shekels de fonds au ministère des Affaires religieuses au profit du Grand-Rabbinat et de la rénovation des tombes des sages juifs, après la réaffectation budgétaire de près d’un demi-milliard de shekels, la semaine passée, au profit de l’enseignement ultra-orthodoxe et des organisations religieuses.
Le porte-parole de la commission des Finances de la Knesset, qui a approuvé ces transferts, a déclaré que bien que les fonds aient été destinés à plusieurs ministères, ils ont été gonflés dans le budget de l’État dans l’idée que le ministère des Affaires religieuses s’en serve à l’avenir, à la manière d’une « ligne de crédit ».
Toujours selon le porte-parole de cette commission, quelque 61 millions de shekels de ces fonds ont été retirés d’une section budgétaire relative aux pensions et demandes d’indemnisation des travailleurs, et 88 autres millions d’une autre section budgétaire, le tout réaffecté au profit du ministère des Affaires religieuses.
Selon le cabinet du président de la commission des Finances, le député Moshe Gafni (Yahadout HaTorah), les fonds sont destinés au paiement des salaires des employés du Grand-Rabbinat, à régler les frais de fonctionnement des tribunaux rabbiniques, à l’entretien de la tombe du sage juif Rabbi Shimon bar Yochaï, sur le mont Meron, à la rénovation des bains rituels – mikvaot – de Beit Shemesh, à la préparation des célébrations sur la tombe de Baba Salé à Netivot, à la rénovation des tombes d’autres sages et à « l’établissement d’institutions religieuses ».
Certaines de ces affectations correspondent à des promesses faites par le parti au pouvoir, le Likud, à ses partenaires de la coalition religieuse, au moment de la formation du gouvernement, en décembre dernier.
Les députés de l’opposition qui siègent à la commission des Finances ont dénoncé le manque de transparence du processus, en raison de l’ambiguïté entourant le besoin réel et l’utilisation finale desdits fonds.
Le député Vladimir Beliak (Yesh Atid), qui coordonne les huit députés de l’opposition sur le panel qui en compte au total 17, dit que 61 millions de shekels de fonds ont été transférés « pour des besoins qui n’existent pas vraiment, au bénéfice du ministère des Affaires religieuses ».
« Pourquoi n’existent-ils pas vraiment ? Parce que nous avons demandé des explications à la commission, et que nous ne les avons pas eues », a déclaré Beliak au plénum de la Knesset, peu de temps après le vote de la mesure par les membres de la coalition de la commission.
La députée Naama Lazimi (Avoda) a évoqué d’autres cas dans lesquels les députés ont dû voter sur des questions de transferts budgétaires sans explication complète des sources et affectations concrètes de ces fonds.
« Plus d’une fois, nous n’avons obtenu aucune réponse en ce qui concerne l’origine des fonds. La semaine dernière, il y a eu un autre transfert qui s’est traduit par une réduction générale. Les excédents budgétaires peuvent être utilisés à d’autres fins au sein des ministères : les excédents peuvent être utilisés pour développer les services sociaux », a-t-elle précisé.
La semaine dernière, un transfert de 476 millions de shekels a eu lieu, entraînant une réduction budgétaire générale afin de doter « l’enseignement haredi, les étudiants en yeshiva et les fondations sionistes religieuses », a expliqué Beliak.
Gafni, le président de la commission, s’est réjoui de ce transfert, qu’il a dit conforme aux promesses faites aux partis ultra-orthodoxes, dans le cadre de l’accord de coalition conclu au moment de la formation de l’actuel gouvernement avec le Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
La Knesset a par ailleurs accueilli une session plénière spéciale mardi, sa deuxième depuis fin juillet, date des vacances parlementaires.
La session avait pour principal objet de répondre à une demande de débat de l’opposition sur les questions de la refonte judiciaire et de la criminalité endémique au sein des communautés arabes.
Maintenant que la session parlementaire a repris, la coalition entend faire avancer trois projets de loi proposés par le gouvernement. Le premier, qui devrait être adopté mardi, prorogera les lignes directrices en vigueur sur la libération conditionnelle des prisonniers, qui seront caduques le 15 octobre prochain.
Un autre projet de loi sur la manipulation des gaz médicaux a été adopté en première lecture mardi. Un troisième projet de loi, visant à rationaliser les procédures de délivrance de documents biométriques, comme les passeports, a également été approuvé en première lecture.