La Banque centrale d’Israël revoit ses perspectives de croissance à la baisse et maintient ses taux
Selon Amir Yaron, le gouverneur de la Banque, les droits de douane de 17 % sur les produits israéliens vont ralentir les exportations et limiter une croissance déjà affectée par la reprise des combats à Gaza
Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

La Banque centrale d’Israël s’attend à un ralentissement de la croissance pour cette année et la suivante, sous le double coup de la reprise des combats contre le Hamas à Gaza et des nouveaux droits de douane imposés par les États-Unis.
« Ces derniers jours ont été émaillés d’un choc considérable pour l’économie mondiale en raison du relèvement des droits de douane annoncé par l’administration américaine et de leurs effets à venir », a déclaré le gouverneur de la Banque centrale d’Israël, Amir Yaron, lors d’une conférence de presse à Jérusalem. « La nouvelle politique tarifaire annoncée par l’administration américaine va ralentir le commerce mondial et les exportations israéliennes. »
« Les prévisions de la croissance et du commerce au niveau mondial ont été fortement revues à la baisse… Ces événements devraient avoir un effet notable sur l’économie israélienne », a expliqué Yaron.
Le gouverneur a tenu ces propos quelques heures avant que le Premier ministre Benjamin Netanyahu ne parle droits de douane avec le président américain Donald Trump à la Maison Blanche. Avec ces nouvelles règles, les produits israéliens seront soumis à leur entrée aux Etats-Unis à des droits de douane de 17 %, ce qui est source d’inquiétude à Jérusalem car les États-Unis sont son plus proche allié et plus important partenaire commercial.
Les économistes, experts en commerce et stratèges des marchés de capitaux en Israël pensent que Netanyahu va tenter de négocier des droits de douane inférieurs à 10 %.
« Il va sans dire que des droits de douane à 10 % permettront de limiter les dégâts sur l’économie israélienne, mais la question principale est la somme de tous ces droits de douane et leur impact sur le commerce mondial et l’économie israélienne », a poursuivi Yaron. « Il faut bien comprendre qu’une partie importante de l’effet viendra d’un ralentissement du commerce mondial, pas seulement des droits de douane spécifiquement imposés à Israël. »

La Banque Centrale estime désormais que l’économie israélienne connaîtra une croissance de 3,5 % en 2025 et 4 % en 2026. Il s’agit de projections revues à la baisse par rapport aux estimations de croissance de 4 % en 2025 et 4,5 % en 2026 faites par la Banque Centrale dans l’hypothèse d’une poursuite des combats à Gaza lors des trois premiers mois de cette année.
Selon les données publiées par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) la semaine dernière, l’économie israélienne devrait enregistrer une croissance de 3,4 % en 2025 et 5,5 % en 2026. Le ministère des Finances table lui sur une croissance économique de 4,4 % en 2025.
La Banque Centrale estime que « les droits de douane à l’importation imposés partout dans le monde vont ralentir les exportations israéliennes, de sorte que le PIB augmentera à un rythme inférieur à son potentiel et qu’il restera en dessous des tendances passées ».
« L’impact de ces mesures sur l’économie israélienne va ralentir la croissance du PIB d’environ 0,5 point en 2025 puis 2026 », a précisé la Banque Centrale.
« S’agissant des exportations, nous estimons que celles concernant des biens vers les États-Unis, qui représentent près de 13 % des exportations totales de biens et services, seront considérablement affectées par les droits de douane imposés par l’administration américaine. »
« Ces effets négatifs devraient être quelque peu compensés par une amélioration progressive au niveau du tourisme et une augmentation des exportations des matériels de défense », a-t-il ajouté.
Yaron a noté qu’au-delà de la « grande incertitude ouverte par ces relèvements de droits de douane… il y a aussi des incertitudes liées à la guerre.

La Banque centrale a indiqué que ces prévisions de croissance réduites supposaient que « les combats à Gaza ne se prolongent pas au-delà du deuxième trimestre 2025, et que durant cette période, l’activité sur le front intérieur ne serait pas affectée (contrairement au début de la guerre) ».
Outre la révision de ses prévisions en matière de croissance, la Banque centrale a décidé de maintenir son taux d’intérêt de référence à 4,5 % car « l’activité économique continue de se redresser lentement compte tenu des événements géopolitiques » et « l’incertitude est à un niveau très élevé compte tenu des événements mondiaux… et de la forte volatilité des marchés financiers. »
L’économie israélienne a cru d’environ 0,9 % en 2024, contre 1,8 % en 2023 et 6,3 % en 2022, avant le début de la guerre contre le Hamas. Le taux de croissance de l’an dernier a dépassé les prévisions, alors que la guerre contre les groupes terroristes du Hamas et du Hezbollah soutenus par l’Iran a lourdement pesé sur les dépenses publiques, militaires et civiles, ainsi que sur les exportations et les investissements d’Israël.