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« La coalition israélienne se sait menacée par la violence à Jérusalem » -démocrate US

Ro Khanna a déclaré que des dirigeants israéliens lui ont fait part de leur volonté d'apaiser les tensions et qu'Abbas comprend que les salaires aux prisonniers posent problème

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Des agents de la police des frontières tentant de disperser des Palestiniens et des activistes qui se rassemblent pour manifester dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, le 18 février 2022. (Crédit : Ronaldo Schemidt/AFP)
Des agents de la police des frontières tentant de disperser des Palestiniens et des activistes qui se rassemblent pour manifester dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, le 18 février 2022. (Crédit : Ronaldo Schemidt/AFP)

Une délégation américaine formée de représentants du parti démocrate au Congrès  a exprimé son inquiétude, cette semaine, concernant le potentiel de violences entre Israéliens et Palestiniens à Jérusalem – mais ils ont été rassurés par les hauts-responsables israéliens qui leur ont dit être déterminés à prendre des initiatives pour apaiser les tensions, ont fait savoir des responsables américains au Times of Israël, vendredi.

Lors de rencontres avec des leaders israéliens, ces membres du congrès américain ont évoqué les expulsions à venir de familles palestiniennes de Sheikh Jarrah, selon le représentant Ro Khanna qui était l’un des huit législateurs appartenant à cette délégation dirigée par Nancy Pelosi, présidente de la Chambre, qui a effectué un séjour en Israël et en Cisjordanie de mardi à jeudi dernier.

Ces expulsions en suspens dans ce quartier de Jérusalem-Est ont entraîné des affrontements, ces dernières semaines – débouchant sur l’incendie d’une habitation où vit une famille juive, un incendie causé par cocktail Molotov lancé par des Palestiniens. Des expulsions similaires avaient été par ailleurs au cœur des tensions qui avaient finalement contribué au déclenchement d’un conflit qui a opposé, au mois de mai dernier, l’État juif et les groupes terroristes de Gaza.

Khanna a expliqué que les dirigeants israéliens avaient fait savoir à la délégation qu’ils « veulent s’assurer qu’il n’y ait pas une nouvelle inflammation des violences ».

Ro Khanna, représentant démocrate du 14è district de Californie au Congrès, lors d’une interview à Los Angeles, le 26 janvier 2018. (Crédit : AP Photo/Reed Saxon)

« Ils comprennent que la plus grande menace pour la coalition, c’est l’émergence des violences et ils nous ont dit en conséquence qu’ils étaient déterminés à prendre les initiatives nécessaires pour apaiser la situation », a-t-il continué.

La délégation démocrate a rencontré le Premier ministre Naftali Bennett, le président Isaac Herzog, le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid, le ministre de la Défense Benny Gantz, la ministre des Transports Merav Michaeli, la ministre de la Protection environnementale Tamar Zandberg et le leader du parti Raam, Mansour Abbas, dont la faction islamiste fait partie de la coalition au pouvoir. Les députés américains se sont aussi entretenus avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et avec le Premier ministre de l’AP Mohammad Shtayyeh, en Cisjordanie.

La délégation a été informée de l’évolution de la situation par un certain nombre d’individus qui ont mis en garde contre un risque accru de violences au mois d’avril – un mois qui concentrera la fête juive de Pessah, le mois sacré du Ramadan et la fête chrétienne de Pâques, a dit Khanna.

L’administration Biden a elle aussi remarqué cette convergence des trois fêtes religieuses au mois d’avril et elle a récemment recommandé avec vivacité aux responsables israéliens de prendre des initiatives préventives pour apaiser les tensions, ont indiqué des responsables américains et israéliens au Times of Israël la semaine dernière.

Les Juifs fêteront Pessah du 15 au 22 avril, les musulmans observeront le mois du Ramadan à partir du 2 avril et les chrétiens, pour leur part, célèbreront Pâques le 17 avril.

Il devrait y avoir une augmentation du nombre de pèlerins se rendant dans la Vieille Ville de Jérusalem – et dans les lieux saints sensibles – à l’occasion de ces fêtes. La police aura pour mission de sécuriser les visites des Juifs et des musulmans sur le mont du Temple, qui est également connu sous le nom de mosquée Al-Aqsa, à une période où l’accès à la Vieille Ville est habituellement limité pour permettre aux chrétiens de se rendre dans les églises pendant les fêtes de Pâques.

Une source présente lors du voyage des membres démocrates du Congrès a fait savoir que Naftali Bennett, le Premier ministre, avait écouté avec attention leurs préoccupations et qu’il leur avait dit qu’il « travaillait d’arrache-pied pour apaiser la situation », pendant des heures entières.

Les députés ont aussi fait part de leur opposition à l’expansion des implantations mais Bennett n’a pris aucun engagement à ce sujet, a ajouté la source.

Le Premier ministre a indiqué que les responsables de la coalition fragile, qui est formée de partis couvrant presque tout le spectre politique, avaient trouvé un accord dans lequel il s’engagent à ne pas annexer de territoires en Cisjordanie – Bennett lui-même avait appelé à le faire, dans le passé – mais qu’en contrepartie, il n’y aurait aucun gel des constructions israéliennes.

L’instance responsable des approbations des constructions dans les implantations, au ministère de la Défense, ne s’est réunie qu’une fois depuis que Bennett est entré en fonction au mois de juin dernier, même si elle s’était rencontrée sur une base trimestrielle ces dernières années. Au cours de cette unique rencontre, elle a fait avancer les plans de construction d’environ 3 000 unités de logement – la majorité étant située dans les profondeurs de la Cisjordanie – ce qui a entraîné à ce moment-là une réaction forte et indignée de la part de l’administration Biden.

Khanna a toutefois indiqué que « ce que nous avons entendu constamment de la bouche des dirigeants israéliens, c’est qu’ils veulent diminuer les conflits ».

Depuis son arrivée au pouvoir, « la diminution des conflits » a été une expression répétée par Bennett qui a évoqué de multiples mesures visant à améliorer la qualité de vie des Palestiniens en l’absence d’une initiative diplomatique visant à résoudre le conflit israélo-palestinien. Bennett s’oppose à l’idée d’un Etat palestinien et il a clairement établi qu’il ne rencontrerait pas Abbas, le chef de l’AP ayant été à l’origine d’enquêtes criminelles contre Israël devant la Cour pénale internationale.

Mais son gouvernement a néanmoins pris des initiatives qui n’avaient pas été prises depuis des années – en approuvant notamment des milliers de permis d’entrée en Israël à destination des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie, qui sont donc dorénavant en mesure de pouvoir venir travailler au sein de l’État juif. Et si Bennett s’est tenu à l’écart de Ramallah, le ministre de la Défense Benny Gantz a rencontré Abbas à deux reprises et d’autres ministres israéliens se sont entretenus avec leurs homologues palestiniens.

« J’ai dit au ministre Gantz : ‘Vous devriez recevoir des éloges pour avoir rencontré Abbas, vous ne devriez pas être critiqué ; et ce que vous faites aide à la paix et aide la relation américaine avec Israël’, »  a raconté Khanna. Gantz a commencé alors à rire en disant que ‘je suis critiqué des deux côtés pour ça’. »

Les législateurs américains ont salué les démarches entreprises par le gouvernement israélien, tout en soulignant qu’elles n’étaient pas suffisantes. « On ne peut pas avoir seulement une forme d’émancipation économique sans reconnaissance des droits politiques. En fin de compte, il faut une solution politique et il faut qu’elle se construise sur la solution à deux États », a poursuivi Khanna.

Le ministre de la Défense Benny Gantz (à gauche) assiste à une conférence dans la région d’Eshkol, dans le sud d’Israël, le 13 juillet 2021. Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas prononce un discours au sujet de la COVID-19, au siège de l’Autorité palestinienne, dans la ville de Ramallah, en Cisjordanie, le 5 mai 2020. (Crédit : Flash90)

Khanna a été le coprésident de la campagne présidentielle du sénateur du Vermont Bernie Sanders, et il est une étoile montante de l’aile progressiste du parti démocrate. Mais il a affirmé sa différence avec certain autres députés plus pacifiques en s’exprimant clairement en faveur de la relation entretenue par les États-Unis et Israël et en insistant sur le fait qu’il était possible de soutenir ces liens tout en critiquant les antécédents en termes de droits de l’Homme de l’État juif, allié des États-Unis.

Il a aussi fait part de son admiration pour le président du parti Raam, Mansour Abbas, que la délégation a rencontré mercredi à la Knesset.

Évoquant « un agent de la paix », Khanna a raconté qu’Abbas s’était entretenu avec sincérité avec la délégation, parlant des combats menés par les Arabes israéliens et des mesures à prendre pour s’attaquer à leur situation difficile.

« Mais il a aussi exprimé beaucoup d’espoir concernant l’avenir d’Israël en tant que foyer juif, un pays qui doit octroyer l’égalité des droits aux populations de religion et de race différentes », a ajouté Khanna, qui a dit avoir été étonné par « l’amitié sincère » qu’Abbas a su construire avec Bennett et avec Lapid.

De l’autre côté de la Ligne verte, la délégation a rencontré Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne qui, selon Khanna, a montré un « désir désespéré » de dialogue avec l’État juif pour conclure une paix sur la base de la solution à deux États. Il a ajouté qu’Abbas était « prêt à faire des compromis ».

Les législateurs ont parlé à Abbas de la politique sociale controversée mise en place par l’AP qui consiste notamment à verser des allocations aux prisonniers sécuritaires palestiniens, ainsi qu’aux familles des terroristes tués alors qu’ils commettent des attentats contre des Israéliens.

Les détracteurs de cette politique, aux États-Unis et en Israël, affirment qu’elle incite au terrorisme, évoquant un « meurtre contre rémunération ». Les deux pays ont adopté une législation interdisant le versement d’aides financières à l’AP tant que cette politique sera en place.

Malgré tout, pour de nombreux Palestiniens, la solidarité avec les personnes emprisonnées pour divers actes d’opposition à la gouvernance israélienne – y-compris en utilisant la violence – est un principe déterminant du mouvement national. Ces paiements sont aussi considérés comme une forme cruciale d’aide sociale pour les familles lorsque celui qui répondait à leurs besoins est emprisonné par un système militaire qu’elles considèrent comme injuste.

Khanna a expliqué que la délégation avait dit à Abbas que cette politique était « inacceptable ».

« [Abbas] a indiqué être désireux d’ouvrir le dialogue là-dessus et il comprend bien que c’est problématique », a-t-il dit.

L’AP a engagé des discussions avec l’administration Biden pour réformer cette politique depuis un an, mais n’a toujours pas annoncé de progrès en la matière. Des responsables palestiniens ont déclaré au Times of Israël le mois dernier que Washington ne devrait pas s’attendre à un mouvement sur la question si elle continue à éviter de mettre en œuvre ses propres promesses, à savoir la réouverture du consulat américain à Jérusalem, qui a historiquement servi de mission de facto auprès des Palestiniens avant d’être fermé par l’ancien président Donald Trump en 2019.

Khanna s’est dit particulièrement ému par sa rencontre avec des étudiants palestiniens « qui ont parlé franchement de la discrimination à laquelle ils ont été confrontés dans les territoires occupés, mais aussi de leur espoir pour la Palestine… et des défis de la direction politique palestinienne. »

La majorité des étudiants soutiennent toujours une solution à deux États, mais étaient plus préoccupés par les limites à leur liberté de mouvement. « Le fait que nous ayons eu un étudiant à Gaza, à 80 km de là, qui ne pouvait nous rejoindre que virtuellement était en soi un constat du problème », a déclaré Khanna.

Le démocrate de la Chambre des représentants a qualifié le voyage de « très réussi » dans l’ensemble, avec des conversations productives avec des politiciens, des hommes d’affaires et des dirigeants de la société civile des deux côtés.

« C’était une étape pour essayer de susciter davantage de dialogue entre les Israéliens et les Palestiniens et de désamorcer le potentiel de violence, tout en explorant des voies qui améliorent la vie et la sécurité des deux parties », a déclaré Khanna.

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