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La cuisine au temps du coronavirus : les créations culinaires du confinement

Plus de temps pour soi et plus de proches réunis à domicile : une recette gagnante pour l'innovation culinaire

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Shaily Lipa, personnalité spécialiste de la cuisine à la télévision, range son frigidaire de manière à éviter le gaspillage (Autorisation :  Shaily Lipa)
Shaily Lipa, personnalité spécialiste de la cuisine à la télévision, range son frigidaire de manière à éviter le gaspillage (Autorisation : Shaily Lipa)

Si la cuisine a toujours été le cœur de la vie du foyer, elle est devenue la salle d’opérations alors que la pandémie de coronavirus fait rage.

Au-delà des trois repas quotidiens qui se tiennent durant cette quarantaine et ce confinement, la salle à manger est également le lieu où se font les devoirs, les jeux de société – c’est là où ont lieu les conversations et où se dégustent ensemble les en-cas.

Pour l’auteure de livres de cuisine et présentatrice de télévision Shaily Lipa, la cuisine est avant tout l’espace qui lui a permis de créer le travail de sa vie.

« Une cuisine est puissante », dit Lipa, qui s’exprime depuis la sienne, dans son habitation de Raanana. « Une cuisine bien rangée et organisée apporte quelque chose à l’énergie de la maison », explique-t-elle.

La couverture du nouveau livre de Shaily Lipa, Hakol B’seder, sur l’organisation de la cuisine (Autorisation : Shaily Lipa)

Lipa, dont le dernier livre, Hakol B’seder, vient de paraître en hébreu et sortira en anglais (sous le titre de KitcheNeat), est un peu obsessionnelle lorsqu’on en vient au sujet de la bonne organisation d’une cuisine.

Elle se souvient de la nourrice de son petit frère qui avait travaillé pour sa famille pendant seulement un an – Lipa avait six ans – mais qui lui aura assurément laissé une marque indélébile en ce qui concerne sa capacité à créer une cuisine à la fois chaleureuse et fonctionnelle.

La méthodologie, Lipa l’a conservée – et même après tous ses livres de recettes, elle a le sentiment que son véritable message concerne surtout la manière d’exploiter au mieux une cuisine.

« Même si vous organisez votre cuisine et que vous cuisinez davantage chez vous, vous n’allez pas nécessairement l’investir tous les jours. Mais si vous parvenez à la garder active et chaleureuse, que vous allumez le four, vous le ressentirez dans d’autres secteurs de votre existence », dit-elle.

« Le résultat entraîné par une cuisine organisée et active – pas seulement bien rangée – et par une cuisine qui sert au quotidien se ressentira par une meilleure productivité dans votre vie toute entière », affirme-t-elle. « Si elle est surchargée, trop en désordre, il y aura un équilibre qui manquera de manière plus globale. »

Voici quelques astuces de Lipa, en commençant par la fonctionnalité :

N’hésitez pas épurer l’espace. S’il y a des produits alimentaires ou des instruments de cuisine qui ne sont pas utilisés ou qui sont périmés, débarrassez-vous en.

« Ne laissez pas traîner dans votre cuisine des choses qui ne sont pas fonctionnelles », dit-elle. « Si votre cuisine est surchargée, vous allez être bloqué pour l’utiliser. Rappelez-vous que vous ne voulez pas de glaçons qui se trouvent depuis cinq ans dans votre congélateur, parce que vous ne voulez pas mettre un glaçon de cinq ans dans votre boisson. »

Acheter ou ne pas acheter ? Les achats pour la cuisine sont hautement individuels, et ils dépendent de la personne qui vit dans l’habitation – un adulte célibataire, un jeune couple ou un couple plus âgé, une famille avec des enfants. Il faut réfléchir avant d’acheter – en particulier maintenant, où les cordons des bourses se sont resserrés.

« Posez-vous deux questions avant d’acheter quelque chose », dit Lipa. « Si c’est quelque chose qui va au frigidaire : Est-ce que c’est un produit qui sera consommé en totalité ? Si c’est quelque chose qui sera cuisiné ou dégusté rapidement, alors tout va bien. Mais si la réponse est seulement ‘peut-être’, alors ne l’achetez pas. »

Un mot sur les épices – en particulier parce que Pessah approche et que ceux qui changent de cuisine ont également tendance à acheter de nouvelles épices.

« Pas besoin de toutes les épices présentées dans le magasin : il s’agit d’acheter seulement ce dont on a besoin pour cuisiner », continue Lipa. « Aujourd’hui, on veut transformer nos achats en achats intelligents et renoncer aux achats impulsifs. »

En particulier en ce qui concerne Pessah, cette année, où ce sera plus difficile de se rendre dans les magasins en raison de l’épidémie de coronavirus et parce que tous les produits ne sont pas en stock, « l’objectif est de réfléchir avant d’acheter en fonction des besoins », dit Lipa.

À LIRE : En mangeant local, Israël évitera la pénurie alimentaire redoutée – autorités

Le bon produit au bon endroit. Lipa a une expression qu’elle aime utiliser – Première utilisation, premier endroit – qui offre la préférence aux produits qui sont davantage utilisés que les autres. S’il s’agit du poulet plutôt que du poisson, alors le poulet se place dans la première rangée du frigidaire. Si vous stockez du riz blanc et du riz complet, assurez-vous bien que le récipient dans lequel vous rangez le riz blanc se trouve devant celui de riz complet.

(Ce qui amène Lipa aux récipients. Elle explique qu’il est toujours préférable de ranger les légumes et le riz dans des récipients de couleur claire, et que le verre est à favoriser au plastique parce que les bactéries peuvent parfois se développer dans les bulles minuscules qui peuvent se former dans un récipient en plastique. Placez votre riz ou vos haricots secs dans un récipient et mettez une étiquette détaillant le nom du produit et la date).

Que cuisiner ?

Maintenant que vous avez organisé votre cuisine, que mettre à mijoter pour le prochain repas ?

Marni Mandell, qui a fondé sur Facebook le groupe ‘Real Food in the Time of Corona’ pour éviter les mauvais choix culinaires en quarantaine. (Autorisation : Marni Mandell)

Beaucoup de choses, selon le groupe Facebook ‘Real Food in the time of Corona’ qui a été fondé par Marni Mandell, une cadre originaire de Tel Aviv, lorsqu’elle est entrée en quarantaine le 16 mars après un déplacement de travail aux Etats-Unis.

Deux semaines plus tard, le groupe compte 983 membres et environ 100 nouveaux membres s’inscrivent à la page chaque jour, explique Mandell.

Mandell, qui indique ne pas se considérer nécessairement comme une fine bouche, déclare qu’elle cherchait simplement à se nourrir de manière appropriée pendant sa quarantaine et qu’elle voulait faire de bons choix alimentaires au cours de son confinement à domicile.

Le groupe Facebook a commencé à vivre de lui-même après les premiers jours, raconte Mandell. Elle fait l’effort d’écrire un ou deux posts par jour pour amener les membres à échanger – qu’est-ce que vous avez prévu pour le dîner ? Quel a été votre raté culinaire de la journée ? – et des centaines de personnes postent ce qu’elles ont cuisiné ou ce qu’elles veulent préparer, partageant des recettes et posant des questions.

C’est un groupe mondial, avec des membres de toute l’Europe et de l’Asie, des Etats-Unis, d’Amérique du sud, d’Israël et de plusieurs pays arabes – avec notamment des professionnels de la cuisine qui partagent des informations et des recettes.

« Il y a des gens qui me remercient pour avoir créé le groupe parce qu’aujourd’hui, c’est une petite lumière dans leur vie », note Mandell. « Les gens sont tellement stressés à cause de tant de choses. Au fur et à mesure que tout devient plus chaotique et plus effrayant, il y a un endroit qui n’ignore pas la situation mais qui tente d’en tirer le meilleur. C’est dur d’être conscient de ce qu’il se passe actuellement tout en s’efforçant de conserver malgré tout un peu de joie »..

Le jardin culinaire

Avec tout ce temps consacré à rester chez soi, c’est une grande opportunité de faire du kombucha (thé fermenté) ou du pain au levain.

Maintenant, ça peut s’avérer un peu difficile de trouver du scoby, qui désigne une culture symbiotique de bactéries et de levures (même si vous pouvez aussi en préparer vous-même) et la distanciation sociale rend presque impossible un éventuel emprunt de levain auprès de l’un de vos voisins.

Et c’est là qu’arrive l’illustratrice Ilana Stein avec ses menus nourrissants, qui saura attirer votre attention sur les merveilles naturelles dont recèle votre cuisine.

L’illustratrice Ilana Stein dans le jardin situé près de son domicile. (Autorisation : Ilana Stein)

Stein, l’illustratrice et la créatrice de « Une année dans le jardin » – un calendrier illustré de manière charmante qui établit la carte des pousses saisonnières et des légumes présents dans les jardins israéliens – loue une petite maison en pierres dans le village d’Ein Kerem où elle vit avec son mari, Davidi Maller, et leurs deux enfants, situé parmi d’anciennes terrasses agricoles remplies de verdure, d’herbes et de fleurs. Mais pourtant, elle souligne qu’elle n’a pas besoin de franchir son pas de porte pour se livrer à ses activités favorites.

« Je vais dans la cuisine, j’ouvre le réfrigérateur et le garde-manger et je prends tout ce qui peut se transformer en davantage de nourriture », écrit Stein. « L’abondance est partout, en permanence, même en ces temps inhabituels. »

On peut obtenir de quoi se nourrir à partir des herbes, des grains et des graines de fruits, explique Stein. Peuvent en naître des germes qui pourront être consommées quelques jours après, ou des semences qui commenceront immédiatement à se développer et qui deviendront un arbre, quelques années plus tard.

L’une des illustrations d’Ilana Stein sur ce qu’elle a trouvé et fait croître dans sa cuisine. (Autorisation : Ilana Stein)

Elle nous donne des exemples à suivre à partir de la propre collecte qu’elle a faite elle-même dans sa cuisine :

Commencez avec des haricots – n’importe quel haricot. Les lentilles, les haricots et tous les grains « entiers » peuvent devenir des plantes qui seront consommées au stade de germes, ou qui pourront continuer à se développer dans un pot ou dans la terre pour devenir une plante mature, susceptible de produire ses propres semences. Pensez à « Jacques et le germe de soja », dit Stein : « C’est une histoire basée sur les capacités merveilleuses de croissance des graines. »

La saison printanière, c’est le meilleur moment pour commencer à faire pousser des haricots de toute sorte. Pour s’assurer une belle récolte, il faut les planter dans un pot d’une profondeur de 30 centimètres ou plus. Quand la plante deviendra plus grande, il faudra la relier à un tuteur – un bâton, par exemple – pour la soutenir dans son développement.

Le maïs peut servir à faire du pop-corn, mais si vous laissez de côté votre gourmandise et que vous l’arrosez à la place, il germera rapidement, comme l’herbe verte. Les plants de maïs issus de ces germes donneront un maïs avec des grains durs, très adaptés pour faire un bon… pop-corn.

Les épices. La majorité des épices proviennent de graines, explique Stein, qui cite les grains de moutarde, de fenugrec, de coriandre, de sésame, de cumin… Cette liste n’est pas exhaustive. Toutes peuvent être plantées et germer, entraînant toute une gamme de saveurs culinaires parfaites à ajouter aux salades. Les graines peuvent aussi être plantées en pot, ce qui entraînera toute une nouvelle génération d’épices après des mois de pousse.

Les fruits et leurs graines. les fruits sont cette partie des plantes qui contiennent les semences – c’est aussi le cas des fruits achetés en supermarché et rangés dans le réfrigérateur ou dans un bol placé sur le comptoir de la cuisine.

Après avoir pressé un citron, pelé un avocat, découpé une tomate ou mangé une pomme, prenez les pépins ou les noyaux et plantez-les. Ils donneront naissance à une nouvelle génération toute entière de plantes et de fruits. Idem pour les amandes et pour les noix encore dans leur coque.

Ilana Stein illustre et explique comment régénérer les légumes verts sans les planter dans le sol. (Autorisation : Ilana Stein)

Les oignons. L’oignon est un bulbe qui accumule l’eau et ce dont il a besoin pour se développer, développant parfois des pousses vertes lorsqu’il est abandonné dans la corbeille à légumes de la cuisine.

Ces pousses sont comestibles et délicieuses, dit Stein, et elles peuvent se développer encore en plaçant le bas de l’oignon (avec la racine) dans un verre rempli d’eau (une eau qu’il faudra changer tous les deux ou trois jours). Et, en quelques jours, les pousses vont apparaître. Il est possible de faire la même chose avec l’ail, les poireaux ou les échalotes.

Les racines. Le gingembre et le curcuma sont grands et robustes – avec des plantes magnifiques qui développent des racines supplémentaires, explique Stein. Il suffit de les placer dans un pot (de taille moyenne ou de grande taille) dans un endroit chaud, pas trop ensoleillé, et attendre de voir pousser leurs larges feuilles.

Et vos restes ? Stein aime conserver les restes consommables issus des végétaux et les replanter pour leur permettre de repousser.

Autre experte qui rejette le gaspillage, la nutritionniste clinique et naturopathe Lyn Manor, suggère de faire des chips au four à partir des pelures de pommes de terre. Elle mélange habituellement des pommes de terre à chair blanche, des patates douces, elle les accommode à l’huile d’olive et au sel et les fait cuire jusqu’à ce qu’elles soient craquantes.

Manor cuisine également de nombreuses autres feuilles de légumes généralement méprisées – des combinaisons de feuilles de chou-fleur, de betteraves, de brocolis à faire sauter ou en soupe. D’autres astuces ? Elle écrase les coquilles d’œuf et les répand, avec du marc de café, autour de ses herbes en pot pour minéraliser le sol, et elle réutilise les os de poulet ou de viande pour faire des bouillons.

Rien à faire avec ces pissenlits qui grandissent dans le jardin et le long des trottoirs ? Cueillez quelques unes de ces mauvaises herbes, dit-elle, et mangez le vert en salade. Les pissenlits sont riches en nutriments et ils sont parfaits lors des périodes de pénurie.

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