La dernière phrase d’Eichmann : « Vous allez tous me suivre, j’espère »
Rafi Eitan, qui a commandé la capture du criminel nazi, a témoigné à la télévision israélienne à propos des circonstances de l’opération
Les derniers mots d’Adolf Eichmann, avant qu’il ait été pendu par Israël pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes contre le peuple juif, auraient été : « J’espère que vous allez tous me suivre, » se rappelle l’ancien officier du renseignement israélien qui l’a accompagné jusqu’à la potence.
Rafi Eitan, qui avait commandé l’opération pour capturer Eichmann en Argentine en 1960, a déclaré à la télévision israélienne dans un documentaire diffusé lundi soir, qu’il se tenait derrière Eichmann à la potence, à la prison de Ramle en 1962. « Je l’ai accompagné à la pendaison. Je l’ai vu de derrière. Je n’ai échangé aucun mot avec lui à ce moment, » a déclaré Eitan.
« Eichmann a-t-il dit quelque chose ? » a demandé l’intervieweur ». « Ce qu’il a dit, c’était : « J’espère que vous allez tous me suivre » a déclaré Eitan.
« C’est ce qu’il a marmonné avant d’être pendu ? » a encore demandé l’intervieweur. « En effet », a répondu Eitan.
Pourtant, les derniers mots d’Eichmann tels qu’ils sont généralement rapportés auraient été : « Vive l’Allemagne. Vive l’Argentine. Vive
l’Autriche. Ce sont les trois pays avec lesquels j’ai eu le plus de liens et que je n’oublierai jamais. Je salue ma femme, ma famille et mes amis. Je suis prêt. Nous nous reverrons bientôt, comme c’est le sort de tous les hommes. Je meurs en croyant en Dieu. »
Eitan, s’exprimait dans Uvda, une émission d’enquête de la Deuxième chaîne israélienne, et a évoqué la capture d’Eichmann en Argentine comme étant, au plan opérationnel, « l’une des missions les plus faciles que nous avons eues. »
Il a raconté la manœuvre physique effectuée sur Eichmann pour le bloquer rapidement sur le siège arrière de la voiture dans laquelle il a été emmené dans une maison sécurisée du Mossad après avoir été capturé à Buenos Aires, et a rappelé comment la tête du criminel nazi reposait sur ses genoux à l’intérieur de la voiture silencieuse.
Dans la maison sécurisée, ils l’ont déshabillé, lui ont bandé les yeux et ont tout vérifié pour s’assurer qu’il ne transportait pas de poison sur lui.
L’officier du Shin Bet attribué à l’équipe et qui a conduit les interrogatoires, Zvi Aharoni, a demandé à Eichmann son nom, a rappelé Eitan. « Otto Henninger ».
Il lui a demandé une deuxième fois et Eichmann a cette fois répondu
« Ricardo Klement ». Aharoni, lui a ensuite demandé en allemand – sa langue maternelle – quel était son numéro de SS et Eichmann a donné le numéro d’identification précis.
Puis, raconte Eitan, Aharoni a demandé son nom à nouveau et il a alors dit : « Adolf Eichmann ». Puis, immédiatement après : « Puis-je avoir un verre de vin rouge ? » a rappelé Eitan.
Chargé de laver et d’alimenter Eichmann, Eitan a dit qu’il trouvait étonnante la capacité de l’homme à obéir à ses nouveaux maîtres. « Ce n’aurait pas pu m’arriver. Si j’avais été dans sa situation, je n’aurais pas obéi de cette façon. »
Le programme de la télévision israélienne donnait un regard sur le monde intérieur d’Eitan, autrefois l’un des principaux maîtres espions d’Israël – un homme qui, à 88 ans, dit ne rien regretter, et qui a aussi évoqué dans le même programme l’affaire Jonathan Pollard.
Eitan, en chemise bleue et jogging noir Adidas, a parlé de la première fois qu’il avait été invité à tuer pour son pays, au milieu des années 1940.
Son officier l’avait choisi lui et un autre homme pour tendre une embuscade à un Allemand, pro-nazi, de la Société des Templiers. Eitan, 19 ans, a trouvé l’endroit approprié, a arrêté la voiture près de Alonei Abba, un village de la vallée de Jezréel, et a rapidement tiré sur deux hommes.
Il a confié qu’il se souvenait bien de leurs visages mais n’a jamais ressenti le besoin de connaître leurs noms. « Nous n’avons pas ressenti de culpabilité. Au contraire, nous avons senti que nous faisions notre devoir en tant que fils du peuple juif. »
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