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La droite se dispute le « vote russe » en Israël

Détester la religion, "non", mais ne pas apprécier les juifs ultra-orthodoxes, "oui", selon Avigdor Liberman, qui refuse de rejoindre une coalition avec les partis ultra-orthodoxes

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le chef du parti Yisrael Beytenu, Avidgor Liberman, après la signature de l'accord de coalition, à la Knesset, le 25 mai 2016. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le chef du parti Yisrael Beytenu, Avidgor Liberman, après la signature de l'accord de coalition, à la Knesset, le 25 mai 2016. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Voyage à Moscou, accueil en grande pompe du président russe Vladimir Poutine à Jérusalem, offensive publicitaire en russe : le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu tente de ravir les voix des juifs d’ex-URSS à son ancien allié Avigdor Liberman pour s’imposer lundi aux législatives.

Les élections d’avril et septembre n’ayant pas permis de désigner un vainqueur entre Netanyahu et son principal rival le centriste Benny Gantz, elles avaient placé Avigdor Liberman, chef de la formation de droite laïque Yisrael Beytenu, en position de « faiseur de roi ».

Le soutien de Liberman au camp de Netanyahu ou à celui de Gantz aurait permis la formation d’un gouvernement et évité à l’Etat hébreu un troisième scrutin en moins d’un an.

Mais le principal intéressé n’a pas abattu ses cartes. Et il voit désormais Benjamin Netanyahu, dont il a autrefois été le ministre, fondre sur son électorat.

Plus d’un million de juifs d’ex-URSS (12 % de l’électorat) ont immigré en Israël depuis les années 1990 et leurs voix sont capitales pour réussir à former une coalition stable.

La liste de Liberman a obtenu en avril 40,2 % des voix des russophones et le Likud de Netanyahu 26,7 %, selon une étude de Zeev Khanin, professeur de sciences politiques à l’université de Bar-Ilan près de Tel-Aviv.

Compte tenu du nombre important de ces électeurs et de leur ancrage à droite, un léger transfert des appuis de Liberman – lui-même un immigré de Moldavie qui a longtemps été le porte-parole de la communauté d’ex-URSS – vers Netanyahu pourrait permettre à ce dernier de franchir le seuil de la majorité.

La liste de Liberman, qui avait obtenu huit sièges sur les 120 du Parlement en septembre, présente six immigrés de l’ex-URSS parmi les 10 premiers noms et fait campagne en russe auprès des plus anciens immigrés qui ne comprennent parfois pas l’hébreu.

« Il y a deux catégories d’immigrants russes qui votent pour Liberman : les plus âgés qui ne comprennent pas l’hébreu mais surtout des plus jeunes qui ont grandi en Israël et se sentent citoyens de seconde zone », affirme Alex Grinberg, politologue lui-même venu de Russie.

Yitzhak Yossef à Jerusalem en avril 2009. (Crédit : Yossi Zamir/Flash 90)

Le grand rabbin d’Israël Yitzhak Yossef, proche du parti ultra-orthodoxe séfarade Shas, un des alliés de Netanyahu, avait déclaré en janvier qu’une « partie des immigrants russes sont des non-juifs, des communistes et détestent la religion », provoquant un scandale.

« Les diatribes racistes contre ce public venant de certains rabbins ultra-orthodoxes ont provoqué une réaction dont Liberman se sert dans sa campagne », explique M. Grinberg.

Détester la religion, « non », mais ne pas apprécier les juifs ultra-orthodoxes, « oui », selon Liberman, qui refuse de rejoindre une coalition avec les deux partis ultra-orthodoxes, Shas et Yahadout HaTorah, alliés au Likud de Netanyahu.

« C’est clair qu’avec ces deux là on ne peut rien construire », a déclaré cette semaine Liberman, qui s’oppose au financement des écoles talmudiques par l’Etat et demande que les immigrants de l’ex-URSS puissent toucher une retraite en Israël.

Une photographie le 28 juillet 2019 montre une affiche géante de l’élection sur le quartier général du Likud montrant le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président russe Vladimir Poutine. On peut lire sur le slogan des deux affiches : « Netanyahu: dans une autre ligue » (Likud)

De son côté, le Likud a placardé des affiches électorales en russe et Benjamin Netanyahu expose son « amitié forte » avec Vladimir Poutine, qu’il a accueilli à Jérusalem en janvier, avec d’autres dirigeants étrangers, pour le 75e anniversaire de la libération du camp nazi d’Auschwitz par l’Armée rouge.

Les deux hommes avaient inauguré devant le gotha israélien un mémorial pour les victimes du siège de la ville russe de Leningrad (1941-44), fatal à plus de 800 000 personnes. Poutine avait alors affirmé que ce « siège et la Shoah sont deux événements qui ne peuvent être comparés à rien d’autre ».

Netanyahu a ensuite joué la carte de sa relation privilégiée avec Poutine pour obtenir à Moscou la libération d’une jeune Israélienne qui y était écrouée pour « trafic de drogue ».

Naama Issachar saluée par Sara Netanyahu, entourée de sa mère Yaffa et du Premier ministre Benjamin Netanyahu à l’aéroport de Moscou, le 30 janvier 2020 (Crédit : Koby Gideon/GPO)

Ces affinités peuvent-elles convaincre des électeurs de M. Liberman d’aller chez M. Netanyahu ? Rien n’est moins sûr, selon Zeev Khanin, pour qui les tentatives du Premier ministre de se rapprocher de M. Poutine pour attirer le « vote russe » ne fonctionnent pas.

« Les immigrants russes sont Israéliens et s’ils sont attachés à la culture russe, ils ne soutiennent ni Poutine ni aucun politicien russe », dit-il.

Selon ce professeur à l’université de Tel-Aviv, « le noyau dur des votants de Liberman lui reste fidèle malgré les efforts de Netanyahu » car la campagne d’Yisrael Beytenu répond à leurs préoccupations sécuritaires et sociales, notamment concernant leurs retraites.

« L’agenda politique des électeurs russes est avant tout l’intégration à la société israélienne », conclut M. Grinberg.

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