La Faction de Jérusalem menace de paralyser le pays après l’arrestation d’un déserteur
La faction anti-sioniste a déclaré qu'elle bloquera des routes dans tout le pays suite à l'arrestation d'un étudiant en yeshiva de 23 ans et originaire de Bnei Brak
La faction extrémiste ultra-orthodoxe de Jérusalem a menacé mercredi d’organiser des manifestations dans tout le pays et de bloquer les routes aux heures de pointe pour protester contre l’arrestation d’un jeune homme de 23 ans pour désertion militaire présumée.
L’homme, originaire de la ville centrale de Bnei Brak et étudiant à la yeshiva Ponevezh, a été arrêté par la police militaire après qu’il ne s’est pas présenté au bureau de recrutement de Tsahal, selon les médias israéliens.
La population haredit d’Israël s’oppose massivement à l’accomplissement du service militaire obligatoire, considérant qu’il s’agit d’un moyen pour les forces laïques de potentiellement attirer ses membres.
Ces dernières années, la Faction de Jérusalem, un groupe ultra-orthodoxe anti-sioniste, a organisé plusieurs grandes manifestations contre l’enrôlement au sein de Tsahal.
L’enrôlement d’hommes ultra-orthodoxes dans l’armée est depuis longtemps très controversé, et l’est encore plus depuis quelques mois, le gouvernement radical du Premier ministre Benjamin Netanyahu prévoyant une loi visant à faciliter l’augmentation des exemptions de service militaire pour les haredim.
Les deux partis ultra-orthodoxes de la coalition, Yahadout HaTorah et le Shas, menacent depuis des semaines de renverser le gouvernement si le projet de loi d’exemption militaire n’est pas adopté dans les plus brefs délais, selon diverses informations citant des responsables anonymes.
Toutefois, un certain nombre de députés du Likud, le parti du Premier ministre, s’opposeraient à ce projet de loi.
Selon les médias israéliens, Netanyahu s’est engagé auprès des partis ultra-orthodoxes à ce qu’un mémorandum législatif pour le projet de loi soit présenté en avant-première lors de la prochaine session d’hiver de la Knesset, en octobre.
Le projet de loi du gouvernement abaisserait l’âge de l’exemption définitive de l’armée de 26 ans actuellement à 23 ou 21 ans.
Si les soldats sont généralement incorporés à partir de 18 ans, de nombreux étudiants de yeshiva demandent des reports d’incorporation et restent dans des programmes d’études religieuses plus longtemps qu’ils ne le feraient normalement afin d’éviter la conscription, et ce, jusqu’à ce qu’ils atteignent l’âge de l’exemption définitive. En abaissant l’âge de l’exemption permanente, le gouvernement espère inciter ces hommes haredim à quitter la yeshiva et à entrer dans la vie active à un âge plus jeune.
Le ministre de la Défense Yoav Gallant (Likud) est depuis longtemps favorable à l’abaissement de l’âge de l’exemption à 23 ans, mais à condition qu’un autre projet de loi soit adopté. Celui-ci accorderait des avantages supplémentaires aux soldats et aux anciens combattants, en accordant aux soldats de combat et aux autres personnes occupant des fonctions essentielles une augmentation de salaire significative, tandis que les soldats occupant des fonctions non essentielles accompliraient moins de temps de service.
De hauts responsables militaires ont fait part de leur opposition au projet de loi. Au début du mois, le chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi, a déclaré qu’Israël devait poursuivre le modèle dit de « l’armée du peuple », dans lequel tous les citoyens sont censés servir dans l’armée.
En 2017, la Haute cour de justice avait invalidé une loi sur la conscription qui accordait des exemptions générales aux érudits religieux à temps plein. Une série de délais prolongés pour légiférer une nouvelle loi sur l’enrôlement a expiré à la fin du mois de juillet. En juin, Gallant avait ordonné à Tsahal de ne pas enrôler les hommes ultra-orthodoxes avant le 31 mars 2024. D’ici là, la coalition espère qu’un projet de loi exemptant les haredim sera adopté.
Michael Bachner et Emanuel Fabian ont contribué à cet article.