La famille de Daniella Gilboa autorise la publication d’une vidéo du Hamas de janvier
La vidéo, qui dure trois minutes, est un montage d'images du Hamas montrant deux autres otages, pour souligner la « dernière occasion » de sauver la vie des captifs

La famille de Daniella Gilboa a autorisé mardi la publication d’une vidéo de propagande du Hamas datant de janvier, dans laquelle l’otage déclare avoir été abandonnée par le gouvernement et supplie qu’on la ramène chez elle.
Bien que le Hamas ait de temps à autres diffusé des vidéos d’otages afin de faire pression sur Israël pour qu’il accepte de conclure un accord en vue de leur libération, les médias israéliens ne les relaient pas sans l’autorisation des familles. Le gouvernement a déclaré que ces vidéos étaient un instrument de guerre psychologique.
Le Hamas a diffusé pour la première fois ces scènes en janvier, mais dans le cadre d’une vidéo plus longue donnant également à voir les otages Karina Ariev, 19 ans, et Doron Steinbrecher, 30 ans. Comme d’autres médias, le Times of Israel a alors publié des informations sur la diffusion de cette vidéo, mais sans la diffuser ni en donner une description détaillée.
L’autorisation de la diffuser aujourd’hui a pour but de plaider en faveur d’un accord avec le Hamas et de montrer l’importance de la reprise des pourparlers en vue de la libération des otages, a expliqué la mère de Gilboa, Orly Gilboa, à Kan.
Elle se dit relativement optimiste alors que les négocations en vue d’un cessez-le-feu et de la libération des otages redoublent d’intensité au Caire et à Doha, cette semaine.
Gilboa a été enlevée de la base militaire de Nahal Oz le 7 octobre dernier, lorsque des milliers de terroristes venus de la bande de Gaza ont envahi le sud d’Israël pour y tuer 1 200 personnes et faire 251 otages, et déclencher la guerre actuelle entre Israël et l’organisation terroriste du Hamas.
L’otage, qui avait 19 ans au moment des faits et qui a eu 20 ans en captivité, y faisait son service en qualité de soldate affectée à la surveillance. De nombreuses jeunes femmes soldats affectées à la même tâche ont été tuées lors de l’assaut du Hamas sur la base, et plusieurs autres capturées.
Au début de l’extrait, Gilboa se présente et dit être détenue par le Hamas depuis 107 jours, ce qui daterait le clip au 22 janvier (bien que la date réelle de la vidéo ne puisse être vérifiée). Gilboa a très probablement été contrainte de tourner cette vidéo.
« Je vis sous les bombardements et les tirs 24 heures sur 24 et j’ai très peur pour ma vie », a-t-elle dit. « Vos bombes ont failli me tuer. »
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— כאן חדשות (@kann_news) July 9, 2024
On entend le bruit d’explosions en arrière-plan tandis qu’elle parle. On ignore si celles-ci sont réelles ou ont été ajoutées.
« Où étiez-vous le 7 octobre quand j’ai été kidnappée dans mon lit ? Et où êtes-vous maintenant ? », dit Gilboa. « Pourquoi, alors que je suis soldate… ai-je le sentiment d’avoir été abandonnée et rejetée ? »
« Reprends-toi en main, mon cher gouvernement, et commence à faire ton travail pour nous ramener tous à la maison, tant que nous sommes encore en vie », poursuit Gilboa.
« Je n’ai pas besoin de nourriture, d’argent, de vêtements ou de quoi que ce soit d’autre, juste que vous nous rameniez vivants à la maison », ajoute-t-elle.
Gilboa s’adresse ensuite à ses proches en leur disant : « Vous me manquez beaucoup et je vous aime. Je vous demande d’être forts et de faire tout ce que vous pouvez pour me ramener à la maison tant que je suis encore en vie. »
La vidéo ressemble à tant d’autres vidéos d’otages diffusées par le Hamas, parfois les premiers signes de vie de leur part depuis leur enlèvement.

Des négociateurs israéliens se trouvent en Égypte et au Qatar, cette semaine, dans le cadre de nouvelles négociations en vue d’un accord de cessez-le-feu et de libération des otages, en vertu duquel l’organisation terroriste libérerait des otages israéliens en échange d’un cessez-le-feu et de la libération de prisonniers palestiniens de sécurité.
En novembre dernier, le Hamas a libéré 105 otages civils en échange de centaines de prisonniers palestiniens de sécurité et d’un cessez-le-feu d’une semaine. Mais les négociations n’ont pas abouti, car le Hamas a exigé qu’Israël mette fin à la guerre, condition inacceptable par Israël.
Ce week-end, le Hamas a déclaré renoncer à ce qu’Israël accepte d’emblée de mettre fin à la guerre, ce qui a suscité l’espoir, alors même qu’il ajoutait vouloir obtenir des garanties de la part des médiateurs que les combats ne reprendraient pas.
Dans une interview accordée au site d’information Ynet, Orly Gilboa, la mère de Daniella, s’est adressée aux ministres d’extrême droite Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, défavorables aux accords de libération d’otages au motif que le prix exigé d’Israël était trop élevé.
« Assez, assez, laissez cet accord se faire », a-t-elle déclaré, en ajoutant : « C’est peut-être là la dernière occasion de ramener nos enfants à la maison. »

Orly a ainsi commenté la vidéo : « Daniella joue un rôle. Je reconnais ses talents de comédienne, cette capacité à dire les choses comme ils le veulent, comme ils l’ont écrit. Je sais que c’est du jeu, c’est une guerre psychologique. »
La mère de l’otage a souligné que la vidéo avait été filmée il y a environ six mois et que « son état mental n’était pas bon, même au 100e jour [de captivité] – aujourd’hui, nous en sommes au 277e jour ».
Elle a ajouté que la famille avait été informée par l’armée d’un signe de vie, il y a de cela environ deux mois, sans plus de détails.
Orly espère que sa fille se trouve toujours en compagnie de ses coéquipières et co-otages Karina Ariev et Doron Steinbrecher.
Interrogée sur le message qu’elle souhaitait faire passer à sa fille, elle répond : « Je veux juste lui dire : ‘Reste optimiste. Ca va venir, bientôt, nous en sommes plus proche que jamais.’ »
La décision prise par la famille Gilboa d’autoriser la diffusion de cette vidéo de janvier fait suite à une autre décision, elle prise en mai dernier par les proches d’autres soldates de surveillance, de diffuser les images de l’enlèvement des cinq jeunes femmes sur la base de Nahal Oz.
Dans ces images, tournées par les terroristes du Hamas à l’aide de caméras corporelles, on voit les femmes ensanglantées et blessées, les mains liées, auxquelles des hommes du Hamas disent : « Vous êtes très belles » et leur parlent en utilisant le terme que l’organisation terroriste État islamique utilisait pour parler des esclaves sexuelles.

Une otage libérée en novembre a témoigné d’abus sexuels en captivité, d’autres faisant état de récits de violences sexuelles rapportés par d’autres otages à Gaza.
Selon une information des Nations unies publiée en mars dernier, il existe des preuves « claires et convaincantes » que des otages ont été violé(e)s en captivité et que les otages sont toujours victimes de tels abus.
On estime à 116 le nombre d’otages enlevés par le Hamas le 7 octobre dernier encore à Gaza – pas tous vivants – depuis la libération de 105 civils à la faveur d’un cessez-le-feu d’une semaine, fin novembre, et de quatre autres otages un peu avant.
Sept otages vivants ont pu être secourus par des soldats, auxquels s’ajoutent les corps de 19 otages, trois d’entre eux ayant été tués par erreur par l’armée.
L’armée israélienne a confirmé la mort de 42 otages aux mains du Hamas, sur la foi de renseignements recueillis par les soldats déployés à Gaza. Une autre personne est portée disparue depuis le 7 octobre, et son sort est toujours inconnu. Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats de Tsahal tués en 2014.
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Ce 9 juillet, lors d’une conférence de presse sur Zoom, les familles de quatre jeunes otages toujours retenus ont parlé soutien psychologique et préparation au retour des otages.
Orly Gilboa a déclaré : « La journée est difficile, mais je reste optimiste parce que nous savons qu’il y a un accord sur la table », a-t-elle ajouté. « Je demande au Premier ministre de ne pas abandonner et de conclure cet accord. »
Shlomi Berger, le père de l’otage Agam Berger, 20 ans, a déclaré lors de cette conférence de presse : « Je m’adresse à la communauté internationale et demande au Hamas de libérer tous les otages. S’ils ne le font pas, cela ne s’arrêtera jamais. »
Il a par ailleurs demandé à Netanyahu de finaliser un accord avec le Hamas avant de se rendre aux États-Unis pour prendre la parole devant le Congrès, le 24 juillet prochain.