La famille de l’espion Eli Cohen s’adresse aux Émirats pour récupérer sa dépouille
Affirmant que la famille n’espérait plus d’aide de la part de Moscou, Sophie Ben-Dor, sa fille, a indiqué vouloir désormais se tourner vers les Émirats arabes unis
Sophie Ben-Dor, fille de l’ancien espion israélien Eli Cohen, a expliqué dans une interview diffusée lundi par la chaine i24News en arabe qu’elle et sa famille comptaient faire appel aux Émirats arabes unis et à leur ambassadeur en Israël en vue de récupérer la dépouille de son père.
Affirmant que la famille n’espérait plus d’aide de la part de Moscou, car « la Russie est à présent très isolée dans le monde occidental », Sophie Ben-Dor a indiqué vouloir désormais se tourner vers les Émirats arabes unis afin de soutenir la démarche de sa famille auprès de la Syrie.
« Grâce à votre chaîne, je souhaite demander aux Émirats qui ont une place importante sur la scène internationale et aussi au sein de notre pays d’essayer d’arriver à des accords avec les Syriens pour nous remettre la dépouille de mon père », a-t-elle déclaré.
« Je pense qu’avec l’aide d’un intermédiaire arabe, nous obtiendrons des réponses plus claires », a-t-elle ajouté.
La fille d’Eli Cohen a confirmé qu’ « il y aura donc une demande officielle de la part de la famille auprès de l’ambassadeur émirati en Israël ».
Les Émirats arabes unis et Israël ont établi des relations diplomatiques en 2020, dans le cadre des accords d’Abraham. Les dirigeants émiratis et syriens se rencontrent régulièrement, et les premiers pourraient ainsi influencer les seconds en faveur de la famille Cohen.
La fille de l’espion israélien Eli Cohen demande l’aide des Émirats pic.twitter.com/59nT4wdbBb
— i24NEWS Français (@i24NEWS_FR) December 26, 2022
Plus tôt ce mois-ci, les services secrets extérieurs israéliens ont dévoilé le dernier télégramme envoyé par leur espion légendaire, dont l’histoire est à l’origine d’une mini-série à succès sur Netflix, juste avant son arrestation par les Syriens en février 1965.
Le directeur du Mossad, David Barnea, a offert au musée Eli Cohen une copie de ce télégramme, envoyé le 19 février 1965, date estimée de la capture de l’espion.
Rédigé en français, le télégramme se résume à la phrase suivante: « REUNION AU QUARTIER GENERAL HIER SOIR A CINQ HRS GMT AVEC AMIN ELHAFEZ ET HAUTS OFFRS », soit avec le président syrien de l’époque et des hauts gradés.
« Eli Cohen était l’un de nos meilleurs agents et continue d’influencer et inspirer par son esprit combatif, son courage, ses valeurs et son dévouement », a déclaré M. Barnea dans un communiqué diffusé par le gouvernement israélien.
Personnifié par l’acteur Sacha Baron Cohen dans la série « The Spy », Eli Cohen est perçu comme un héros en Israël depuis qu’il a été pendu sur une place publique en Syrie en 1965, après avoir infiltré le sommet de la hiérarchie du régime syrien et obtenu des renseignements qui s’avérèrent précieux lors de la guerre des Six Jours de juin 1967.
La localisation de sa dépouille reste le sujet de diverses rumeurs. En novembre 1965, sa femme, Nadia Cohen, avait envoyé une lettre au président syrien de l’époque, Amin al-Hafiz, pour réclamer la dépouille de son défunt mari, mais sa demande avait été rejetée. En 2021, des médias arabes avaient rapporté que la Russie recherchait activement la dépouille de Cohen dans le cimetière du camp de réfugiés de Yarmouk, au sud de Damas – l’un des endroits en Syrie où il pourrait avoir été enterré.
À l’été 2018, les services secrets israéliens avaient confirmé avoir récupéré sa montre dans un « pays ennemi ».
Le musée Eli Cohen de Herzliya, qui doit ouvrir ses portes au grand public prochainement, retrace le parcours de l’espion né en 1924 en Egypte, arrivé en Israël en 1957 puis recruté par le Mossad. Agent en Syrie, il sera finalement capturé, jugé et pendu publiquement à Damas le 18 mai 1965.
« Le Mossad continuera de dévoiler des informations et de nouveaux détails sur la période pendant laquelle Eli Cohen a servi en Syrie et poursuivra ses efforts pour ramener sa dépouille afin de l’enterrer en Israël », a expliqué le chef du Mossad, M. Barnea, le mois dernier.