La France plus antisémite que la Pologne selon les Israéliens dans un nouveau sondage
Près de la moitié des sondés trouvent que les Polonais sont autant responsables de la Shoah que les Allemands ; l'Allemagne est considérée comme le pays le moins antisémite
Dans une enquête menée auprès de 1 000 adultes israéliens, 55 % d’entre eux ont déclaré que la société française était antisémite, un chiffre nettement plus élevé que leur évaluation des niveaux de haine envers les Juifs en Pologne, en Allemagne et au Royaume-Uni.
L’enquête, réalisée en ligne en février et mars et publiée jeudi, fait partie d’un sondage plus large mené par Gisela Dachs, professeur à l’université hébraïque de Jérusalem. L’enquête comprend des groupes de 800 à 1 000 répondants dans cinq pays : Israël, Allemagne, Royaume-Uni, France et Pologne.
Les Israéliens interrogés placent l’Allemagne comme le pays le moins antisémite, avec 21 % des personnes interrogées déclarant que la société allemande est antisémite, pour la Pologne ces chiffres sont de 38 % et de 40 % pour le Royaume-Uni.
Le sondage a été publié après des mois de mobilisation anti-Israël en Europe de l’Ouest qui ont suivi de la guerre d’Israël contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza et des échanges de tirs avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah au Liban, soutenu par l’Iran. La guerre a éclaté le 7 octobre, lorsque les terroristes du Hamas ont déferlé sur le sud d’Israel, assassinant près de 1 200 Israéliens et enlevant 253 autres personnes.
Les manifestations de masse qui ont été organisées dans les capitales d’Europe occidentale n’ont pas ou peu touché la Pologne ni les autres pays d’Europe de l’Est. En début de semaine, un adolescent polonais a lancé une bombe incendiaire contre la synagogue Nozyk de Varsovie. Cet incident, qui a fait des dégâts mineurs au bâtiment, n’a fait aucun blessé et la police a ouvert une enquête pour déterminer s’il s’agissait d’un crime de haine.
Réalisée à l’approche de Yom HaShoah, la journée nationale israélienne de commémoration de la Shoah, l’enquête s’est également intéressée à la manière dont les Israéliens et les Européens considéraient la culpabilité dans le génocide.
À la question de savoir si les Polonais étaient responsables de la mort de leurs voisins juifs pendant la Shoah, 47 % des Israéliens ont répondu « oui, exactement au même titre que les Allemands », et 25 % ont dit « seulement en partie ». Seuls 11% des Israéliens interrogés ont répondu que la nation polonaise avait également été victime de la Shoah, et 18% n’ont pas donné de réponse.
En Pologne, en revanche, 60 % des personnes interrogées considèrent que leurs compatriotes ont été à la fois victimes et sauveurs pendant la Shoah. Enfin, 12 % des Polonais estiment que la Pologne a joué un « rôle décisif » dans la Shoah, et 12 % un « rôle mineur ». Environ 3 % des Polonais interrogés dans le cadre de l’enquête, dont l’erreur d’échantillonnage maximale est de 3,1 %, n’ont pas répondu à la question.
Dans l’ensemble, les personnes interrogées en Europe ont montré un niveau élevé de sensibilisation à l’antisémitisme, 63 % des Français le décrivant comme un « problème important ». En Allemagne, ce chiffre est de 59 %, suivi du Royaume-Uni (48 %) et de la Pologne (30 %).
En Allemagne, 45 % des personnes interrogées ont déclaré que l’antisémitisme était principalement alimenté par les immigrants musulmans, tandis que 48 % l’attribuaient à l’extrême droite. Dans les autres pays européens, environ un quart des personnes interrogées accusent les musulmans et un autre quart l’extrême droite.
En France, 35 % des personnes interrogées sont d’accord avec la proposition selon laquelle les Juifs sont plus loyaux envers Israël qu’envers leur propre pays, 12 % d’entre elles étant tout à fait d’accord avec cette proposition. Seuls 9 % n’étaient pas d’accord, et 55 % n’étaient ni d’accord ni en désaccord. C’est en Pologne que cette affirmation de loyauté a été la moins populaire, 12 % des personnes interrogées s’y opposant.
Cinquante-neuf pour cent des Polonais et 41 % des Allemands interrogés n’ont jamais rencontré de juif ou d’Israélien, selon l’enquête du baromètre HU-EF 2024.
En Allemagne, le soutien du gouvernement à Israël dans son opération militaire à Gaza a eu moins de partisans que d’opposants : Seuls 22 % des personnes interrogées l’approuvent (6 % fortement), contre 42 % qui s’y opposent, dont 22 % qui s’y opposent fortement.