La Jordanie accueille une discussion régionale arabe sur l’avenir de la Syrie
Les pourparlers s'inscrivent dans le cadre d'une activité diplomatique permanente visant à trouver une solution à la guerre civile syrienne et à réhabiliter Damas dans le monde arabe
AMMAN, Jordanie – La Jordanie accueillera lundi une nouvelle réunion pour discuter des relations avec la Syrie de Bashar el-Assad, qui s’efforce de mettre fin à plus d’une décennie d’isolement diplomatique, notamment dans la région.
Les ministres des Affaires étrangères de la Syrie, Jordanie, Arabie saoudite, Irak et Égypte participeront à cette rencontre qui se tiendra à Amman, a annoncé le ministère jordanien des Affaires étrangères.
La « réunion s’inscrit dans la continuité de la rencontre consultative des pays du Conseil de coopération du Golfe, de la Jordanie, de l’Irak et de l’Égypte, qui a été accueillie par l’Arabie saoudite mi-avril », a indiqué dans un communiqué le porte-parole du ministère, Sinan al-Majali.
Selon lui, il s’agit « de faire le point des contacts de ces pays avec le gouvernement syrien pour parvenir à une solution politique à la crise syrienne ».
Damas a été isolé sur le plan diplomatique après la répression en 2011 du soulèvement populaire ayant déclenché un conflit dévastateur. Si la Syrie est toujours exclue de la Ligue arabe, plusieurs pays arabes dont l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et la Tunisie ont récemment renoué avec son régime.
Sa réintégration au sein de l’organisation panarabe – qui compte 22 membres – continue de diviser les pays arabes.
Une réunion à ce sujet s’est tenue le 14 avril en Arabie saoudite entre neuf pays arabes, dont ceux du Conseil de coopération du Golfe.
Mais aucune décision n’a été prise lors de cette réunion, alors que le prochain sommet arabe est prévu le 19 mai dans le royaume. Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal bin Farhan, a par ailleurs effectué le 18 avril une visite inédite à Damas où il a été reçu par le président Bashar el-Assad.
Le Qatar, qui a soutenu l’opposition syrienne, reste fermement opposé à une normalisation avec el-Assad, alors que d’autres pays comme les Émirats arabes unis ont normalisé leurs relations avec Damas.
La guerre en Syrie a fait environ un demi-million de morts. Près de la moitié des Syriens sont désormais des réfugiés ou des déplacés à l’intérieur de leur pays, et des pans du territoire échappent encore au contrôle du gouvernement.
El-Assad mise sur une pleine normalisation avec les riches monarchies du Golfe pour financer la reconstruction de son pays aux infrastructures ravagées par la guerre.
Le sommet est le point de départ d’un effort entrepris depuis six mois pour ramener la Syrie dans le giron arabe et l’éloigner de l’Iran, a déclaré Moran Zaga, experte du Golfe au Mitvim, l’Institut israélien des affaires étrangères régionales.
Les efforts ont été menés par les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite.
« C’est extrêmement important pour l’agenda de la région », a-t-elle déclaré au Times of Israel. « Un retour de l’arabité dans la région, de la solidarité arabe, au détriment de l’influence iranienne et russe. »
Les Émirats arabes unis ont rétabli leurs liens avec Damas fin 2018. En avril, la Syrie et la Tunisie ont également annoncé qu’elles rouvriraient des missions diplomatiques dans leurs capitales respectives.
Les opposants régionaux à la réintégration de Damas demeurent toutefois. Le Qatar, qui a soutenu les groupes rebelles syriens, a qualifié de « spéculation » l’idée d’un retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe.
La guerre de 12 ans en Syrie a fait environ un demi-million de morts et près de la moitié de la population est aujourd’hui réfugiée ou déplacée à l’intérieur du pays.
Des pans entiers du territoire échappent encore au contrôle du gouvernement.
El-Assad espère que la normalisation complète des liens avec les riches monarchies du Golfe contribuera à financer la reconstruction des infrastructures du pays ravagé par la guerre.