La Knesset prolonge l’état d’urgence des incarcérations alors que les prisons saturent
Selon l'IPS, 19 756 personnes sont actuellement détenues dans les prisons israéliennes et "d'ici une semaine ou deux, nous atteindrons la capacité maximale d'accueil"
La commission de la Sécurité nationale Knesset a voté à l’unanimité pour prolonger « l’état d’urgence carcéral » d’Israël jusqu’à la mi-janvier, permettant ainsi au système correctionnel du pays de continuer à héberger des prisonniers dans des conditions qui seraient autrement considérées comme illégalement précaires.
Le mois dernier, suite de l’assaut dévastateur du groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sud d’Israël, les députés ont adopté un projet de loi autorisant le gouvernement à déclarer l’état d’urgence, ouvrant ainsi la voie à la levée temporaire des restrictions sur les conditions d’hébergement des prisonniers.
Depuis lors, l’Administration pénitentiaire israélienne (IPS) a averti les législateurs que la forte augmentation du nombre de prisonniers depuis le début de la guerre a mis à rude épreuve la capacité du système à tous les loger, ce qui a conduit à une situation dans laquelle de nombreux détenus dorment sur des matelas posés à même le sol plutôt que dans des lits.
Israël a juré d’éliminer le Hamas après les massacres barbares du 7 octobre, au cours desquels des terroristes palestiniens ont pris d’assaut la frontière de Gaza et sauvagement assassiné 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et pris plus de 240 otages.
En réponse à cette attaque, la plus meurtrière de l’histoire du pays et la pire contre des Juifs depuis la Shoah, Israël a juré d’anéantir le Hamas de Gaza et de mettre fin à son règne de 16 ans, et a lancé une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre.
S’adressant à la commission dimanche, le lieutenant-colonel Elyasaf Zakaï, chef du service de planification et d’incarcération de l’IPS, a déclaré que 19 756 prisonniers étaient actuellement détenus dans les prisons israéliennes, soit 3 400 de plus qu’en octobre.
Ce chiffre est très proche du maximum de 20 000 détenus que le système peut gérer et est nettement supérieur à la population carcérale maximale de 14 500 détenus en dehors des périodes d’urgence, ont déclaré les responsables, Zakaï avertissant que « d’ici une semaine ou deux, nous atteindrons la capacité maximale pour les détenus dans les prisons ».
Il a ajouté qu’environ 88 % des prisonniers palestiniens détenus pour des infractions liées au terrorisme – communément appelés prisonniers de sécurité, vivent dans des espaces de « moins de trois mètres carrés par prisonnier ».
Mais le président par intérim de la commission, le député Zvi Sukkot, du parti d’extrême-droite HaTzionout HaDatit, est resté de marbre : « Le temps est venu de mettre un terme aux colonies de vacances dans les prisons de sécurité. »
« Les assassins du Hamas et des autres groupes terroristes doivent être détenus dans les conditions minimales prévues par la loi », a-t-il affirmé.
« Je m’attends à ce que l’Administration pénitentiaire devienne plus stricte et entasse encore plus les prisonniers du Hamas », a-t-il poursuivi.
« À l’heure où la surpopulation carcérale augmente, ils doivent être les premiers à en payer le prix. »
S’exprimant lors d’une visite des prisons de Ktziot et d’Ela organisée par la commission la semaine dernière, Aviv Israeli, un représentant du ministère de la Sécurité nationale, a déclaré que « les prisonniers de sécurité arrivés dans les prisons en Israël depuis le début de la guerre y resteront longtemps ». Mais, a-t-il ajouté, Israël « s’approche de la ligne rouge que l’IPS a tracée en ce qui concerne le nombre maximum de prisonniers qu’il peut détenir ».
« Un plan stratégique approprié doit être formulé pour faire face au problème de l’incarcération en Israël », avait-il affirmé.
Pour compléter ces propos tenus lors de l’audition de dimanche, Israeli a indiqué que le Conseil de sécurité nationale discuterait de la surpopulation carcérale lundi et que cette question préoccupait « les plus hautes sphères de l’État ».
La crise de la surpopulation carcérale en Israël survient alors que le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a déployé des efforts considérables pour évincer la commissaire en chef de l’IPS, Katy Perry. Le parti de Benny Gantz, HaMahane HaMamlahti, a fait valoir que cette mesure était contraire à l’accord conclu avec le Likud, qui sous-tend l’actuel gouvernement d’urgence.
Elle survient également à la suite des critiques formulées à l’encontre de l’administration pénitentiaire après le passage à tabac d’un prisonnier de sécurité palestinien le mois dernier.