La Knesset veut décentraliser la conversion au judaïsme
Le Grand Rabbinat d'Israël avertit que le projet de loi met en danger la validité halachique des conversions
Haviv Rettig Gur est l'analyste du Times of Israël

La commission des lois de la Knesset a voté un projet de loi lundi qui permettrait à un plus grand nombre de rabbins de procéder à des conversions.
Le projet de loi permettrait aux rabbins locaux de former des instances religieuses et de réaliser des conversions au judaïsme officielles qui seraient reconnues par la loi israélienne.
La législation donnerait le pouvoir de convertir des individus au judaïsme à 30 tribunaux rabbiniques locaux, composés d’au moins trois membres en plus des quatre cours rabbiniques de l’État, et peut-être même davantage.
Le projet de loi a été voté par la commission des lois et s’apprête à présent à passer en première des trois lectures en séance plénière à la Knesset – contre l’avis du Grand Rabbinat.
Le député Elazar Stern (Hatnua), principal artisan du projet, a promis que la loi passerait et le président de la commission, le député David Rotem (Yisrael Beytenu) a promis son soutien malgré les critiques.
Le Grand Rabbinat, opposé au projet de loi, soutient qu’il mènera à la dispersion des exigences nécessaires à la conversion et provoquera la confusion au sein du système religieux de l’État.
« Nous devons tout faire pour améliorer le service offert aux convertis, » a indiqué le rabbinat dans un communiqué en janvier sur le site Web haredi Kikar Hashabat. « Mais nous ne devons pas compromettre les exigences de la halacha [la loi religieuse juive] quand on traite de la conversion. Ce projet de loi donne du pouvoir à des personnes non qualifiées pour juger d’une conversion, et met en danger la validité halachique des conversions en Israël. »
Cette semaine, le Grand Rabbinat avait appelé les députés à retarder le vote afin de permettre au rabbinat de présenter un compromis. « Le vote est un acte unilatéral qui contredit les ententes atteintes avec le Rishon Lezion » – titre honorifique du Grand Rabbin séfarade Yitzhak Yossef – « qui développe en ce moment même une version qui serait acceptable pour toutes les parties, » pouvait-on lire dans le communiqué du rabbinat.
« Si le vote prend place, toute coopération avec le rabbinat prendra fin, » avertissait le communiqué.
Mais le projet de loi a aussi ses partisans, dont plusieurs rabbins de l’État. Le Rabbin David Stav, ancien candidat pour le titre de Grand Rabbin et président de l’organisation orthodoxe libérale Tzohar, a indiqué que le projet était un retour nécessaire aux méthodes de conversions utilisées autrefois, sous la conduite du Grand Rabbinat.
« Le projet permet un retour du rôle traditionnel du rabbin local, qui sera désormais apte à convertir ceux qui désirent rejoindre la communauté juive, comme c’était le cas pendant des décennies, » avait indiqué le Rabbin David Stav en janvier.
Le projet aiderait aussi tout un public « qui désire faire partie du peuple juif » – dont des centaines de milliers de russophones non juifs, qui sont venus s’installer en Israël au cours des deux dernières décennies.
« En même temps, ça aiderait à trouver des familles ‘adoptives’ pour les convertis par l’intermédiaire du rabbin et de la communauté locale, » ajoute le rabbin.
Le processus de conversion inclut souvent l’établissement d’un contact entre le futur converti et une famille religieuse – lui permettant de se familiariser et de s’approprier plus facilement les rituels du judaïsme.
La législation israélienne a hérité de son actuel système de conversion des systèmes juridiques qui avaient cours sous le régime ottoman et britannique, ayant précédé la création de l’État.
Selon la loi israélienne actuelle, beaucoup de questions traitant du statut personnel comme l’identité religieuse, le mariage, le divorce, l’enterrement et bien d’autres, sont toutes gérées par des autorités religieuses financées par l’État, dont essentiellemen, les cours rabbiniques et les institutions musulmanes de la charia.