Israël en guerre - Jour 589

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Analyse

La nouvelle norme : attaques au couteau, aux pistolets puis accalmies

Après une période d'accalmie relative, les cinq morts de jeudi marquent le jour le plus noir du terrorisme palestinien dans la nouvelle vague de violence

Avi Issacharoff est notre spécialiste du Moyen Orient. Il remplit le même rôle pour Walla, premier portail d'infos en Israël. Il est régulièrement invité à la radio et à la télévision. Jusqu'en 2012, Avi était journaliste et commentateur des affaires arabes pour Haaretz. Il enseigne l'histoire palestinienne moderne à l'université de Tel Aviv et est le coauteur de la série Fauda. Né à Jérusalem , Avi est diplômé de l'université Ben Gourion et de l'université de Tel Aviv en étude du Moyen Orient. Parlant couramment l'arabe, il était le correspondant de la radio publique et a couvert le conflit israélo-palestinien, la guerre en Irak et l'actualité des pays arabes entre 2003 et 2006. Il a réalisé et monté des courts-métrages documentaires sur le Moyen Orient. En 2002, il remporte le prix du "meilleur journaliste" de la radio israélienne pour sa couverture de la deuxième Intifada. En 2004, il coécrit avec Amos Harel "La septième guerre. Comment nous avons gagné et perdu la guerre avec les Palestiniens". En 2005, le livre remporte un prix de l'Institut d'études stratégiques pour la meilleure recherche sur les questions de sécurité en Israël. En 2008, Issacharoff et Harel ont publié leur deuxième livre, "34 Jours - L'histoire de la Deuxième Guerre du Liban", qui a remporté le même prix

Des soldats israéliens à un checkpoint de Cisjordanie. (Crédit : Issam Rimawi / Flash90)
Des soldats israéliens à un checkpoint de Cisjordanie. (Crédit : Issam Rimawi / Flash90)

A l’instant où nous avons eu le sentiment d’une accalmie dans la violence actuelle, les attaques terroristes de jeudi et de dimanche ont fait voler en éclat cette illusion.

Jeudi était le jour le plus mortel depuis le début de la poussée de violence, ou selon les termes palestiniens, la soi-disante « troisième intifada ». Cinq personnes ont été tuées (quatre Israéliens et un passant palestinien) et cinq autres personnes ont été blessées dans deux attaques séparées.

Dans la première attaque, Raid Halil bin Mahmoud, du village palestinien de Dura à proximité d’Hébron, a profité de son permis de travail israélien et a tué deux Israéliens dans ce qui semble être la première attaque menée par un détenteur de permis de travail palestinien à l’intérieur de la Ligne Verte.

La deuxième attaque de la journée était une attaque combinée d’un tir et d’une attaque de voiture bélier, et s’est achevée avec des lourdes pertes, deux Israéliens et un passant palestiniens ont été tués.

Dimanche, deux attaques ont eu lieu en matinée, dont une attaque au couteau et une tentative d’attentat à la voiture-bélier.

Après presque deux semaines de calme relatif qui a vu une baisse dans le nombre d’attaques au poignard, la zone d’Hébron a vu une augmentation dans les attaques à armes à feu. La semaine passée, des hommes palestiniens ont mené trois attaques séparées à arme à feu sur des cibles israéliennes.

Tandis que certains jeunes hommes palestiniens et des femmes ont approché des barrages de l’armée israélienne dans le sud de la Cisjordanie avec des couteaux, résolus aux attaques, dans au moins trois autres incidents les terroristes en puissance ont lancé leurs armes au sol et exprimé leur désir de mourir.

Alors comment pouvons-nous expliquer le calme d’un côté et la nouvelle flambée d’un autre côté ?

D’un côté, la pression exercée par les forces de sécurité en Cisjordanie, et la pratique de démolir les maisons des terroristes, a rendu difficile pour les jeunes terroristes de mener leurs attaques.

D’un autre côté, il est impossible d’éradiquer complètement la motivation d’assassiner des Israéliens. Le sentiment existe, et il est peu probable qu’il disparaisse dans un futur proche.

Alors, malgré les périodes sporadiques de calme, la nouvelle réalité en Cisjordanie et sa « troisième intifada » semble indiquer que les attaques n’arrêteront pas complètement. Cela semblerait être la nouvelle norme intenable.
Les forces de l’AP et des commerçants contrecarrent des attaques.

Jeudi matin, lorsque Salma a décidé de mener l’attaque contre le bâtiment du Panorama office à Tel Aviv, sa ville d’origine d’Hébron était paisible, au moins la zone H-2 sous contrôle israélien. Peut-être un calme artificiel, mais un calme tout de même.

La semaine dernière, le natif d’Hébron Shadi Ahmad Matua a ouvert le feu sur la famille Litman près de l’intersection d’Otniel, et la semaine avant, des fidèles juifs en route pour la Cave de Patriarches ont été tués par des Palestiniens.

Au célèbre marché d’Hébron, autrefois très vivant, dont une partie est sous contrôle israélien, seulement quelques magasins ont pu rester à flot.

Interrogé, un propriétaire de boutique local, Khader Shabaneh, a déclaré au Times of Israel la raison derrière l’accalmie des attaques de poignards : « Nous ne voulons pas de problèmes, nous voulons seulement que l’armée nous laisse un peu tranquilles ».

Shabaneh, qui possède une boulangerie en face du Tombeau des Patriarches, déclaré que lui et certains des autres vendeurs à proximité avaient commencé à arrêter des jeunes Palestiniens dans la rue qu’ils suspectaient de préparer une attaque terroriste.

Le tombeau des Patriarches à Hébron (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)
Le tombeau des Patriarches à Hébron (Crédit : Elhanan Miller/Times of Israel)

L’associé de Shabaneh, « A », a déclaré que de nombreux terroristes venaient d’un quartier appelé Bab Al Zawia. « Des forces de l’AP habillées en civils sont là-bas pour empêcher n’importe qui de créer des problèmes, et elles ont pu empêcher quelques attaques », a-t-il déclaré.

Shabaneh a déclaré que récemment quand il a vu des enfants lancer des pierres aux forces de sécurité israéliennes à côté de sa boulangerie, il s’est approché d’eux et leur a dit d’arrêter en leur expliquant qu’attaquer l’armée pourrait entraîner une fermeture du quartier et, cela serait mauvais pour ses affaires. « Mais je tremblais de peur que les soldats me tirent dessus, pensant que j’étais l’un d’eux », a-t-il déclaré.

Il a affirmé que le manque de connaissance de l’arabe par les soldats de l’armée israélienne aggravait le problème.
« Ce n’est que récemment que des soldats parlant arabe ont été positionnés ici, et ils traitent les résidents locaux avec respect », a-t-il déclaré.

L’accalmie dans les attaques au couteau est en partie le résultat de la coopération des forces de l’AP et de commerçant locaux.

A la lumière de la poussée de violence, de nombreuses dynamiques familiales ont changé, a déclaré un officer de l’armée israélienne, et les parents surveillent de plus en plus ce que leurs enfants font.

Cela pourrait bien être vu comme un effort visant à restaurer un sens d’ordre dans l’unité de la famille traditionnelle, qui a été affaiblie dans la société palestinienne.

Selon le même officier de l’armée, après avoir tué par arme à feu le Rabbin Yaakov Litman et son fils Netanel la semaine dernière, Matua est rentré à la maison et a déclaré à plusieurs membres de sa famille ce qu’il avait fait.
« Quand son père a appris cela, il est allé à l’intersection Hazayit, s’est approché d’un soldat patrouillant là-bas et lui a expliqué que son fils avait mené l’attaque », a-t-il déclaré.

« Malheureusement, le soldat ne parlait pas arabe, alors il a appelé son commandant pour parler avec lui. Lui non plus ne parlait pas arabe, et a pensé que le père indiquait qu’il avait une bombe qu’il voulait introduire en Israël. Le commandant a dû appeler un autre officier qui a été capable de comprendre ce que l’homme disait. En moins d’une heure, les forces de sécurité étaient à la maison familiale, le suspect a été appréhendé, l’arme et la voiture utilisés pour mener l’attaque trouvés », a-t-il déclaré.

Pourquoi un père livrerait son propre fils ? Il s’avère que le père est un commerçant local qui a compris les implications que l’attaque aurait sur la famille, et a choisi de livrer son fils pour le bien de la famille plutôt que de payer le prix pour les actions de son fils.

Les jeunes terroristes aux couteaux

Un des problèmes les plus difficiles devant l’armée israélienne et le Shin Bet dans ce nouveau modèle d’une intifada est le manque de renseignement indiquant les intentions des terroristes palestiniens en puissance.

« Aucune des récentes attaques dans la zone d’Hébron n’était connue des services de renseignement, a déclaré l’officier. En fait, nous n’avons personne sur notre liste surveillance actuellement ».

« Un des terroristes qui a perpétré une attaque à proximité du Tombeau des patriarches ‘était assis’ à un cyber-café où il écrivait un message d’adieu à ses amis et sa famille, leur demandant pardon, mais il a expliqué qu’il ‘devait le faire’, a-t-il déclaré. Cinq minutes plus tard, il est sorti et a essayé de poignarder des soldats. Nous n’avons aucun signe avant-coureur ici ».

L’officiel a déclaré que les attaques impromptues par des jeunes Palestiniens étaient beaucoup plus difficiles à combattre que celles organisées par des groupes terroristes connus.

« En réalité, des activités qui ont lieu dans l’infrastructure terroristes sont plus simples pour nous, parce que lorsqu’une menace émerge, nous faisons des arrestations », a-t-il déclaré.

« Et s’il y a un certain calme maintenant, nous avons aucun doute que la motivation du Hamas, tout particulièrement depuis la bande de Gaza, est de perpétrer plus d’attaques ».

Le chef politique du Hamas, Khaled Meshaal, lors d'un rassemblement du Congrès national africain en l'honneur du Hamas au Cap, en Afrique du Sud, le 21 octobre 2015 (Crédit photo:  Rodger Bosch/ AFP)
Le chef politique du Hamas, Khaled Meshaal, lors d’un rassemblement du Congrès national africain en l’honneur du Hamas au Cap, en Afrique du Sud, le 21 octobre 2015 (Crédit photo: Rodger Bosch/ AFP)

Au cours de récents jours, des soldats positionnés dans la zone ont observé une nouvelle tendance inquiétante : de jeunes Palestiniens viennent mourir à des barrages israéliens. Ils n’essaient pas de perpétrer une attaque, mais ils montrent simplement aux soldats qu’ils portent des couteaux apparemment dans l’espoir que les troupes les tueront.
Lorsque des jeunes suspects capturés sont interrogés sur leurs motivations, beaucoup ont dit qu’ils voulaient mettre un terme à leurs vies. Beaucoup d’entre eux ont des problèmes psychologiques et sociaux.

Plus tôt cette semaine, un jeune Palestinien d’Hébron s’est approché d’un barrage et a suivi cette routine. Il a ensuite dit aux enquêteurs que son père l’avait fortement réprimandé pour avoir reçu 95 au lieu de 100 à un test.

Hébron maintenant et toujours

Même si le terroriste de Tel Aviv bin Mahmoud avait un permis de travail en Israël, et même si le gouvernement a gelé l’entrée des centaines de détenteurs de permis de travail, il est peu probable que cela arrêtera le flot quotidien de dizaines de milliers de travailleurs palestiniens dans une mesure punitive. Cela ne ferait qu’augmenter les tensions, pas les réduire.

En Cisjordanie, tout parculièrement à Hébron, ce n’est pas uniquement l’armée israélienne, mais certains Palestiniens et les forces de sécurité de l’AP qui essaient de restaurer le calme.

Au cours des récents jours, des résidents juifs des implantations à proximité ont posté des notices informant des résidents palestiniens de patrouilles armées de la communauté dans un effort d’empêcher de futures attaques.

Il n’est pas clair de savoir s’il s’agit d’une opération de communication ou d’un phénomène authentique émergeant dans des zonaes mixes de Juifs et d’Arabes en Cisjordanie.

« La plupart des habitants d’implantations juifs dans les principaux patés de maison soutiennent l’initiative et veulent y contribuer », a déclaré un officier de l’armée.

Pourtant, a-t-il déclaré, « ils ont leurs propres demandes. Par exemple, il y a maintenant une campagne pour fermer la route 60 aux automobilistes palestiniens, et cela ne va probablement pas avoir lieu ».

En réponse aux informations de patrouilles armées d’habitants juifs d’implantations, le colonel de l’armée israélienne Yariv Ben Ezra, commandant du district de Judée, a déclaré que toutes les armes découvertes par l’armée dans des patrouilles civiles seraient confisquées par les forces de sécurité.

L’officiel de l’armée a déclaré qu’elle essayait d’éviter des incidents de tirs amis, déclarant que « s’ils veulent patrouiller dans leurs voitures sans passer à l’action, alors oui, c’est très bien. Mais nous ne pouvons pas avoir des gens qui mènent des actions avec des armes de leur propre chef. Cela pourrait se terminer en désastre ».

Les forces de sécurité israéliennes se tiennent dans une rue lors d'affrontements avec des manifestants palestiniens dans la ville cisjordanienne de Hébron, le 30 octobre 2015  (Crédit : AFP / Thomas Coex)
Les forces de sécurité israéliennes se tiennent dans une rue lors d’affrontements avec des manifestants palestiniens dans la ville cisjordanienne de Hébron, le 30 octobre 2015 (Crédit : AFP / Thomas Coex)

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