La police pourrait enquêter sur Gila Gamliel, qui a violé le confinement
L'enquête nécessiterait le feu vert du procureur-général ; une manifestation a eu lieu près du domicile de la ministre qui a violé le confinement et qui a ensuite attrapé le virus
Un responsable de la police aurait déclaré que la ministre de la Protection environnementale, Gila Gamliel, pourrait faire l’objet d’une enquête pour violation du confinement, alors qu’un journal a indiqué qu’elle avait dissimulé des informations sur ses déplacements au ministère de la Santé pendant plus de 24 heures.
Selon le site Walla, la police réfléchit actuellement à demander aux procureurs d’ouvrir une enquête criminelle sur Gamliel, s’il devait être confirmé qu’elle a effectivement menti aux employés traceurs de contacts du ministère de la Santé.
Le procureur-général Avichai Mandelblit serait tenu, au préalable, de donner son feu vert à une telle enquête.
« S’il s’avère qu’elle a fait un faux témoignage pendant l’enquête, c’est un problème », a déclaré une source proche des services de police qui n’a pas été identifiée.
La Douzième chaîne, pour sa part, a noté que le Premier ministre Benjamin Netanyahu n’avait aucunement l’intention de limoger Gamliel pour sa conduite et que la ministre issue des rangs du Likud n’avait, de son côté, aucunement l’intention de démissionner. Le Premier ministre, toutefois, réfléchirait à prendre des « mesures importantes » contre la ministre, a précisé la chaîne, sans donner de détails sur d’éventuelles sanctions.
Gamliel, qui avait annoncé, ce week-end, avoir été testée positive au coronavirus, a fait l’objet de moults appels à son départ ou à sa démission après avoir reconnu qu’elle avait, la semaine dernière, enfreint la règle de limitation des déplacements en se rendant à Tibériade, dans le nord du pays, depuis son domicile de Tel Aviv.
Elle aurait également essayé de cacher ce voyage aux personnes qui l’avaient interrogée dans le cadre d’une enquête épidémiologique menée par le ministère de la Santé suite à son infection. Gamliel avait ainsi passé le jeûne de Yom Kippour, lundi dernier, dans une synagogue de Tibériade, où son beau-père est rabbin, avait rapporté Kan lundi.
Gamliel avait annoncé être positive au coronavirus dans un post publié sur les réseaux sociaux dans la nuit de samedi à dimanche, ajoutant qu’elle se sentait bien. Le quotidien Haaretz avait ultérieurement fait savoir que les enquêteurs épidémiologiques du ministère de la Santé n’avaient pas pu joindre la ministre pendant des heures, dans la matinée de dimanche. Lorsqu’ils étaient enfin parvenus à entrer en contact avec elle, vers 15h30, elle leur avait dit qu’elle pensait avoir été contaminée par son chauffeur, et ce dernier a été considéré par les enquêteurs comme étant à l’origine de la contamination de la haute responsable.
Mais les enquêteurs n’étaient pas parvenus à faire le lien entre l’origine présumée de la contamination et le fait que l’époux de Gamliel et un autre membre de la famille avaient été, eux aussi, testés positifs au coronavirus, en l’absence de contact avec le chauffeur. Quelques heures plus tard, à 19h22, les traceurs de contacts du ministère s’étaient entretenus avec Gamliel sur cette anomalie.
Elle avait alors reconnu, lors de la conversation, avoir pris part à des prières au sein d’une « synagogue familiale » pendant Yom Kippour – sans mentionner pour autant que ce lieu de culte se trouvait à Tibériade, et non à Tel Aviv. Gamliel avait déclaré aux autorités qu’elle s’était trouvée à son bureau de Jérusalem et à une réunion organisée à Petah Tikva, omettant de parler de son voyage dans cette ville du nord du pays.
Selon Haaretz, ce n’est que lundi que le ministère de la Santé a appris que la ministre s’était rendue à Tibériade. Les enquêteurs épidémiologiques ont alors appelé Gamliel une fois encore, qui a cité huit personnes avec lesquelles elle s’est trouvée en lien à la synagogue.
Les responsables du ministère de la Santé tentent actuellement de déterminer le nombre de personnes effectivement présentes, à ce moment-là, à la synagogue et de savoir si ce nombre a été supérieur aux dix personnes autorisées, sous les règles du confinement, à prendre part aux offices de prière de Yom Kippour.
Le site d’information Walla a cité des participants à l’office, disant qu’il y avait eu 35 personnes dans le bâtiment.
Des proches de la ministre ont affirmé que les fidèles portaient tous des masques et que la responsable avait dormi dans un appartement familial de la ville, dont certaines zones ont été déclarées foyers de contagion. Ils ont également affirmé lundi que son mari était propriétaire de l’appartement où ils avaient séjourné et qu’ils étaient donc autorisés à y être en vertu des règles sanitaires.
Gamliel n’a pas admis avoir enfreint les règles, mais a reconnu ultérieurement n’avoir pas géré la situation correctement.
« J’ai agi conformément aux directives même s’il est possible que mes jugements se soient avérés erronés. Je suis désolée, je vais payer l’amende », a-t-elle dit dans un communiqué.
Le ministre de la Santé, Yuli Edelstein, a appelé tous les responsables à adhérer aux mesures relatives à la lutte contre le virus.
« Ce sont des règles qui ont été écrites dans le sang et personne ne peut s’octroyer le droit de ne pas les respecter », a affirmé Edelstein.
Des dizaines de personnes ont manifesté à proximité du domicile de Gamliel à Tel Aviv, lundi soir, réclamant sa démission.
« Il est inacceptable qu’il y ait une loi pour les députés et autres responsables élus et une autre loi pour les citoyens. Pendant le confinement, ils sortent, mais c’est nous qui sommes emprisonnés. C’est un gouvernement de corrompus », a déclaré un manifestant qui s’est présenté sous le nom de Noya au site Ynet.
Plusieurs manifestants ont déclaré que la police leur avait demandé de prouver qu’ils ne s’étaient pas éloignés de plus d’un kilomètre de leurs habitations, conformément aux règles de confinement.
Les critiques se sont abattues sur la ministre, estimant que la conduite de Gamliel, membre du cabinet, était incompatible avec les attentes portant sur l’adhésion du public aux restrictions du confinement.
Netanyahu a déclaré qu’il attendait les conclusions des enquêteurs sur ce qui s’est exactement passé avant de tirer des conclusions sur le comportement affiché par Gamliel, membre éminente de son parti du Likud.
« Nous sommes tous obligés de suivre les règles, en ce qui concerne les rassemblements comme en ce qui concerne les autres directives en lien avec la lutte contre le coronavirus. Et cette obligation concerne également les ministres, les membres de la Knesset et tous les fonctionnaires », a-t-il commenté lors de l’ouverture d’une réunion du cabinet dit « du coronavirus », selon son bureau.
« Concernant la ministre Gamliel plus précisément, je recommande d’attendre les conclusions de l’enquête du ministère de la Santé. Je pense que c’est la bonne chose à faire. Nous devons agir sur la base de faits et de résultats d’enquête, pas sur des rapports préliminaires, et je recommande d’attendre. Nous aurons bientôt l’image d’ensemble de ce qui est arrivé, » a-t-il ajouté.
Mais le ministère de la Santé a paru rejeter ces propos, disant que son enquête épidémiologique sur Gamliel était terminée et que sa mission n’englobait pas davantage que le suivi des contacts.
« Toutes les informations non-liées au suivi des contacts n’ont aucune pertinence en ce qui nous concerne et elles ne figurent pas dans l’enquête », a noté le ministère.
Israël a instauré un confinement national qui, entre autres restrictions, contraint les Israéliens à rester à moins d’un kilomètre de leur domicile, sauf pour le travail ou les besoins essentiels. Il est également interdit de se rendre chez des tiers.
La ministre du Likud n’est pas le premier ministre dont l’infection pourrait avoir résulté d’une violation présumée des restrictions ordonnées par le gouvernement.
En avril, le ministre de la Santé de l’époque, Yaakov Litzman, avait été diagnostiqué positif au COVID-19, après, avait-il semblé, avoir assisté à des offices de prière qui, à l’époque, étaient interdits sous les ordres de son propre ministère.
Le dirigeant du parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah avait ensuite quitté son poste pour rejoindre le ministère du Logement, avant d’en démissionner le mois dernier en protestation face aux mesures de confinement actuelles et des restrictions qu’elles imposent aux offices dans les synagogues pendant les fêtes.
Litzman aurait figuré parmi les milliers de personnes qui ont assisté aux funérailles d’un rabbin hassidique à Ashdod, contrevenant aux règles de confinement, lundi.
Plusieurs membres de la Knesset ont également contracté le virus, le dernier en date étant Ayman Odeh, qui dirige la Liste arabe unie.
Le leader de Yesh Atid, Yair Lapid, a annoncé lundi que le député Mickey Levy allait démissionner de la commission du coronavirus de la Knesset « d’un commun accord » après avoir violé les directives dans la lutte contre le coronavirus.
Pendant le premier confinement, au début de l’année, il y a eu de multiples informations portant sur des violations du confinement de la part des politiciens et de leurs familles, notamment de la part de Netanyahu et du président Reuven Rivlin.
Stuart Winer a contribué à cet article.