La procureure générale suggère de sanctionner Ben Gvir pour ingérence dans les affaires de la police
Ben Gvir a réagi en pressant le comité chargé de limoger Miara de se réunir lundi pour lancer la procédure

Ces tout derniers jours, la procureure générale, Gali Baharav-Miara, a réprimandé le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, pour ce qu’elle a qualifié d’ingérence illégale dans le processus de décision de la police, contraire à l’accord juridiquement contraignant conclu avec les services du procureur général, a rapporté Haaretz.
L’accord – qui oblige Ben Gvir à ne pas s’immiscer dans les affaires opérationnelles de la police – a été conclu en avril dernier, alors aux prises avec des recours exigeant sa destitution. Selon les détracteurs du ministre, ce dernier utilise les promotions au sein des services de police pour y placer des personnes en ligne avec ses positions d’extrême droite.
Selon l’information d’Haaretz, Baharav-Miara aurait contacté le cabinet de Ben Gvir suite à ses propos concernant l’enquête sur un Palestinien qui aurait craché sur une femme soldat de Tsahal le mois dernier.
Suite à l’interpellation du suspect par la police, Ben Gvir s’est réjoui de cette arrestation sur les réseaux sociaux et a publié sur X une photo de l’homme accompagnée de la légende : « Tolérance zéro envers ceux qui s’en prennent aux soldats de Tsahal. »
Le chef de l’Autorité pénitentiaire israélienne, Kobi Yaakobi, devait plus tard ordonner le transfert du suspect dans une prison de sécurité, ce qui lui a valu les éloges de Ben Gvir.
« Ceux qui crachent sur les soldats sont des terroristes. Le chef de l’autorité pénitentiaire, Kobi Yaakobi, a fait une bonne chose en transférant le terroriste qui a craché sur une soldate d’une prison criminelle à une prison de haute sécurité », a écrit le ministre ultranationaliste. Le suspect a depuis été libéré sous conditions et inculpé.
Contrairement aux détenus criminels, les prisonniers de sécurité sont détenus pour des crimes à motivation nationaliste, allant des plus ignobles attentats terroristes à la publication de contenus provocateurs. La grande majorité d’entre eux sont palestiniens.
Selon Baharav-Miara, les félicitations adressées à Yaakobi par Ben Gvir constituent une ingérence indue au niveau des procédures d’enquête des forces de l’ordre, souligne Haaretz.
Le porte-parole de Ben Gvir, qui nie avoir reçu une communication de la part de la procureure générale, a brandi la menace de poursuites à l’encontre du média.
Le ministère de la Justice a dit qu’il « ne commentait pas les échanges avec les ministres ».

De son côté, le ministre de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir, a pressé le comité ministériel chargé de limoger la procureure générale de se réunir ce lundi et de prendre une décision sur la question « au plus vite ».
« J’ai contacté le ministre [des Affaires de la diaspora] Amichai Chikli, qui préside le comité ministériel [et] je lui ai dit : organisons une discussion demain, invitons la procureure générale à une audience dès cette semaine – c’est urgent, nous ne pouvons plus attendre », a déclaré Ben Gvir dans une vidéo.
« Nous serons évidemment attentifs aux arguments de la procureure générale, mais pour le bien de l’État d’Israël, cette décision doit être prise le plus vite possible », a-t-il ajouté.
Ce matin-même, le Conseil des ministres a, de façon très polémique, donné son plein aval à une résolution du gouvernement permettant au comité ministériel de congédier la procureure générale – une décision prise pour contourner la procédure normale exigeant qu’un comité professionnel statutaire soit consulté avant la prise d’une telle décision.
Suite à cette décision, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, membre de ce nouveau comité, a déclaré que lui et les autres ministres concernés « mèneraient à bien un examen professionnel et équitable du service rendu par la procureure générale et examineraient ses allégations afin de faire part de nos recommandations au gouvernement – pour ou contre son limogeage ».
« Le processus sera mené en toute bonne foi, en ayant à l’esprit le carcatère central de la confiance du gouvernement dans sa conseillère juridique, son autorité et son travail», a conclu M. Smotrich.