La station « la Voix de la Palestine » n’a plus le droit de travailler depuis Israël
Itamar Ben Gvir a signé l'ordonnance, notant que la radio bénéficie du soutien de l'AP ; les locaux de Jérusalem ont été fermés et des journalistes convoqués par la police

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a signé une ordonnance, lundi, interdisant à une station de radio palestinienne de travailler depuis le territoire israélien, expliquant qu’elle bénéficiait du soutien de l’Autorité palestinienne (AP).
L’ordonnance cible la Voix de la Palestine, dont le siège est à Ramallah mais qui a également des bureaux à Jérusalem-Est et à Kafr Kanna, dans le nord d’Israël. La station est placée sous l’autorité de la Corporation palestinienne de radiodiffusion.
La police israélienne est arrivée aux bureaux de Jérusalem de la Voix de la Palestine – qui sont situés dans le quartier Beit Hanina de Jérusalem – et elle a fait savoir aux employés que les locaux seraient dorénavant fermés. Plusieurs journalistes palestiniens qui vivent à Jérusalem ont été par ailleurs convoqués en vue d’un interrogatoire.
L’ordonnance de Ben Gvir cite une loi interdisant à l’AP de mener des activités politiques en Israël – un texte qui est régulièrement utilisé pour disperser les rassemblements palestiniens, notamment les événements éducatifs et culturels liés d’une manière ou d’une autre à Ramallah.

Le gouverneur de Jérusalem de l’AP, Adnan Ghaith, a été arrêté par les autorités israéliennes à une douzaine de reprises au cours de ces cinq dernières années.
« Je n’accepterai pas et je ne permettrai pas les incitations et le soutien au terrorisme et aux terroristes, qu’ils proviennent de l’Autorité palestinienne ou d’une autre instance », a fait savoir Ben Gvir dans un communiqué qui n’a pas précisé quels étaient les contenus diffusés par la Voix de la Palestine auxquels le ministre de la Sécurité nationale s’opposait. « L’État d’Israël est souverain et tous ceux qui tentent de lutter contre nous se retrouveront exclus ».
Le Centre arabe I’lam pour la Liberté des médias s’est insurgé contre l’ordonnance, dénonçant « une violation flagrante de la liberté de la presse dans un pays qui affirme par ailleurs respecter cette liberté ».
« L’initiative prise par Ben Gvir ne parviendra pas à dissimuler ce qu’est la réalité », a ajouté le centre, disant que les ordres donnés par la police étaient une nouvelle preuve de ce que le gouvernement de la ligne dure tentait « de cacher ses crimes de diverses manières ».
Israël a déjà, dans le passé, pris des mesures contre les médias palestiniens en Cisjordanie, expliquant qu’ils incitent à la violence.
En 2016, l’armée avait fait fermer le bureau, à Ramallah, de Palestine al-Yawm ou « Palestine aujourd’hui ». « La station de radio fait partie de l’organisation du Jihad islamique palestinien et elle constitue une association illégale », avait noté l’armée à ce moment-là.