La vague d’homicides continue : Un candidat à la mairie d’Abu Snan abattu
Ghazi Saab est le deuxième politicien local à être tué en autant de jours ; Netanyahu demande instamment au Shin Bet de s'impliquer et promet de "vaincre cette criminalité"
Quatre personnes ont été abattues mardi, dont un candidat à la mairie, dans la ville d’Abu Snan, dans le nord du pays, alors que la vague de crimes meurtriers dans les communautés arabes continue de dépasser les records d’homicides établis au cours des dernières années.
La fusillade a eu lieu quelques heures après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a de nouveau appelé à impliquer l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet dans la lutte contre les crimes violents dans les localités arabes, à la suite de l’assassinat du directeur-général de la mairie de Tira un jour plus tôt.
Le Bureau du Premier ministre a ensuite annoncé qu’un groupe ministériel chargé de lutter contre la criminalité dans la communauté arabe se réunirait mercredi.
Le service de secours du Magen David Adom (MDA) a déclaré que les ambulanciers paramédicaux avaient prononcé les quatre décès sur les lieux, après les avoir trouvés dans un champ. La police a annoncé l’ouverture d’une enquête et a précisé que des agents se rendaient à Abu Snan pour recueillir des preuves.
L’une des victimes a été désignée comme étant Ghazi Saab, qui était candidat à la mairie lors des prochaines élections municipales.
Saab était un ancien officier de Tsahal et de la police des frontières, et ces dernières années, il dirigeait une entreprise à Abu Snan, a rapporté Haaretz.
Les autres victimes ont été identifiées comme étant ses parents Zahir al-Din Saab et Amir Saab, ainsi que Salman Halbi de Yarca.
Les dirigeants druzes ont annoncé une grève dans les institutions communautaires mercredi en réponse à l’assassinat, et ont blâmé la police et le gouvernement pour le manque de sécurité dans le nord. Abu Snan a une population mixte composée de musulmans, de druzes et de chrétiens.
Cette fusillade est l’un des actes de violence criminelle les plus meurtriers de cette année. Il survient plus de deux mois après que cinq personnes ont été tuées lors d’une fusillade de masse dans une station de lavage de voitures à Yafa an-Naseriyye.
L’attaque de mardi est la deuxième à viser un homme politique arabe local en l’espace d’autant de jours. La police a nié que cette fusillade était liée aux élections municipales d’octobre et l’a décrite comme un acte criminel.
« Aujourd’hui, chaque citoyen de la communauté arabe d’Israël vit dans une peur terrible, une grande tristesse et une profonde anxiété. Chacune des personnes assassinées est un monde à part entière pour sa famille et ses proches », a déclaré le président Isaac Herzog après le quadruple homicide. « Il s’agit d’une situation d’urgence qui exige des mesures décisives de la part de l’État afin d’éradiquer la criminalité et la violence et d’empêcher de nouvelles pertes de vies humaines. »
Lundi, le directeur-général de Tira, Abed Rahman Kashua, a été tué lors d’une fusillade qui, selon Netanyahu, a « franchi une ligne rouge ». Le ministre de l’Intérieur Moshe Arbel a alors demandé à Netanyahu de convoquer une réunion urgente avec le Shin Bet et de faire en sorte que le service de sécurité intérieure s’implique dans l’enquête et dans la lutte contre la criminalité de manière plus générale.
Kashua est la 11e victime de meurtre à Tira au cours des trois dernières années, selon Haaretz.
Outre Kashua, un homme d’une trentaine d’années a été abattu lors d’une autre attaque survenue lundi dans la ville de Reineh, dans le nord du pays.
« Nous utiliserons tous les moyens, y compris le Shin Bet et la police, pour vaincre cette criminalité », a déclaré le Premier ministre dans une déclaration vidéo. « Nous éliminerons le crime organisé dans la société arabe d’Israël. »
« Tous les citoyens israéliens doivent vivre en sécurité et non dans l’ombre de la menace du terrorisme intérieure », a-t-il ajouté.
Netanyahu et le ministre d’extrême-droite de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, se sont précédemment engagés à faire appel au Shin Bet dans le cadre de la lutte contre la criminalité menée par le gouvernement, mais ils ne l’ont pas encore fait en raison de la réticence de l’agence et des dirigeants des communautés arabes. Le Shin Bet est généralement chargé de lutter contre le terrorisme intérieur, notamment en Cisjordanie et à Gaza, et contre les menaces pesant sur les institutions de l’État.
Étant donné que Kashua était un fonctionnaire, le Shin Bet est impliqué dans l’enquête sur son assassinat. Le commissaire adjoint du Commandement du district du Centre de la police israélienne, Avi Biton, a déclaré lundi que l’enquête était une priorité absolue pour le district « au vu de la gravité de l’incident, au cours duquel un fonctionnaire d’une institution gouvernementale a été tué ».
Mardi également, un homme a été grièvement blessé par balle dans la ville bédouine de Rahat, dans le sud du pays.
Les ambulanciers l’ont emmené à l’hôpital de Beer Sheva tandis que la police ouvrait une enquête sur la fusillade.
Mardi soir, dans la ville mixte de Lod, de nombreux coups de feu ont semé la panique parmi les habitants. Le maire de la ville, Yaïr Revivo, a déclaré que les tirs provenaient de plusieurs complexes familiaux et qu’ils étaient destinés à intimider des rivaux dans le cadre d’un différend, et non à causer des dommages physiques.
לילה טוב לוד
ירי בלתי נסבל! מציאות חיים הזויה! pic.twitter.com/WordrH3PIo
— הדר מילר Hadar Miller ???????? (@hadarmiller_) August 22, 2023
Ces meurtres ont été commis dans un contexte de violences endémiques qui balaient toute la communauté arabe. Selon The Abraham Initiatives, une organisation à but non lucratif qui recense les crimes violents dans la communauté arabe, 156 membres de la communauté arabe d’Israël ont été tués depuis le début de l’année, principalement dans des fusillades. Au cours de la même période l’année dernière, 68 personnes avaient été tuées.
Ces meurtres s’inscrivent dans le cadre d’une vague de crimes violents qui a submergé la communauté arabe ces dernières années. De nombreux responsables de la communauté attribuent la responsabilité de cette vague à la police qui, selon eux, a été dans l’incapacité de réprimer les puissantes organisations criminelles et qui a largement détourné le regard face à ces violences. Ils évoquent aussi de longues décennies de négligences et de discrimination de la part des institutions gouvernementales, disant que cette problématique est à la racine du problème.