Le directeur-général de la municipalité arabe de Tira abattu à l’arme à feu
Ce meurtre a entraîné un appel à une intervention du Shin Bet ; avec la mort d'Abed Rahman Kashua, le bilan meurtrier dans la communauté arabe passe à 152 personnes
Le directeur-général d’une municipalité, dans une ville arabe, a été abattu à l’arme à feu dans la soirée de lundi. C’est le dernier homicide présumé à avoir été commis dans un contexte de violences endémiques qui balaient toute la communauté arabe. Ce meurtre a entraîné un appel à l’intervention du ministère de l’Intérieur et des services de sécurité du Shin Bet alors que les autorités peinent largement à endiguer cette vague de tueries.
Selon le groupe de veille anti-violences Abraham Initiatives, la victime s’appelait Abed Rahman Kashua, 60 ans. L’homme était le directeur-général de la municipalité de Tira, une ville à majorité arabe du centre d’Israël. Il était également une figure du Mouvement islamique du sud dans le pays et il était sheikh dans une mosquée locale, a indiqué la Douzième chaîne.
Kashua se trouvait, au moment des faits, en compagnie de deux individus qui ont, eux aussi, été pris pour cible par les hommes armés à proximité du commissariat de la ville, ont précisé les médias israéliens. Il a été grièvement blessé lors de l’incident. Les deux autres victimes ont été légèrement à modérément touchées – mais pleinement conscientes – et elles ont pu se rendre en voiture au commissariat, où elles ont demandé de l’aide aux policiers. Les trois hommes ont ensuite été transférés à l’hôpital Meir, à Kfar Saba, selon les forces de l’ordre.
Kashua a finalement succombé à ses blessures.
La police a annoncé avoir ouvert une enquête sur ces coups de feu et les agents ratissent actuellement la zone pour trouver des éléments de preuve. Le commissaire-adjoint du district central, Avi Biton, a fait savoir que les investigations étaient une priorité « au vu de la gravité de l’incident qui a entraîné la mort d’un responsable public, employé par une institution gouvernementale ».
Après le meurtre, le ministre de l’Intérieur, Moshe Arbel, a demandé au Premier ministre Benjamin Netanyahu une réunion urgente avec les services du Shin Bet pour réclamer une plus forte implication de l’agence dans les investigations et dans la lutte contre les violences dans les communautés arabes.
Dans un autre incident, lundi, un homme d’une trentaine d’années a été abattu dans la ville de Reineh, au nord du pays.
Au mois de juin, le gouvernement de Netanyahu avait signalé qu’il souhaitait que le Shin Bet s’implique plus directement dans la lutte contre les crimes violents au sein des communautés arabes, malgré les objections rapportées du chef de l’agence et de la procureure-générale. Le Shin Bet est généralement chargé des menaces terroristes dont les mobiles sont de nature nationaliste et de nombreux leaders arabes s’opposent à l’implication du service dans des affaires qui ne sont pas liées au terrorisme.
Les décès enregistrés lundi font grimper le bilan des homicides dans la communauté arabe, depuis le début de l’année, à 152 -il s’agit majoritairement d’attaques à l’arme à feu. A titre de comparaison, pendant la même période, l’année dernière, 68 personnes avaient été tuées.
Ces meurtres entrent dans le cadre d’une vague de crimes violents qui a déferlé sur la communauté arabe, ces dernières années. De nombreux responsables de la communauté attribuent la responsabilité de cette vague à la police qui, selon eux, a été dans l’incapacité de réprimer les puissantes organisations criminelles et qui a largement détourné le regard face à ces violences. Ils évoquent aussi de longues décennies de négligences et de discrimination de la part des institutions gouvernementales, disant que cette problématique est à la racine du problème.
Jeudi, la police israélienne a déclaré que ses agents avaient arrêté 85 suspects et placé en détention 48 personnes en vue d’un interrogatoire, dans le cadre d’une large opération visant à réprimer le crime violent dans la communauté arabe israélienne.