L’aide commence à arriver au Yémen, Washington envoie plus d’armes
Cette aide humanitaire reste limitée face aux besoins des Yéménites qui subissent une crise humanitaire "catastrophique"
Un premier bateau d’aide humanitaire est arrivé mercredi au Yémen, deux semaines après le début des raids de la coalition arabe que les Etats-Unis veulent davantage soutenir en envoyant plus d’armes.
Médecins sans frontière (MSF) a réussi à faire accoster à Aden (sud) un bateau transportant 2,5 tonnes de matériel médical, la première cargaison d’aide depuis le lancement de l’intervention militaire dirigée par Ryad.
Cette aide reste toutefois très modeste face aux immenses besoins de la population, en particulier à Aden, deuxième ville du Yémen, où la situation humanitaire est « catastrophique », selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Un avion du CICR chargé de 16 tonnes de médicaments était attendu mercredi à Sanaa. Mais « il n’a pas pu décoller comme prévu. C’est une zone de conflit et les liaisons aériennes sont très compliquées », a expliqué Sitara Jabeen, une porte-parole à Genève.
Le CICR espère envoyer rapidement du matériel mais aussi du personnel médical. Car à Aden « des gens meurent en raison d’un manque de (personnel) traitant. Nous avons notamment besoin d’infirmières », a expliqué un médecin de l’hôpital militaire.
Au 14e jour de l’opération « Tempête décisive », onze personnes au moins ont été tuées dans la grande ville portuaire du sud, lors d’affrontements entre rebelles chiites et partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi soutenu par l’Arabie, selon une source militaire.
Les rebelles ont pilonné de nouveau au canon de char et aux obus de mortier un quartier du centre depuis des collines surplombant la ville, a indiqué à l’AFP un responsable local, qui a fait état de morts et de blessés.
Des cadavres étaient visibles dans les rues et des appels à l’aide ont été lancés par haut-parleur depuis les mosquées, selon des habitants.
Dans la capitale Sanaa, un immeuble résidentiel, situé près d’un bâtiment ministériel, a été touché par un raid aérien, faisant 26 blessés, selon la rébellion.
Ces derniers jours, les combats se sont concentrés dans le sud du Yémen, fief des partisans du président Hadi qui a été contraint de quitter le Yémen sous la pression de ses adversaires, les rebelles chiites Houthis alliés à des militaires restés fidèles à l’ex-chef de l’Etat Ali Abdallah Saleh.
Les monarchies du Golfe ont proposé mardi au Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution qui frapperait de sanctions le chef des rebelles, Abdel Malek Al-Houthi, et le fils aîné de l’ex-président, Ahmed Ali Abdallah Saleh.
Le texte propose d’imposer aussi aux rebelles et à leurs alliés un embargo sur les armes et de les sommer de cesser les hostilités et d’abandonner le pouvoir « immédiatement et sans conditions ».
Manque de médicaments
Les raids aériens de la coalition ont encore visé dans la nuit l’aéroport international d’Aden et la base aérienne d’Al-Anad, plus au nord, deux sites contrôlés par les rebelles.
Cependant, le porte-parole de la coalition, le brigadier général Ahmed Assiri, a démenti mardi des frappes navales sur Aden, comme l’avaient évoqué des habitants.
Les secours tardent à arriver au Yémen alors que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a prévenu mardi que la situation humanitaire était « catastrophique » à Aden en raison de la poursuite des combats.
A Aden, certains blessés ne peuvent être soignés. « Les gens meurent en raison d’un manque de (personnel) traitant. Nous avons aussi besoin de médicaments et d’autres infirmières », a déclaré un médecin de l’hôpital militaire de la ville.
Washington « accélère » des livraisons d’armes
Washington a « accéléré » des livraisons d’armes à ses alliés du Golfe en soutien à l’opération lancée par l’Arabie saoudite contre les rebelles chiites au Yémen, où l’incertitude persistait mercredi quant à l’arrivée d’un premier avion d’aide médicale.
Au 14e jour de cette intervention militaire, onze personnes au moins ont été tuées à Aden, la grande ville portuaire du sud, lors d’affrontements entre rebelles chiites et partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi soutenu par l’Arabie, selon une source militaire.
La ‘menace sérieuse’ d’Al-Qaïda
Dans son opération, l’Arabie saoudite a reçu l’appui des Etats-Unis, dont le secrétaire d’Etat adjoint Antony Blinken a indiqué mardi à Ryad que son pays « accélérait » ses livraisons d’armes au royaume avec lequel il partage déjà des renseignements.
« L’Arabie saoudite envoie un message fort aux Houthis et leurs alliés qu’ils ne peuvent pas contrôler le Yémen par la force », a déclaré Blinken, ajoutant qu' »en soutien à cet effort, nous avons accéléré les livraisons d’armes ».
A Washington, un responsable américain a indiqué à l’AFP que les Etats-Unis envoyaient des munitions à guidage de précision aux Emirats arabes unis, qu’ils utilisent avec leurs partenaires du Golfe au sein de la coalition.
Blinken, en tournée régionale, a accusé les adversaires du président Hadi d’avoir placé le Yémen « au bord de la faillite économique » et détruit ses institutions, une situation que pourrait, selon lui, exploiter Al-Qaïda.
Profitant du chaos dans le pays, Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa) s’est emparé partiellement la semaine dernière de Moukalla, grande métropole du sud-est du Yémen, où le groupe est très actif, selon des habitants.
En visite à Tokyo, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a reconnu mercredi qu’Aqpa « enregistr(ait) des avancées sur le terrain », mais promis de combattre ce groupe qui représente « depuis longtemps une menace sérieuse pour l’Occident, y compris les Etats-Unis ».