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L’allié de Netanyahu élu à la tête de l’organisation-cadre pro-implantations

Le président du conseil de la Vallée du Jourdain David Elhayani l'a emporté face au candidat appuyé par un groupe prônant une approche de lobbying plus agressive du gouvernement

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le président du conseil régional de la vallée du Jourdain David Elhayani. (Crédit : Miri Tzachi)
Le président du conseil régional de la vallée du Jourdain David Elhayani. (Crédit : Miri Tzachi)

Les responsables d’implantations ont désigné lundi le chef du conseil régional de la Vallée du Jourdain, David Elhayani, comme prochain président du conseil de Yesha, organisation-cadre du mouvement pro-implantations, lors d’un vote serré.

Elhayani, un allié proche du Premier ministre Benjamin Netanyahu, a battu le maire de Karnei Shomron, Igal Lahav, dans un duel après le retrait de dernière minute des deux autres candidats en lice.

Elhayani et Lahav représentaient les deux camps opposés dans un désaccord qui ne cesse de s’intensifier entre une génération de leaders d’implantations plus ancienne, favorables à la politique du Premier ministre Benjamin Netanyahu en la matière, et un groupe de dirigeants plus jeunes, plus enclins à avoir recours à l’agressivité pour le compte du mouvement, même si cela signifie affronter le gouvernement de droite.

Le candidat du premier camp, Elhayani, l’a emporté face à Lahav 13 voix à 12 après le décompte des votes des 24 chefs de conseils de Cisjordanie et celui de Zeev « Zambish » Hever, vétéran du mouvement pro-implantations.

(De gauche à droite) Le président du Conseil régional de la vallée du Jourdain, David Elhayani, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le secrétaire du cabinet, Tzachi Braverman, applaudissent après que le gouvernement eut autorisé la légalisation de l’avant-poste de Mevo’ot Yericho lors de la réunion hebdomadaire du cabinet au conseil régional de Jordan Valley, le 15 septembre. 2019 (Crédit : Haim Tzach / GPO)

Elhayani, agriculteur originaire de l’implantation d’Argaman, préside le conseil régional de la vallée du Jourdain depuis 2009. Ce père de trois enfants âgé de 59 ans sera la deuxième personnalité laïque à diriger le conseil de Yesha, formé presque exclusivement de politiciens locaux religieux.

En apprenant sa victoire, Elhayani a indiqué dans un communiqué qu’il ferait en sorte de garantir que les habitants d’implantations bénéficient du même traitement que les citoyens israéliens, en oeuvrant en faveur de l’annexion de la Cisjordanie tout en améliorant la qualité de vie des populations vivant au-delà de la Ligne verte. Il a appelé à l’unité parmi les leaders d’implantations variés et il a vivement recommandé à Netanyahu et à Kakhol lavan de former un gouvernement d’unité.

Elhayani succèdera au président du conseil local de Kedumim, Hananel Dorani, qui avait décidé de ne pas se représenter à l’issue d’un mandat unique de deux ans.

Elhayani, membre de longue date du Likud, avait fait l’éloge de Netanyahu après la promesse du Premier ministre d’annexer la vallée du Jourdain en cas de victoire au cours du scrutin du mois de septembre. Les résultats électoraux se sont néanmoins avérés peu concluants et ce projet d’annexion a été mis en suspens.

Après le vote, Netanyahu a appelé Elhayani pour le féliciter.

« Le Premier ministre Netanyahu a dit [à Elhayani] qu’ils continueraient à travailler en pleine coopération avec pour objectif de renforcer les implantations », a fait savoir le bureau du Premier ministre.

Constitué de dirigeants locaux et régionaux israéliens en Cisjordanie, le conseil de Yesha veut promouvoir les implantations juives en Cisjordanie en faisant du lobbying sur le gouvernement pour le compte des intérêts du mouvement pro-implantations tout en faisant avancer les objectifs poursuivis par ce dernier à l’étranger – notamment par le biais d’un « ministre des Affaires étrangères » de facto. Les critiques accusent le groupe de représenter un mélange flou, sans mandat clairement établi.

Elhayani restera le chef du conseil de la vallée du Jourdain lorsqu’il prendra son poste au conseil de Yesha.

S’exprimant auprès du Times of Israel avant le vote de lundi, Elhayani a expliqué que la première raison pour laquelle il se présentait était la nécessité d’améliorer la « qualité de vie » des résidents israéliens en Cisjordanie.

« Nos résidents ne supportent plus les infrastructures médiocres qui entraînent des pannes d’électricité, des pénuries d’eau et un trafic routier surchargé. C’est de la responsabilité des dirigeants du mouvement pro-implantations de fournir des services appropriés », avait dit Elhayani.

« Il est impossible d’améliorer la qualité de vie sans améliorer les infrastructures », avait-il ajouté.

David Elhayani, maire de l’implantation d’Arvot Hayarden au sein conseil régional de la vallée du Jourdain, parle à l’AFP dans son bureau de Cisjordanie, le 11 septembre 2019 (Crédit : AHMAD GHARABLI / AFP)

Le leader de la vallée du Jourdain, longtemps connu pour sa moustache, avait clamé que l’un des moyens de s’attaquer à ces problèmes était de faire appliquer la souveraineté israélienne sur la Cisjordanie, ce qui supprimerait une grande partie de la paperasse administrative et bureaucratique. Il avait toutefois reconnu qu’une telle initiative ne pourra pas avoir lieu à court terme.

« En attendant, nous devons encore faire preuve d’agressivité en réclamant des améliorations d’infrastructures. Et ce, en plus d’empêcher la prise de contrôle de la Zone C par les Palestiniens, de manière à ce qu’il reste des territoires à annexer quand ce sera le moment », avait-il dit, évoquant les secteurs placés sous le contrôle sécuritaire et administratif d’Israël.

Elhayani avait indiqué qu’un autre de ses objectifs, en tant que représentant des implantations, sera de parvenir à unir les 27 chefs de conseil de Cisjordanie – qui, selon de nombreux observateurs, semblent plus divisés que jamais concernant le meilleur moyen d’interagir avec le gouvernement.

Le retrait d’Israël de la bande de Gaza et du nord de la Cisjordanie, survenu en 2005, avait entraîné une scission entre les chefs d’implantations.

Certains avaient résolument pris le parti des autorités et d’autres avaient estimé qu’il aurait fallu faire davantage pour empêcher le gouvernement de mettre en œuvre sa décision.

Elhayani avait estimé qu’avec une attitude plus « agressive », les membres du conseil « trouveront enfin quelqu’un qui va se battre pour eux ».

A la question de savoir s’il adapterait sa stratégie en fonction de la constitution de la future coalition, le maire de la vallée du Jourdain avait répondu qu’il « se contentera de soumettre les intérêts de nos résidents, indépendamment de qui intégrera le gouvernement ».

L’implantation de Elazar en Cisjordanie, le 5 février 2019. (Crédit : Gershon Elinson/Flash90)

Le mouvement pro-implantation a bénéficié d’un large soutien de la part du gouvernement israélien de droite au pouvoir depuis le début de l’année 2015, en particulier après l’entrée du président américain Donald Trump à la Maison Blanche au mois de janvier 2017.

Les résultats n’ont pas donné toutefois au leader du Likud et à ses partenaires naturels de droite suffisamment de sièges pour former une coalition et, si un gouvernement doit néanmoins être mis en place au cours des prochaines semaines, il comprendra presque certainement la formation centriste Kakhol lavan qui a récolté – de peu – la plus grande partie des voix, le 17 septembre.

Le dirigeant de la liste, Benny Gantz, exprime un soutien sans failles
aux « blocs d’implantations » – ces secteurs fortement peuplés, généralement proches de la Ligne verte qui, pour la majorité des Israéliens, seront conservés dans le cadre d’un accord de paix. Il s’est également dit favorable à l’annexion de la vallée du Jourdain.

Mais le programme du parti fait toutefois allusion à la nécessité de savoir faire des concessions – et notamment de procéder à l’évacuation des implantations situées dans les profondeurs de la Cisjordanie – dans le cadre d’un accord conclu avec les Palestiniens.

Benjamin Netanyahu et le président du conseil de Yesha, Hananel Dorani, le 7 novembre 2017. (Autorisation)

Des politiques telles qu’un gel des constructions dans ces implantations éloignées seraient, bien entendu, vouées à l’échec pour le conseil de Yesha, qui s’est habitué à travailler aux côtés d’un Premier ministre qui s’était enorgueilli d’avoir dit à Washington qu’il ne faisait pas la différence entre communautés isolées et « blocs ».

L’organisation-cadre a également bénéficié de la reconnaissance et de la coopération de la Maison Blanche. L’envoyé pour la paix Jason Greenblatt, qui vient tout juste de quitter l’administration Trump, avait notamment indiqué préférer se référer aux implantations considérées illégales comme à « des quartiers et des villes ».

Tandis qu’il reste encore un an de mandat à Trump et qu’il pourrait bien se faire réélire, la possibilité que le prochain président du conseil de Yesha soit amené à travailler avec une Maison Blanche passée sous la coupe des démocrates n’est pas négligeable.

Plusieurs concurrents à la nomination pour la présidentielle au sein du parti, notamment les sénateurs Bernie Sanders et Elizabeth Warren, ont fait campagne sur le conditionnement des aides à Israël à ses engagements concernant les constructions d’implantations. Et nul doute que ceux qui adoptent aujourd’hui des positionnements plus modérés tenteront, eux aussi, de réfréner les constructions au-delà de la Ligne verte par d’autres moyens.

Théoriquement, le défi le plus imminent à relever pour le mouvement pro-implantations devrait être la révélation du plan de paix mis au point par l’administration Trump. Mais l’ambassadeur américain au sein de l’Etat juif, David Friedman, a fait savoir que celui-ci n’exigerait pas d’évacuer une seule implantation.

Elhayani, pour sa part, a estimé que la proposition de paix n’était pas un sujet d’inquiétude.

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