L’ambassadeur suisse précise que son mandat n’est pas de faire « la paix au Proche-Orient »
Il a néanmoins affirmé que son pays tentait de « réactiver le dialogue » entre Israéliens et Palestiniens tout en restant « réaliste » face aux enjeux que cela représente
« Je ne suis pas l’ambassadeur pour la paix au Proche-Orient. » C’est en ces termes que s’est exprimé le représentant de la Suisse en Israël, Simon Geissbühler, alors qu’il répondait aux questions du journal germanophone Tages-Anzeiger, une interview reprise par Le Temps le 23 novembre 2024.
En poste à Tel Aviv depuis cette année, Simon Geissbühler a tenu à clarifier le cadre de son mandat devant les journalistes. « Mon mandat est de représenter la Suisse. Je suis responsable des relations bilatérales entre la Suisse et Israël. » Interrogé alors sur son statut vis-à-vis des populations palestiniennes de Gaza et de Cisjordanie, l’ambassadeur a répondu en termes clairs : « Notre bureau de Ramallah est là pour cela. »
« Mais bien entendu, nous nous engageons pour la paix dans la région. C’est aussi dans l’intérêt de la Suisse », a-t-il cependant assuré.
« La Suisse veut réactiver le dialogue sur divers plans. Nous sommes respectés comme acteur neutre et agissons discrètement en coulisses. Mais cela reste difficile. Les gens sont traumatisés et fatigués de la guerre. Le pessimisme est très répandu », a déclaré cet historien de formation, auteur de recherches sur la Shoah en Roumanie notamment.
Au sujet de la position de la Confédération helvétique qu’il représente en Israël sur le conflit en cours à Gaza, Simon Geissbühler a précisé : « Nous marquons notre désaccord, régulièrement et avec force, sur la guerre à Gaza, que ce soit à Berne ou à New York au Conseil de sécurité de l’ONU. Mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons rien dire sur l’antisémitisme. »
Suite aux violences antisémites dont ont été victimes les supporters du Maccabi Tel Aviv à Amsterdam en début de mois, l’ambassadeur avait condamné publiquement la violence. Il explique que des « fans israéliens ont provoqué, mais que cela ne justifie pas ce qui s’est passé ensuite ».
Qualifiant lui-même sa relation à Israël comme de « l’empathie critique », Simon Geissbühler a tenu à insister sur le fait qu’il était capable de condamner toute « déclaration extrême ». « Quand le ministre des Finances d’Israël [Bezalel] Smotrich a évoqué l’annexion de la Cisjordanie, […] je l’ai condamnée en concertation avec le Département fédéral des affaires étrangères à Berne ».
Face aux nombreux défis que représentent l’après-guerre et une future paix israélo-palestinienne, Simon Geissbühler a souhaité « rester réaliste ». Ce qui ne signifie « absolument pas qu’il ne faille rien essayer et que l’on ne peut rien faire. Bien au contraire », a-t-il conclu.