Lapid réclame le réexamen de l’expulsion d’une adolescente autiste des Philippines
Le bureau du Premier ministre demandera une nouvelle audience après le rejet par une instance interministérielle de la demande de résidence de la jeune fille de 16 ans
Les autorités israéliennes ont rejeté jeudi la demande de résidence d’une jeune fille originaire des Philippines, lui faisant savoir qu’elle avait 30 jours pour quitter le pays.
Une décision qui a été prise par une instance interministérielle qui a estimé que la requête soumise par l’adolescente « n’apporte pas de justification humanitaire particulière qui justifierait l’octroi du statut de résidence en Israël », a fait savoir le quotidien Haaretz qui a noté que l’adolescente avait quitté les Philippines pour l’État juif quand elle avait dix ans, après des violences et après avoir été abandonnée par sa famille.
Le bureau du Premier ministre Yair Lapid a indiqué dans un communiqué qu’il demanderait à la commission d’organiser une audience supplémentaire pour réexaminer la décision : « Le Premier ministre a indiqué que toutes les initiatives devront être prises pour garantir que la jeune fille restera en Israël et qu’elle y bénéficiera du soutien émotionnel et social approprié ».
Les groupes de défense des droits de l’Homme qui ont témoigné pour le compte de l’adolescente ont indiqué à la commission interministérielle qu’elle avait initialement vécu avec son père qui lui avait infligé de mauvais traitements et la tenait enfermée dans une pièce pendant la plus grande partie de la journée.
L’homme avait finalement été expulsé du pays où il vivait illégalement – laissant la jeune fille sans soutien familial.
Il y a environ trois ans, l’adolescente avait été retrouvée par les travailleurs sociaux alors qu’elle errait dans les rues de Tel Aviv. Les médecins avaient établi qu’elle souffrait de troubles du spectre autistique et qu’elle était atteinte de stress post-traumatique.
Citant une organisation représentant l’adolescente, Haaretz a fait savoir qu’elle ne se souvenait pas de sa langue natale, étant arrivée au sein de l’État juif à un jeune âge.
Tomer Moskowitz, directeur-général de l’Autorité de la population et de l’Immigration, a indiqué dans l’avis ordonnant son expulsion « qu’il n’y a aucun doute sur le fait que son cas n’est pas simple du tout, la jeune fille ayant subi de graves violences pendant son enfance ainsi qu’un abandon parental, des abus et de la négligence ».
Mais il a ajouté que « accorder ce statut en Israël est quelque chose d’important ». « Qui sait, peut-être pourra-t-elle renouer les liens avec ses parents », a-t-il écrit.
Israël expulse régulièrement des travailleurs étrangers et leurs enfants. Un grand nombre, parmi eux, sont originaires des Philippines.
Les directives israéliennes stipulent que les femmes originaires de pays étrangers qui viennent travailler au sein de l’État juif et qui tombent enceinte doivent renvoyer leurs enfants chez elles si elles veulent pouvoir faire un renouvellement de visa. Mais un grand nombre d’entre elles choisissent de ne pas le faire et elles restent dans le pays clandestinement, souvent soucieuses de donner à leurs enfants une vie meilleure que la vie qu’elles pourraient avoir dans leur pays natal.
L’expulsion des travailleurs étrangers – que le départ se fasse de plein gré ou non – est critiquée en raison de l’impact qu’elle peut avoir sur les enfants qui sont nés dans le pays et qui, pour certains, n’ont connu qu’Israël pendant de longues années.