L’attaque israélienne contre l’Iran a été « historique » – mais elle ne marque pas la « fin »
Les frappes ont visé à exposer la vulnérabilité des systèmes de défense anti-aérienne de l'Iran, tout en renforçant la légitimité d'Israël - en particulier auprès des États-Unis - en vue d'inévitables prochains rounds
David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Selon les informations qui ont été initialement transmises, l’armée de l’air israélienne a donc frappé au moins vingt cibles militaires à travers l’Iran au cours de son attaque sans précédent – une attaque qui a duré quatre heures et qui a eu lieu aux premières heures de la matinée de samedi. L’armée s’est focalisée sur les systèmes de défense anti-aérienne et sur les usines qui produisent des missiles dans ces frappes calibrées.
L’armée israélienne a souligné que ces frappes « précises », dont elle a immédiatement assumé la responsabilité, ont été menées en riposte à des mois d’attaques de la part de la république islamique et de ses proxies – le point d’orgue de ces agressions ayant été le lancement, par Téhéran, de plus de 200 missiles balistiques qui avaient envoyé quasiment tous les Israéliens dans les abris anti-aériens, le 1er octobre. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait alors émis une nouvelle mise en garde, indiquant que ces frappes entraîneraient un « prix à payer » et il a depuis attribué « aux agents de l’Iran » une attaque au drone du Hezbollah survenue il y a une semaine, qui avait pris pour cible son domicile de Césarée, brisant la fenêtre d’une chambre à coucher.
Un ancien chef de la Division des Opérations de l’armée israélienne, Yisrael Ziv, qualifie « d’historique » l’attaque israélienne par son ampleur et par sa portée, estimant qu’elle a été « étonnamment bien exécutée » à 1 600 kilomètres de distance des frontières d’Israël. Elle a été, dit-il, « dévastatrice » pour le régime iranien dans la mesure où elle a apporté la preuve qu’Israël avait pu disposer, pendant plusieurs heures, d’une liberté d’opération totale dans le ciel de la république islamique.
L’attaque, à laquelle auraient participé une centaine d’avions de chasse – avait été soigneusement calibrée. Elle a porté atteinte à l’industrie des missiles – en prenant pour cible les usines, les entrepôts, les lanceurs et les installations de recherche – en riposte directe au tir de barrage du 1er octobre. Elle a également révélé la vulnérabilité des systèmes de défense anti-aérienne iraniens, qui ont été neutralisés par l’armée de l’air au début des frappes et qui ne seraient probablement pas en mesure de faire face à d’éventuelles opérations plus intensives et de plus grande envergure à l’avenir.
A notre connaissance, Israël n’a pas visé les sites nucléaires ou pétroliers du régime des ayatollahs. Selon des informations qui n’ont pas été confirmées, un drone israélien aurait touché la base de Parchin, près de Téhéran et qui – c’est ce qu’affirme Israël depuis des années – serait une structure déterminante du programme d’armement nucléaire iranien. Mais d’autres activités militaires se déroulent également à Parchin – et un chercheur de l’Institut international d’études stratégiques a affirmé que la cible réelle de la frappe était une usine liée à la fabrication de roquettes.
Israël semble donc avoir tenu compte des pressions exercées par l’administration Biden, qui sommait l’État juif de renoncer aux cibles nucléaires et énergétiques – obtenant ainsi le soutien ferme des États-Unis s’il devait y avoir une éventuelle riposte iranienne.
L’Iran est néanmoins tout à fait capable de tenter de faire grimper encore d’un cran le conflit direct avec Israël. Rien ne permet d’affirmer que l’attaque de samedi matin a porté atteinte de manière stratégique aux capacités offensives du régime. Mais elle a mis en évidence la faiblesse des défenses iraniennes, une donnée importante à savoir si une nouvelle attaque de la république islamique devait entraîner une réponse plus agressive la prochaine fois de la part de l’État juif – et ce serait certainement le cas.
Par son attaque, par la manière dont le pays l’a réfléchie et mise en œuvre, Israël a cherché à la fois à dissuader l’Iran et à renforcer sa propre légitimité, surtout auprès des États-Unis, pour pouvoir s’en prendre à l’avenir à des cibles plus larges, y compris celles que l’administration Biden lui avait demandé d’éviter samedi.

Au cours des premières heures qui ont suivi l’attaque, les responsables, en Iran, ont indiqué qu’ils avaient le devoir de se défendre – mais ils se sont abstenus de menacer directement Israël tout en disant que l’État juif avait exagéré l’ampleur de ses frappes qui n’avaient causé, en définitive, que des dégâts mineurs.
Une réponse qui pourrait être interprétée – à tort – comme laissant entendre que le régime est prêt à ravaler son humiliation et à écouter les mises en garde des Israéliens contre une possible escalade. Des sources militaires citées dans les médias israéliens, samedi soir, ont fait savoir que l’armée israélienne ne considérait pas l’incident comme terminé, que l’Iran évaluait encore les dégâts et ses options, et que l’armée israélienne disposait d’une « banque de cibles » prêtes à être visées lors d’une prochaine attaque, si cela devait s’avérer nécessaire.
Les ayatollahs se sont montrés patients et implacables dans les efforts stratégiques qu’ils livrent, sans relâche, pour détruire Israël. Leur proxy le plus puissant, le Hezbollah, est très affaibli, et le Hamas, qui avait commencé cette guerre avec son pogrom du 7 octobre, n’est plus une force militaire organisée. Mais même après les frappes israéliennes les plus importantes à ce jour sur le régime de Téhéran, le programme nucléaire de la république islamique reste intact.
D’une manière ou d’une autre, nul doute sur le fait qu’on peut compter sur l’Iran pour essayer, aussi longtemps qu’il le faudra, de porter atteinte à Israël ou à des cibles de la diaspora en réponse à l’attaque de samedi.
Et tant que le régime restera au pouvoir, rien ne le dissuadera de poursuivre son objectif – la destruction d’Israël. C’est pourquoi l’espoir qui a été exprimé par le président américain Joe Biden – lorsqu’il a dit qu’il souhaitait que l’attaque israélienne « marque la fin » – ne peut avoir qu’une signification très limitée dans la réalité actuelle des choses.
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David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel