L’Australie refuse un visa à Ayelet Shaked, au motif qu’elle pourrait « inciter à la discorde »
L'ex-ministre dénonce une interdiction "politique", qui serait dû à sa contestation d'un État palestinien ; des groupes juifs qualifient cette décision d'offensante ; attentat antisémite à Sydney : une voiture brûlée
L’ancienne ministre de la Justice, Ayelet Shaked, a déclaré jeudi qu’on lui avait interdit d’entrer en Australie, où elle devait prendre la parole lors d’une conférence organisée par le Conseil des affaires australiennes, israéliennes et juives (AIJAC).
Le journal The Australian a rapporté que Shaked s’était vue refuser un visa parce qu’elle risquait « d’inciter à la discorde », notant que l’acte utilisé pour empêcher son entrée stipule que les demandeurs peuvent être interdits s’il est estimé qu’ils risquent de « vilipender un segment de la communauté australienne ou d’inciter à la discorde dans la communauté australienne ou dans un segment de cette communauté ».
S’exprimant dans le journal, le président de l’AIJAC, Colin Rubenstein, a condamné l’interdiction de visa comme « un acte honteux d’hostilité à l’égard d’un allié démocratique ».
« Il est extraordinaire qu’un gouvernement qui refuse de prendre des mesures significatives à l’encontre d’un ambassadeur iranien qui appelle effectivement au génocide agisse de manière aussi peu diplomatique à l’égard d’un [pays démocratique] allié », a-t-il déclaré.
Le président de la Zionist Federation of Australia, Jeremy Leibler, a également réagi à ces informations sur le réseau social X. « La décision du gouvernement australien de refuser un visa à Ayelet Shaked est à la fois déconcertante et profondément choquante. »
« Ayelet est une ancienne ministre de la Justice du gouvernement israélien le plus diversifié et le plus centriste de l’Histoire, qui comprenait un parti et des ministres arabes israéliens. Ce refus est d’autant plus perplexe que ce même gouvernement lui a accordé un visa il y a moins de deux ans », a-t-il ajouté.
The issue here is not that I didn't get a visa. The issue here is that the current Australian government has become anti-Semitic pic.twitter.com/x1v7xOInpA
— איילת שקד Ayelet Shaked (@Ayelet__Shaked) November 21, 2024
« Comment est-il concevable que notre gouvernement ait accordé un visa à un Palestinien de Gaza qui aurait eu des liens familiaux étroits et des interactions personnelles avec des groupes terroristes, alors qu’il refuse l’entrée à une ancienne ministre d’un pays démocratique et l’un des amis de l’Australie ? »
Dans un message ultérieur, Leibler s’est directement adressé à Shaked : « Je suis embarrassé par mon gouvernement. Soyez assurée que la plupart des Australiens ne soutiennent pas cette scandaleuse décision. »
S’exprimant sur la chaîne N12 jeudi, Shaked a critiqué ce qu’elle a appelé le « gouvernement anti-Israël et pro-palestinien radical de l’Australie, dont une partie est même antisémite, qui, pour des raisons politiques et parce que je m’oppose à un État palestinien, ne me permet pas d’assister à un dialogue stratégique entre Israël et l’Australie ».
« Ce sont des jours sombres pour la démocratie », a-t-elle ajouté.
Le refus d’accorder un visa à Shaked est survenu alors que la ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, a récemment manifesté un soutien accru aux Palestiniens en votant en mai pour une candidature palestinienne à une adhésion à part entière de l’ONU.
Selon un article de Sky News Australia publié mercredi, ce vote est allé à l’encontre de la recommandation de la mission de Canberra auprès des Nations unies et a pris de court Israël, les États-Unis et le Canada, qui pensaient que l’Australie s’abstiendrait.
Jeudi également, une voiture a été brûlée dans la banlieue est de Sydney, où vit une importante communauté juive, et des dizaines d’autres ont été dégradées par des graffitis anti-Israël.
Dans un message publié sur X tôt jeudi, l’ambassade d’Israël en Australie s’est déclarée « consternée par l’attaque antisémite ».
Jewish Australian suburb in Sydney was targeted by anti-Semites last night. Cars were torched and graffitied with “FUCK ISRAEL” and “PKK” slogans for the Kurdish Marxist Leninist militant group. pic.twitter.com/Nf6heeVxQh
— Drew Pavlou ???????????????????????????????? (@DrewPavlou) November 21, 2024
« Les mots ne suffisent plus – il est temps d’agir », a affirmé l’ambassade.
Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, a condamné jeudi l’attentat, le qualifiant de « troublant » et de « profondément perturbant ».
« L’antisémitisme n’a pas sa place en Australie. Les conflits à l’étranger ne peuvent servir de tremplin aux préjugés dans notre pays. Je fais confiance à nos forces de l’ordre pour faire face à cette situation », a-t-il déclaré dans un communiqué cité par les médias australiens.
L’antisémitisme et le sentiment anti-Israël ont augmenté en Australie depuis le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien, lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.
A LIRE : Depuis le 7 octobre, les Juifs d’Australie se demandent ce qui est arrivé à leur pays
En octobre, quelques jours après cet assaut barbare et sadique sans précédent, des Australiens juifs qui organisaient une veillée devant l’Opéra de Sydney ont été confrontés à des manifestants anti-Israël et antisémites qui scandaient « F*** les Juifs » et « Gazez les Juifs », bien que les forces de l’ordre aient affirmé par la suite qu’ils scandaient « Où sont les Juifs » et non « Gazez les Juifs ».
Afin de lutter contre la montée de l’antisémitisme, Albanese a nommé en juillet un émissaire chargé de cette question, ainsi qu’un émissaire chargé de la lutte contre l’islamophobie.