L’avant-poste Or HaChaïm de nouveau évacué au grand dam d’HaTzionout HaDatit
Le parti extrémiste a boycotté la réunion hebdomadaire du cabinet pour protester contre l'évacuation, prévenant qu'il y aura des conséquences
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Dimanche, des ultra-nationalistes ont tenté de remettre sur pied des structures de l’avant-poste illégal Or HaChaïm, situé dans le nord de la Cisjordanie, deux jours après que la police et les forces de l’Administration civile les ont détruites.
Plusieurs vidéos filmées à l’avant-poste, situé à l’est de la grande implantation d’Ariel, montrent des militants en train d’ériger diverses structures dans la zone et le moment où les forces de sécurité s’approchent pour demander aux militants d’arrêter et de se disperser.
Les activistes radicaux ont déclaré qu’une centaine de personnes se trouvaient à l’avant-poste et résistaient à l’évacuation. Des « dizaines de policiers » ont participé à l’opération visant à les déloger, qui s’est poursuivie au-delà de la tombée de la nuit.
Selon la police des frontières, les militants ont résisté à l’évacuation, ce qui a conduit à la détention d’au moins six personnes.
Un avocat de l’organisation de droite de défense juridique, Honenu, s’est rendu dans la zone pour fournir des conseils juridiques à une quinzaine de jeunes résidents qui, selon ses informations, ont été arrêtés pendant l’évacuation.
Les familles ont déclaré dans un communiqué qu’elles « continueraient à s’accrocher au sommet de la colline même si nous sommes évacués 100 fois ».
Les militants ont également condamné le ministre de la Défense, Yoav Gallant (Likud), pour avoir à nouveau ordonné l’évacuation d’Or HaChaïm, affirmant qu’il « poursuit les politiques du précédent gouvernement gauchiste. » Ils ont également déclaré que « la nation a choisi Gallant afin de faire avancer les politiques de droite, et maintenant il semble qu’il applique les politiques de gauche ».
Cinq familles ont construit Or HaChaïm jeudi soir, près de l’implantation de Migdalim et surplombant la « route transsaharienne ». Parmi les personnes impliquées, le petit-fils de feu le rabbin Chaïm Druckman, une figure sioniste religieuse de premier plan, en l’honneur de qui l’avant-poste a été nommé.
L’avant-poste a été évacué et détruit vendredi sur ordre de Gallant, ce qui a déclenché des tensions au sein de la coalition entre le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, le Likud, et les partis ultra-nationalistes, HaTzionout HaDatit et Otzma Yehudit.
Selon l’accord de coalition, le chef du parti HaTzionout HaDatit, Bezalel Smotrich, a été nommé ministre délégué au sein du ministère de la Défense et a reçu l’autorité sur l’Administration civile, qui est en charge des affaires civiles en Cisjordanie, y compris l’application de la loi concernant les constructions illégales.
L’objectif de ce transfert de pouvoir était de permettre à Smotrich – qui est par ailleurs ministre des Finances – de réduire les mesures d’application contre les constructions israéliennes illégales en Cisjordanie, conformément à son soutien idéologique au mouvement pro-implantations. Il serait également en mesure de renforcer l’application de la loi contre les constructions palestiniennes illégales, conformément à son opposition véhémente à la création d’un État palestinien.
Vendredi, Smotrich a publié une déclaration disant qu’il avait demandé à l’Administration civile, une agence du ministère de la Défense, d’arrêter l’évacuation d’Or HaChaïm, mais que Gallant n’avait pas pour autant autorisé cette action.
Smotrich n’a pas encore commenté l’évacuation de dimanche, bien qu’un membre de son parti se soit prononcé contre.
« Les accords de coalition établissent que sur cette question, la responsabilité incombe à Smotrich », a déclaré Simcha Rothman, député du parti HaTzionout HaDatit, à la radio de l’armée.
« Les accords de coalition sont la base du gouvernement, et si quelqu’un les viole, il y aura des conséquences. »
L’évacuation de vendredi a conduit les trois ministres du parti HaTzionout HaDatit à boycotter la réunion du cabinet de dimanche.
Smotrich, dont le parti cherche à étendre considérablement la construction d’implantations et à annexer l’ensemble de la Cisjordanie, a exigé en réponse que Netanyahu soutienne l’expansion de la présence juive de la Cisjordanie et lui donne le pouvoir de déterminer l’utilisation d’implantations et des terres dans la zone C de la Cisjordanie, inscrite dans les accords de coalition.
La ministre des Missions nationales, Orit Strouk (HaTzionout HaDatit), a déclaré dimanche matin à la radio de l’armée que son parti d’extrême-droite avait rejoint le gouvernement sur la base des promesses faites dans les accords de coalition, et qu’il s’attendait à ce qu’elles soient respectées.
Les accords de coalition ne sont pas contraignants.
Après l’évacuation de vendredi, le ministre de la Sécurité nationale et chef d’Otzma Yehudit, Itamar Ben Gvir, a exigé, lors de la réunion du cabinet de dimanche, que six constructions palestiniennes illégales présumées érigées dans la zone C au cours du mois dernier soient rasées, ainsi que le campement bédouin illégal de Khan al-Ahmar.
Ben Gvir a présenté au cabinet un document accompagné de photos aériennes montrant des constructions palestiniennes illégales présumées et les coordonnées précises des structures.
« La loi est la loi et il y a une seule loi pour tous. Sous mon mandat, je n’accepterais pas le racisme contre les Juifs. Tout comme le ministre de la Défense a choisi de détruire un avant-poste juif, nous exigeons que les constructions arabes illégales en Judée et Samarie [la Cisjordanie] soient détruites », a déclaré Ben Gvir.
Le document de Ben Gvir incluait des photos de constructions illégales présumées près du village palestinien de Muchmas, juste au nord de Jérusalem, à As-Sawiya, près de Naplouse, à Mughayir dans la région de Ramallah, à Jit, à l’est de l’implantation de Kedumim dans le nord de la Cisjordanie, et à Beit Aroub dans le sud de la Cisjordanie, au sud de l’implantation d’Efrat.
Le bureau de Ben Gvir a refusé de divulguer la source de l’information, mais a déclaré que la construction avait été signalée à l’Administration civile – l’unité responsable de l’application de la loi contre les constructions illégales en Cisjordanie – « en temps réel ».
L’Administration civile n’a pas répondu à une demande de commentaires concernant l’exactitude du document de Ben Gvir.
« Depuis le début du mois, l’establishment de la sécurité a démoli 38 constructions palestiniennes illégales dans la région de Judée et Samarie », a réagi Netanyahu quelques heures plus tard dans une déclaration partagée sur les réseaux sociaux. « La situation dans laquelle les Palestiniens se déchaînent avec des constructions illégales dans une tentative de déterminer des faits sur les terrains est abolie. »
Les ONG et groupes militants israéliens de droite et d’extrême droite allèguent que les constructions palestiniennes illégales dans la zone C de la Cisjordanie, sous contrôle israélien total, ne sont pas soumises à la même application que les constructions israéliennes illégales, et que les constructions palestiniennes généralisées font partie d’un effort coordonné pour établir une contiguïté territoriale entre les zones A et B des Territoires qui sont sous contrôle palestinien, mais qui sont géographiquement fragmentées.
Selon l’organisation de droite Regavim (que Smotrich a co-fondée en 2006), qui suit les constructions palestiniennes illégales en Cisjordanie, plus de 5 500 structures illégales ont été construites dans la zone C en 2022.
Bien que le nombre de constructions israéliennes illégales soit bien inférieur, selon Regavim, des milliers de logements sont construits chaque année dans les implantations israéliennes de Cisjordanie.
Selon l’organisation militante de gauche, La Paix Maintenant, la construction de 22 987 unités de logement a commencé entre 2010 et 2021.
Les permis de construction palestinienne sont très rarement délivrés. Selon les termes de l’Accord d’Oslo de 1995, le contrôle de la zone C devait être progressivement remis à l’Autorité palestinienne (AP).
Carrie Keller-Lynn a contribué à cet article.