Le 7 octobre résonne lors de la remise des prix de la musique israélienne
La cérémonie annuelle de l'ACUM marque ses 68 ans en récompensant anciens et nouveaux talents
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
L’industrie de la musique israélienne a marqué une année d’art en temps de guerre lors de la 68e cérémonie annuelle de remise des prix ACUM qui s’est tenue dimanche soir.
Les prix ont récompensé les musiciens établis ainsi que les jeunes talents.
Cette année, le pogrom du 7 octobre, les soldats au front et les otages toujours captifs à Gaza ont été évoqués par nombre de lauréats et d’intervenants.
« Tant que les 101 personnes kidnappées ne seront pas rentrées et que tous les soldats ne seront pas revenus chez eux, il n’y aura ni joie ni célébration », a déclaré le maître de cérémonie, Zvika Hadar. « Ramener les otages à la maison… fait partie de notre ADN et de notre désir en tant que nation ».
Hadar a noté que certains musiciens, comme Idan Amedi et Raviv Kaner, n’avaient pas pu créer de musique parce que leur service dans les réserves ne leur avait pas laissé de temps pour la créativité, alors que d’autres artistes s’étaient produits à plusieurs reprises pour les unités de Tsahal au cours des longs mois de la guerre.
Le duo de rappeurs Ness Ve Stilla (Nessya Levi et Dor Soroker) a été désigné Découverte de l’année pour leur chanson de guerre Harbu Darbu (Guerre et douleur). Le titre, inspiré d’un cri de guerre syrien passé dans l’argot hébreu, a atteint la première place des plateformes de streaming israéliennes.
Levi a raconté qu’il y a un an, elle était serveuse au marché aux puces de Jaffa, économisant pour des sessions d’enregistrement, avant que sa vie ne change radicalement grâce au succès de leur chanson. Les paroles soutiennent la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas et appellent à la mort de ses dirigeants après l’attaque du 7 octobre.
Un autre prix a été attribué à Get Out of Depression, interprété par Yagel Oshri. Cette chanson, écrite par Oshri et Ofir Cohen, avec des arrangements de Cohen et Shimon Yihye, a remporté le titre de Chanson de l’année. Oshri et Cohen l’ont interprétée lors de la cérémonie.
Ziv et Gali Berman, pris en otages au kibboutz Kfar Aza le 7 octobre, travaillaient pour la société de production musicale Sincopa, située à Kfar Aza. Plusieurs membres de leur famille ont assisté à la cérémonie.
Cinq employés de Sincopa ont été assassinés le 7 octobre, et les frères Berman sont toujours en captivité à Gaza.
Yardena Arazi a interprété Home de Yair Klinger lorsqu’il a reçu le prix Naomi Shemer pour l’ensemble de sa carrière. Elle a parlé des jumeaux Berman, aujourd’hui âgés de 27 ans, embauchés à l’âge de 18 ans par Sincopa lors d’un des spectacles de la chanteuse.
« Dès que la guerre a éclaté, j’ai reçu une photo d’eux, si jeunes, souriant et portant des caisses dans les coulisses d’un de mes concerts », a-t-elle confié. « Cette image m’accompagne depuis plus d’un an. Et chaque fois que je chante ta mélodie, Yair, sur la chanson Home, je les vois en face de moi et chaque mot de la chanson résonne avec leur absence. Vous devez rentrer maintenant. À la maison. ».
Le compositeur Klinger a reçu un prix pour l’ensemble de sa carrière, qui s’étend sur 60 ans, et pour avoir composé parmi les chansons les plus appréciées d’Israël.
Yossi Gispan, auteur-compositeur mizrahi, a également été récompensé pour l’ensemble de son œuvre, avec quelque 1 100 chansons à son actif.
L’auteur-compositeur-interprète Dani Litani, aujourd’hui âgé de 81 ans, a été salué pour sa contribution à la musique israélienne par le conseil d’administration de l’ACUM. Il a été ovationné par le public.
Hanan Ben Ari, honoré pour sa chanson There’s More Here Than That, a expliqué que son œuvre était née d’un besoin de purification, plus que d’un élan créatif.
« En cette année, il est curieux de recevoir un prix qui ne récompense pas la bataille, la survie et l’héroïsme », a déclaré Ben Ari.
« Cette année, j’ai pu constater à quel point la musique aidait les soldats à entrer dans des combats dont ils risquaient de ne pas revenir. J’ai vu comment la musique les a aidés à guérir lorsqu’ils quittaient la zone de combat et lorsqu’ils se mariaient dans les bases militaires. J’ai vu ce que la musique apporte aux survivants héroïques du Nova [festival] et, tristement, comme elle peut réconforter lors des funérailles et des commémorations. La musique est toujours là, elle nous enveloppe, et transmets son message sans jugement. »