Le calvaire d’un père druze pour retrouver son fils tué par une roquette du Hezbollah
Ce n'est que 27 heures après la frappe que les parents de Guevara Ibrahim, 11 ans, le 12e enfant tué le 27 juillet sur un terrain de football à Majdal Shams, ont été informés de son décès
Quand Ibrahim Ibrahim a entendu la sirène d’alerte aux tirs de roquettes retentir dans sa ville de Majdal Shams, située sur le plateau du Golan, sa première pensée a été pour son fils Guevara, qui se trouvait avec des amis sur le terrain de football touché.
« J’ai entendu la sirène et j’ai senti que quelque chose était arrivé à Guevara », raconte Ibrahim à l’AFP qui l’a rencontré quelques jours après le drame du 27 juillet. Il s’était précipité sur le terrain de jeu où une roquette du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah a explosé dans cette ville druze de 11 000 habitants.
« Quand j’ai vu les nombreuses victimes, j’ai eu peur qu’il soit parmi elles », ajoute-t-il d’une voix tremblante qui a vite cédé la place aux larmes.
Recevez gratuitement notre édition quotidienne par mail pour ne rien manquer du meilleur de l’info Inscription gratuite !
Certains enfants qui s’amusaient sur le terrain ont été touchés par des éclats de roquette alors qu’ils couraient vers l’abri anti-atomique situé à quelques mètres. Dans un premier temps, les autorités ont annoncé la mort de onze enfants âgés de 10 à 16 ans.
Guevara ne figurait pas parmi les victimes et son père Ibrahim était sans nouvelle de lui.
Majdal Shams est situé dans le nord d’Israël, au pied du mont Hermon, à seulement 7 km de la frontière avec Liban. Depuis le début de la guerre déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, le Hezbollah et Israël échangent des tirs quasi-quotidiens, le groupe terroriste chiite libanais affirmant soutenir ainsi son allié du Hamas et les Palestiniens.
« Mensonges »
Recherchant désespérément son fils, Ibrahim et sa épouse Dalia se sont rendus au dispensaire de Majdal Shams après avoir appris que leur fils s’y trouvait. En vain. De là, ils se sont rendus à l’hôpital de Safed, dans la région voisine de la Galilée. Sans succès.
On leur a ensuite dit que Guevara était en salle d’opération dans un hôpital de la ville côtière de Haïfa, à plus d’une heure de route. Mais quand Ibrahim et Dalia sont arrivés à cet hôpital, un autre homme leur a dit que son fils, et non le leur, se trouvait dans l’unité de soins intensifs.
« Il s’est avéré qu’il n’y avait pas de Guevara. Ce n’était que des mensonges, mais nous avons continué à espérer », dit Ibrahim.
Ce n’est que 27 heures plus tard qu’ils ont appris la mort de leur fils de 11 ans, le 12e enfant tué par le tir de roquette. « C’était difficile, surtout de ne pas savoir pendant deux jours », dit le père en parlant de son calvaire.
Ibrahim raconte que les caméras de sécurité montraient Guevara « jouant avec son ami, tenant le ballon, tirant, puis se dirigeant vers les autres enfants lorsque la sirène a retenti à 18H18 ».
« Son ami et lui ont atteint le portail lorsque la roquette a frappé », et c’est à ce moment-là que Ibrahim a « commencé à comprendre » que son fils avait peut-être été si près de l’impact que rien n’avait pu être conservé pour permettre son identification.
« La paix »
Le lendemain du drame, des centaines de Druzes, une communauté soudée dont la religion s’inspire de l’islam – tout en rejetant radicalement les lois de la charia -, sont partis à la recherche de Guevara. Mais à 21H00, la police a appelé et confirmé sa mort après des tests d’ADN.
« C’est comme ça que ça s’est terminé », dit le père de Guevara, prénom qui est le nom du célèbre révolutionnaire marxiste-léniniste argentin, Che Guevara, mort exécuté en 1967.
Aujourd’hui, un portrait du « Che » est toujours accroché sur une étagère à l’extérieur de la chambre que Guevara partageait avec son jeune frère Ram.
Grand amateur de ballon rond et supporter du Brésil et de Ronaldinho, Guevara voulait devenir footballeur professionnel. Il avait un maillot du Brésil et un coussin représentant le drapeau brésilien sur son lit.
L’attaque à la roquette a suscité beaucoup d’émotion à Majdal Shams. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, s’y est rendu le lendemain du drame et a promis une « réponse sévère » à cette attaque du Hezbollah, qui a nié en être l’auteur, en dépit des preuves accablantes fournies par Israël.
Malgré la mort de son fils, Ibrahim ne nourrit aucun sentiment de vengeance, à l’instar de nombreux habitants de la ville.
« Personne n’aime la guerre. Nos enfants et les enfants de tout le monde souffrent », dit Ibrahim. « Ce drame ne m’a pas fait changer d’avis, je reste favorable à la paix. »
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.
Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel