Le chef du programme atomique iranien : « Nous relancerons notre programme nucléaire »
Mohammad Eslami affirme que l'Iran s'était préparé à d'éventuels dégâts de ses sites nucléaires ; Rafael Grossi salue la fragile trêve et exhorte Téhéran à rechercher une solution diplomatique

Alors que l’Iran évalue encore les dégâts causés à son industrie nucléaire à la suite de la campagne intensive menée par Israël contre ce pays ces douze derniers jours, le gouvernement a annoncé mardi avoir « pris les mesures nécessaires » pour assurer la poursuite du programme nucléaire après les frappes américaines et israéliennes visant ses installations.
« Nous avons pris les mesures nécessaires et nous faisons le point sur les dégâts » provoqués par les frappes, a déclaré le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Mohammad Eslami, dans une déclaration retransmise par la télévision d’Etat.
« Les plans pour la remise en marche [des installations] ont été préparés en amont et notre stratégie est d’assurer que la production et les services ne soient pas perturbés », a-t-il ajouté.
Les États-Unis ont frappé dans la nuit de samedi à dimanche les installations d’enrichissement d’uranium de Fordo, Natanz et Ispahan avec des avions bombardiers furtifs B-2, le président Donald Trump se vantant « d’une réussite militaire spectaculaire ».
Washington et Jérusalem ont affirmé que ces attaques avaient porté un coup dur aux ambitions nucléaires de l’Iran et avaient considérablement retardé le pays.
L’étendue des dégâts n’est pas encore connue.

Un conseiller du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a affirmé que son pays possédait toujours des stocks d’uranium enrichi et que « la partie n'[était] pas terminée ».
Si les deux pays ont confirmé avoir accepté le cessez-le-feu après son annonce, la trêve semblait déjà sur le point d’être rompue quelques heures plus tard, lorsque l’Iran a lancé deux missiles vers le nord d’Israël. Les dirigeants israéliens ont promis de riposter.
L’agence de presse iranienne ISNA a affirmé que les informations selon lesquelles l’Iran aurait tiré des missiles après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu étaient fausses.
Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a déclaré mardi avoir écrit au ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, pour lui proposer une réunion et l’exhorter à coopérer après l’annonce du cessez-le-feu.

Dans un message publié sur le réseau social X, Grossi a expliqué que la reprise de la coopération de l’Iran avec l’AIEA pourrait conduire à une solution diplomatique à la controverse de longue date sur le programme nucléaire de Téhéran.
De son côté, la France a « salué », par l’intermédiaire d’un communiqué diffusé par le ministère des Affaires étrangères, l’annonce d’un cessez-le-feu entre l’Iran et Israël par le président américain Donald Trump et appelle les parties à respecter « un arrêt complet des hostilités ».
« Il est dans l’intérêt de tous d’éviter un nouveau cycle de violences dont les conséquences seraient catastrophiques pour l’ensemble de la région », a ajouté la diplomatie française.
« L’Iran ne doit jamais posséder d’armes nucléaires », poursuit le communiqué de la France.
« À cet égard, la France exhorte l’Iran à s’engager immédiatement dans des négociations conduisant à un accord qui réponde à toutes les préoccupations liées à ses programmes nucléaires et balistiques ainsi qu’à ses activités déstabilisatrices. »
Cette déclaration est intervenue alors qu’Israël promettait des représailles pour l’attaque au missile perpétrée mardi matin. À Beer Sheva, qui a été très durement touchée au cours des douze jours de guerre contre la République islamique, au moins quatre personnes ont trouvé la mort lors de cette dernière frappe.
Israël affirme que son opération de grande envergure contre les principaux dirigeants du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le bras armé du régime iranien, les scientifiques nucléaires, les sites d’enrichissement d’uranium et le programme de missiles balistiques est nécessaire pour empêcher la République islamique, qui a juré de détruire l’État juif, de se rapprocher de la fabrication de l’arme atomique.
L’Iran a toujours nié chercher à se doter d’armes nucléaires. Toutefois, il a enrichi de l’uranium à des niveaux qui n’ont pas de finalité pacifique, a empêché les inspecteurs de l’AIEA de contrôler ses installations nucléaires et a développé ses capacités en matière de missiles balistiques. Israël a déclaré que Téhéran avait récemment pris des mesures en vue de se doter d’armes nucléaires.

L’Iran a riposté aux frappes israéliennes en lançant quelque 550 missiles balistiques et environ 1 000 drones sur Israël. Selon les autorités sanitaires et les hôpitaux, les attaques iraniennes ont fait 28 morts et des milliers de blessés en Israël.
Certains missiles ont touché des immeubles d’habitation, une université et un hôpital, causant d’importants dégâts.