Le collectif juif Tzedek dénonce le titre d’un article à charge l’accusant de proximité avec la « gauche pro-Hamas »
Si le magazine Franc-tireur met en évidence les positions très controversées de Tzedek depuis le 7 octobre, son titre « Tzedek ! Juifs mais pas trop » a été dénoncé par le collectif Golem, pourtant en désaccord avec Tzedek, comme une « essentialisation antisémite »

Tout a commencé par un article publié le 11 décembre 2024 dans le magazine Franc-tireur et intitulé « Tsedek ! Juifs mais pas trop ». L’article, à charge contre le « collectif juif décolonial » français, accuse Tzedek ! de servir de caution juive à la « gauche pro-Hamas » en chargeant « Israël de tous les torts envers des Palestinens forcément victimes ».
L’article développe plusieurs exemples pour justifier son argumentaire, allant de la proximité de Tzedek ! avec Houria Bouteldja, porte-parole des Indigènes de la République qui a rendu hommage sur ses réseaux sociaux à l’ancien chef du Hamas Ismael Haniyeh, à ses « amis douteux » de l’association Samidoun, considérée par les États-Unis comme une « fausse ONG » qui collecte des fonds pour l’organisation terroriste Front de libération de la Palestine (FPLP).
Le collectif a choisi de répondre dans Mediapart, le 17 février 2025, aux nombreuses accusations dont il fait l’objet depuis le pogrom du 7 octobre 2023 perpétré par le Hamas dans le sud d’Israël, et est notamment revenu sur l’article de Franc-tireur, qu’il accuse d’être un journal « islamophobe ».
Dans la même tribune, Tzedek ! dénonce des accusations portées à son encontre par l’Observatoire juif de France (OJF), le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et d’autres journalistes français. « Leur objectif est simple : faire du sionisme la seule identité juive légitime, de concert avec les principales instances de représentation juives françaises et l’État raciste français », estime le collectif.
« Depuis plusieurs mois, Tsedek ! fait l’objet d’une campagne d’attaques racistes nous accusant à mots plus ou moins couverts de traîtrise vis-à-vis des Juifs, voire remettant carrément en cause la judéité de nos membres », a-t-il par ailleurs déploré.

Tzedek ! conclut sa tribune en estimant que « depuis des mois, l’arc sioniste qui va de Golem à l’extrême-droite en passant par toutes les nuances du soi-disant ‘arc républicain’ prétend ainsi remettre en cause notre judéité, et nous dénie le droit de revendiquer notre histoire et de rendre hommage à nos morts. »
« À cela nous répondons au contraire qu’être fidèles à nous-mêmes, c’est nous rappeler que les persécutions qu’ont subies nos ancêtres procèdent d’un même continuum raciste que celui qui aujourd’hui en France vise les Noirs, les Arabes, les Musulmans, les Roms et les Asiatiques. »
Le collectif ne mentionne pas l’antisémitisme comme forme de racisme qui connaît une véritable flambée en France depuis le 7 octobre. Il dénonce en revanche une « campagne antisémite » menée à son encontre, et dont le titre de l’article de Franc-tireur serait le témoin.
L’histoire ne s’arrête pas là, puisqu’un autre collectif juif de gauche, qui s’oppose régulièrement aux positions de Tzedek !, a dénoncé le titre de l’article de Franc-tireur, qu’il accuse de faire preuve « d’essentialisation ».
Sur son compte X, Golem avait ainsi rappelé le titre de l’article, « Tzedek ! Juifs mais pas trop » au moment de sa publication, et parlait d’un « titre plus que problématique ». « Pas besoin de faire de l’essentialisation antisémite pour se positionner ouvertement en désaccord avec Tzedek !, comme nous le faisons. »
Suite à la tribune de Tzedek ! dans Mediapart, qui met notamment Golem en cause en l’accusant de faire partie d’un « arc sioniste », le collectif a déclaré : « Tsedek !, qui n’a pourtant de cesse de se compromettre avec des antisémites, se répand en injures et en mensonges à notre encontre. Ils nous amalgament ainsi aux attaques racistes proférées par Franc Tireur contre lesquelles nous les avons publiquement défendu ».
Que la présidente du groupe LFI à l'assemblée relaye ce type de mensonges à l'encontre de militant·es juifves de gauche devrait inquiéter largement pic.twitter.com/PShHJxsbRI
— Collectif Golem (@Collectif_Golem) February 17, 2025
Golem a également dénoncé le fait que Mathilde Panot, cheffe de file des députés du parti d’extrême-gauche La France insoumise à l’Assemblée nationale, avait partagé la tribune de Tzedek ! dans Mediapart sur ses réseaux sociaux.
La guerre au Proche-Orient semble avoir creusé un fossé entre différentes organisations juives de France.