Le contrat de Google avec Israël qui lui fait craindre pour sa réputation – média
Une lettre envoyée aux dirigeants de Google lui fait craindre que le projet Nimbus avec le gouvernement israélien ne mène à "des violations des droits de l'homme"
Il semble que les responsables de Google s’inquiètent que le contrat qui les lie à Israël – précisément au ministère de la Défense et au Shin Bet – permette à Israël de violer les droits humains des Palestiniens et nuise à sa propre réputation.
Selon une information publiée mardi dans le New York Times, des responsables du géant américain des nouvelles technologies ont évoqué ces préoccupations dans des documents adressés aux dirigeants de l’entreprise, en disant notamment que le contrat conclu avec le gouvernement israélien était suscpetible de nuire aux intérêts de l’entreprise.
Le Times a cité un document selon lequel des responsables ont alerté les dirigeants du fait que « les services Google Cloud pourraient contribuer à la commission de violations des droits de l’homme, à commencer par les activités israéliennes en Cisjordanie ».
Les responsables ont également mis en garde contre les atteintes à la réputation de l’entreprise.
C’est en 2021 que le géant de la technologie a dévoilé le projet Nimbus, marché d’1,2 milliard de dollars conclu entre Google, le gouvernement israélien et Amazon dans le but de fournir des services d’IA et de cloud computing partagés avec l’armée israélienne.
Le projet permet aux ministères israéliens et à d’autres entités de transférer des serveurs et des services dans des centres de données cloud fournis localement.
Ce contrat est conclu pour une durée initiale de sept ans, avec une prorogation possible jusqu’à un total de 23 ans. A l’issue des sept premières années, Israël est libre de faire appel à des fournisseurs additionnels voire de cesser de travailler avec les fournisseurs figurant dans ce marché.
En mai dernier, des centaines d’employés – actuels et passés – de Google ont organisé une manifestation en marge de la conférence annuelle des développeurs de l’entreprise, à Mountain View, en Californie, et demandé la rupture des liens avec Israël à cause de la guerre à Gaza.
Des manifestants s’étaient enchaînés à proximité de l’entrée de la conférence, forçant les participants à emprunter un autre accès : ils arboraient une grande banderole sur laquelle on pouvait lire « Google, arrête de contribuer au génocide ».
« Ce que vous n’entendrez pas de la part des intervenants d’aujourd’hui, c’est qu’en ce moment, au moment-même où je me tiens ici, devant vous, l’État d’Israël utilise la technologie de Google pour commettre le tout premier génocide alimenté par l’IA », avait déclaré l’un des manifestants, cité par The Guardian.
Les manifestants avaient affirmé, sans preuves, que le système technologique était déployé à des fins létales dans le cadre de la guerre à Gaza – accusation réfutée par Google.
En avril, Google avait annoncé le licenciement de 28 de ses employés ayant organisé des sit-in « perturbateurs » dans les bureaux de l’entreprise à New York et en Californie pour manifester contre le projet Nimbus.
L’article publié mardi par le Times montre que les inquiétudes de Google au sujet du projet Nimbus ne se limitent pas aux employés et que les supérieurs et dirigeants s’inquiètent des risques pour la réputation de l’entreprise de travailler directement avec le gouvernement israélien, sans compter les craintes que le cloud soit utilisé pour « violer les droits de l’homme ».
La guerre à Gaza a éclaté le 7 octobre 2023 lorsque le Hamas a commis un pogrom contre Israël qui a coûté la vie à 1 200 personnes, essentiellement des civils, et fait 251 otages.
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, plus de 44 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans la bande de Gaza depuis le début des hostilités – des chiffres invérifiables en l’état et qui ne font pas le distinguo entre civils et hommes armés.