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Le coronavirus en Israël ? « La guerre de Kippour sur le système de santé »

Le ministère de la Santé souffrirait d'un manque de coordination et de planification, ce qui se traduit par une impréparation malgré les signes avant-coureurs d'une catastrophe

Des travailleurs du Magen David Adom portant des vêtements de protection, le 30 mars 2020. (Crédit : Yossi Zamir/Flash90)
Des travailleurs du Magen David Adom portant des vêtements de protection, le 30 mars 2020. (Crédit : Yossi Zamir/Flash90)

L’été 2006 fut un coup de semonce pour le front intérieur. Il s’est avéré, pendant la Seconde guerre du Liban, que les civils israéliens n’étaient pas assez protégés, que ce soit face à un conflit militaire d’envergure ou face, comme l’a ultérieurement décrit le ministère de la Santé, à un « épisode épidémique ».

L’année d’après, le contrôleur de l’État publia un rapport dans lequel il fustigeait l’impréparation du ministère de la Santé face aux situations d’urgence et appelait à un changement.

Près de 13 ans plus tard, en pleine crise sanitaire, la pire qu’ait jamais connue Israël, la version en hébreu du Times of Israël, le site Zman Yisrael, en collaboration avec Shomrim, le centre pour les médias et la démocratie, a enquêté sur des années de négligence et d’austérité au sein du secteur de la santé dans son ensemble.

Le ministère de la Santé a – selon de nombreux fonctionnaires, actuels et anciens, qui se sont exprimés sous couvert d’anonymat – tragiquement raté l’occasion de combler les lacunes dans sa préparation au cours des premiers mois de l’actuelle pandémie de coronavirus, avant son arrivée sur le territoire israélien.

Le professeur Meir Oren, un ancien directeur général du ministère de la Santé et ancien directeur de l’hôpital Hillel Yafe à Hadera, a comparé la situation actuelle au pire désastre sécuritaire en Israël  – son incapacité à anticiper l’attaque surprise sur deux fronts à l’automne 1973. Aujourd’hui, a-t-il dit, nous assistons à « la guerre de Kippour sur notre système de santé ».

Meir Oren connaît très bien les plans d’urgence sanitaire du pays. Depuis le début des années 2000, il met en garde les dirigeants des secteurs sanitaires et financiers d’Israël, en personne et par écrit, que le pays n’est pas du tout préparé à la propagation d’une épidémie. En pleine pandémie de Covid-19, il a refusé de donner les détails de ces défaillances à Zman Yisrael, mais a accepté de parler de choses plus générales.

Le professeur Meir Oren, un ancien directeur-général du ministère de la Santé et ancien directeur de l’hôpital Hillel Yafe à Hadera. (Capture d’écran Youtube)

Soulignant des défaillances « vastes et complexes » dans l’ensemble du secteur, Oren a déclaré que le nœud du problème était la « négligence budgétaire », qu’il a décrite comme une forme de « famine à laquelle tous les gouvernements de ces 25 dernières années ont contribué ».

Le fait d’avoir placé le système de santé relativement bas sur la liste des priorités nationales « est un échec conceptuel et systémique. Ce qui se passe actuellement avec l’épidémie de corona[virus] ne fait qu’exposer la nudité du système », a-t-il affirmé.

Le tiroir vide

Au début de la lutte contre le Covid-19 en Israël, le ministère de la Santé était supposé, selon de multiples sources, avoir ce que les Israéliens appellent un « plan tiroir », un plan d’action prédéfini pour un scénario prévisible.

Celui-ci devait inclure des politiques et des objectifs, des plans d’actions, des inventaires et des plans d’acquisition. Cela a fait l’objet d’enquêtes de plusieurs contrôleurs de l’État en 2007, en 2014 et en 2020, et le décalage entre les recommandations et la réalité sur le terrain était, et reste, sombre et inquiétant.

Le rapport de 2020 se penche sur la réaction du ministère à l’épidémie de rougeole en Israël entre mars 2018 et octobre 2019. Près de 4 300 personnes ont contracté la maladie, trois en sont mortes. C’était, en quelque sorte, une répétition générale pour la situation actuelle.

Des travailleurs du Magen David Adom portant des vêtements de protection évacuent un homme suspecté d’être atteint de coronavirus vers l’hôpital Shaarei Tsedek à Jérusalem, 30 mars 2020. (Yossi Zamir/Flash90)

Mais la rougeole, à l’inverse du Covid-19, est une entité connue, avec un vaccin connu, bien qu’il y ait des pans de la population réticents à la vaccination, ou des personnes qui ne sont pas immunisées, ou que partiellement, parce que leur vaccin est trop ancien. Ces deux données montrent clairement qu’une épidémie dans un futur proche est également possible.

Le ministère de la Santé s’y est-il préparé ? A-t-il mis en oeuvre les recommandations de précédents rapports des contrôleurs de l’État ? En 2020, le contrôleur de l’État a établi qu’il n’y « a pas de ‘plan tiroir’ connu et organisé en vigueur. [Aucun] plan tiroir pour la gestion d’une épidémie d’une maladie infectieuse. »

En août 2008, le ministère de la Santé avait élaboré un plan de bataille générique pour combattre les épidémies biologiques rares, a souligné le contrôleur. Cela inclut la pandémie de grippe, Ebola et l’anthrax.  Cela n’incluait pas le réapprovisionnement en vaccins contre la rougeole, qui a été cruellement nécessaire pendant la crise épidémique, ni de plan d’action contre un virus inconnu comme le Covid-19. L’absence de plan tiroir – à l’inverse de la préparation de l’Allemagne, par exemple – est, selon de nombreux experts médicaux, ce qui a conduit au chaos qui règne aujourd’hui.

Les experts ont cité, à titre d’exemple, la façon dont la propagation du Covid-19 a été documentée, ce qui a donné lieu à de la confusion et de l’incertitude auprès des professionnels de santé.

« Ça a commencé par un patient potentiel, à qui l’on a demandé de signaler tout symptôme suspect », a indiqué un responsable de l’un des centres de soins nationaux. « Ce qui a conduit le ministère de la Santé à ne pas réaliser ce que nous avons déjà observé dans les centres de soins : que c’est une forme de signalement très fluide, qui, trop souvent, ne reflète pas l’état de la personne ni les endroits qu’il a fréquentés. »

Le ministère de la Santé a apparemment pris conscience de ce problème. Il a alors changé son fusil d’épaule et tenté d’autres approches : envoyer les porteurs potentiels en quarantaine et se servir des méthodes de surveillance cellulaire du Shin Bet pour traquer les porteurs potentiels et confirmés. L’efficacité de ces mesures reste floue. Cependant, si un plan avait été étudié, il aurait pu être mis en application immédiatement et non improvisé à la volée.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Santé Yaakov Litzman tiennent une conférence de presse sur le coronavirus au ministère de la Santé à Jérusalem, le 4 mars 2020. (Crédit
: Olivier Fitoussi/Flash90)

Autre problème significatif, celui qui se révèle être le plus marqué de cette crise : la quantité de tests de dépistage disponibles.

Avant que l’épidémie n’arrive en Israël, et malgré les mises en garde de l’OMS, le ministère de la Santé n’a pas pris la peine d’établir un nombre suffisants de laboratoires, et ne l’a pas non plus fait après le début de l’épidémie. De plus, plusieurs responsables au sein du ministère ont suggéré que le dépistage de masse n’était pas nécessaire.

Deux semaines plus tard, le ministère a brusquement fait volte-face et s’est donné comme objectif de tester 30 000 personnes quotidiennement.

Des responsables haut placés au sein du système de santé ont été très critiques. Selon eux, seule une vaste enquête menée auprès de larges pans de la population, y compris ceux qui ne présentent pas de symptômes, donnera une indication solide de la propagation de la maladie. « C’est le renseignement le plus élémentaire nécessaire dans la guerre contre le virus », a dit l’un d’eux, « et c’est quelque chose qu’ils ne font tout simplement pas ».

Les défis entourant le dépistage de la population ne s’arrêtent pas là. Aujourd’hui, en Israël, si une personne se sent malade, elle peut être testée chez elle par le Magen David Adom ou être orientée vers un centre de dépistage de type drive-in. Les échantillons prélevés sont envoyés dans un laboratoire. Si la personne testée est affiliée au centre de soins dont le laboratoire relève lui-même, alors les résultats sont transmis à ce centre et communiqués au patient. Autrement, les résultats sont adressés au ministère de la Santé, qui contacte le centre de soins duquel dépend le patient, ou communique directement l’information. Le processus est donc assez chronophage.

Du personnel médical dans un laboratoire affilié à la Meouhedet. (Crédit : ministère de la Santé)

« Pourquoi tout ce manège ? » a demandé un responsable de l’un des prestataires de soins d’Israël. « Il n’y a que quatre prestataires de soins (publics) en Israël, pas 40… Certaines personnes doivent attendre dix jours pour obtenir leurs résultats. Cela revêt une importance cruciale en termes d’épidémiologie ».

Arie Paz, ancien contrôleur du ministère de la Santé, a déclaré, de manière catégorique, qu’Israël, de manière générale, et le ministère de la Santé en particulier, ne sont pas préparés à une épidémie, mais pas par manque de temps.

« L’épidémie de rougeole il y a deux ans nous a pris par surprise et a montré et prouvé que le système de santé israélien ne s’était jamais préparé à l’éventualité d’une épidémie », a déploré Arie Paz. « Nous sommes les champions de l’impréparation, et encore plus en temps d’urgence, et c’est une maladie chronique et héréditaire qui prévaut dans le système de santé depuis des années. Il y a un dicton en espagnol : nul n’est plus aveugle que celui qui refuse de voir. C’est notre syndrome ».

Le (prétendument) modeste écouvillon

Si vous demandez aux médecins hospitaliers dans l’ensemble du pays pourquoi, à leur avis, le dépistage n’a pas été étendu à l’ensemble de la population, ils vous répondront, pour la plupart, que l’on manque d’écouvillons.

« Israël est capable d’attaquer le territoire iranien et a presque réussi à faire atterrir un engin sur la Lune, mais est incapable de fabriquer un écouvillon, un bâtonnet surmonté de coton. C’est illogique et incroyable », a dénoncé un responsable du système de santé.

Il a ajouté qu’il est quasiment certain que si quelqu’un était allé voir le Premier ministre, n’importe lequel, et lui avait dit qu’en l’espace d’un mois, le pays pouvait produire un million d’écouvillons pour un million de shekels, avec une durée de conservation de 10 ans, le Premier ministre aurait donné son accord. « Mais en raison d’un manque de synchronisation, personne n’a pris les devants. »

Un jeune ultra-orthodoxe se fait tester pour le coronavirus, à Bnei Brak, le 31 mars 2020. (Crédit : Ariel Schalit/ AP)

Un autre responsable a argué que « le problème n’est pas d’ordre budgétaire, mais organisationnel ». Un million de shekels pour autant d’écouvillons, c’est une somme infime, et une décision facile à prendre », a-t-il dit. « La question ici, c’est le manque de considération organisationnelle, le fait de marquer un temps d’arrêt et de dire : ‘réfléchissons à quoi faire en cas d’urgence' ».

Ce manque apparent d’anticipation s’est manifesté ailleurs. Par exemple, l’état des tenues médicales et du stock de médicaments dans l’inventaire d’urgence.

« Si une blouse jetable a une durée de conservation de 20 ans après la date d’achat, il faut l’acheter pour les réserves d’urgence, et après 15 ans d’inutilisation, on les met en service dans les hôpitaux et on rachète un stock d’urgence. C’est comme cela qu’on se réapprovisionne. Mais cela n’a pas été fait, et l’on se retrouve avec un manque de matériel bien plus grave que prévu », a déploré le responsable d’un hôpital israélien, qui s’est porté signataire, le 23 mars, d’une pétition appelant à la démission du directeur général du ministère de la Santé, Moshe Bar Siman Tov.

Le courrier stipulait que ce dernier « prenait des décisions qui sont à des années-lumière de la réalité clinique sur le terrain ».

De gauche à droite : Sigal Sadetsky, chef des services de santé publique du ministère de la Santé, Moshe Bar Siman-Tov, directeur général du ministère, et Yaakov Litzman, ministre de la Santé, devant le laboratoire central du ministère de la Santé au centre médical Sheba à Ramat Gan, le 4 février 2020. (Crédit : Flash90)

Les propos tenus par le responsable évoquaient l’acquisition, en 2010, de kits de protection contre les épidémies pour les cliniques. L’inventaire de ce matériel, comprenant des blouses jetables et des masques chirurgicaux N95, n’a jamais été mis à jour et se trouve maintenant, en partie, arrivé à expiration.

En conséquence, les centres de soins courent après les fonctionnaires du ministère pour essayer d’obtenir l’autorisation d’utiliser des équipements périmés, dont certains ne sont plus récupérables. Comme l’a dit l’un des fournisseurs de soins de santé, « si le filtre du masque fonctionne toujours, mais que le masque lui-même se décompose, il est inutile ».

Politique à long terme ? Pas ici

De nombreux professionnels sollicités pour cet article ont affirmé que des années de politique incohérente ont été mises en évidence par la crise actuelle, et même si, au début de l’année, il y avait moyen de changer la donne, si la sonnette d’alarme avait été tirée à temps.

« Tout comme Waze nous avertit qu’il y a un danger 500 mètres devant nous, le monde nous a indiqué qu’une épidémie allait nous tomber dessus », a souligné un autre responsable.

Cette alerte avait sonné début janvier, quand l’OMS avait déclaré que le coronavirus allait probablement prendre la tournure d’une pandémie et que les pays devaient se préparer à son arrivée.

Des techniciens de laboratoire réalisent des tests de coronavirus. (Crédit : ministère de la Santé)

« À ce stade, il aurait fallu organiser des réunions, présenter des scénarios et des réactions et prendre des décisions. Par exemple, peut-on s’en sortir sans écouvillons ? Non. Pouvons-nous vivre sans 100 000 lits d’hôpital ? Oui. Sur la base de ces informations, vous organisez. Il faut un million de shekels pour un million d’écouvillons ? Vous ne tardez pas et vous vous équipez. Pareil pour les masques et les blouses. Mais de toute évidence, cela n’a pas été fait », a accusé la source.

Les fournitures d’urgence n’ont pas été achetées, les laboratoires et les hôpitaux n’ont pas été préparés et le personnel médical n’a pas été préparé ni formé, a-t-elle ajouté.

Projetons-nous dans un mois. Le virus s’est propagé à l’international. Une poignée d’Israéliens est tombée malade, dont quinze ressortissants israéliens qui se trouvaient à bord d’un bateau de croisière accosté au large du Japon. Le 13 février, le ministre de la Santé Yaakov Litzman a annoncé que le docteur Itamar Grotto, adjoint au directeur général et médecin le plus haut placé au sein du ministère, irait au Japon pour y superviser le traitement des Israéliens. Aux yeux de certains, cela a été une grave erreur de jugement.

Itamar Grotto, directeur général adjoint du ministère de la Santé israélien, en quarantaine pendant la pandémie de coronavirus, le 24 février 2020.(Crédit : Facebook)

« C’est au chef d’état-major d’envoyer son adjoint à l’étranger en temps de guerre, et cela survient dans une période où le directeur général n’est lui-même pas médecin », a dénoncé une source.

De plus, Itamar Grotto s’est principalement chargé de tâches administratives quand il était à l’étranger et a été contraint de se mettre en quarantaine à son retour. « Ce n’est pas comme ça que les choses doivent se faire », a ajouté la source.

Et ce n’était pas non plus nécessaire pour la planification à long terme de l’urgence. Le responsable de l’un des quatre prestataires de soins a donné l’exemple des appareils à rayons X portables. Ces engins sont plus coûteux que les machines fixes, mais si quelqu’un avait pensé qu’il y aura, un jour, besoin de faire des radios des poumons sur de nombreux patients, les hôpitaux auraient eu pour instruction d’acheter plusieurs versions coûteuses.

« Personne, dans le département chargé des urgences, n’est allé voir le directeur général et lui dire ‘écoutez, voilà ce qui va se passer’, a dit la source. « Les rouages ne sont pas synchronisés ».

Pendant des années, a affirmé le responsable d’un hôpital, le secteur de la santé, malmené, a subi d’importantes coupes budgétaires. « Et vous vous demandez s’ils ne se rendent pas compte que les gens vont le payer de leur vie ? Ils ont toujours pensé que le jour du jugement ne viendra pas », a ajouté le responsable. « Eh bien nous y voilà ».

Des secouristes de Magen David Adom. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Le ministère de la Santé invoque son droit de réponse

En réponse aux allégations avancées dans cet article, le ministère de la Santé a émis un communiqué écrit, indiquant qu’il « apprenait » du rapport du contrôleur de l’État et que certaines des recommandations entraient en vigueur à mesure que l’épidémie se poursuivait.

« Nous espérons et pensons qu’un rapport publié en pleine crise du coronavirus sera utilisé comme outil d’apprentissage et comme critique constructive, plutôt que comme un bâton pour se faire battre », peut-on lire dans le communiqué.

Selon le ministère de la Santé, les préparatifs à l’épidémie ont commencé mi-janvier, y compris par l’acquisition d’équipements de protection, de respirateurs, de tests de dépistages du coronavirus et la préparation d’ailes destinées aux quarantaines dans les hôpitaux et les cliniques.

Un employé du Magen David Adom sur un site de drive-in pour collecter des échantillons en vue de tests de coronavirus, Tel-Aviv, 20 mars 2020. (Tomer Neuberg/Flash90)

Le communiqué affirme qu’Israël était « l’un des premiers pays à prendre la mesure de la gravité de la maladie », et que le ministère de la Santé, en collaboration avec le conseil de la sécurité nationale, a pris des mesures drastiques, notamment la fermeture des frontières, qui n’ont été prises que plus tard par les autres pays.

« En ce qui concerne l’épidémie de rougeole mentionnée dans l’article : Israël est l’un des pays à avoir le mieux géré la pandémie de rougeole », précise le communiqué.

« Israël a réussi à faire baisser le nombre d’infections à moins de 10 par mois. Depuis le début de la nouvelle année, cinq nouveaux cas ont été enregistrés : quatre en janvier, un en février, et aucun en mars. C’est grâce à la qualité des services fournis par le système de santé public au sein du ministère et grâce aux efforts déployés par les infirmières dans les centres médicaux dédiés à la petite enfance », ajoute le ministère.

Cet article a été adapté de la version en hébreu initialement publiée sur le site Zman Yisrael. Le rapport d’investigation a été rendu possible grâce à Shomrim, le centre pour les médias et la démocratie.

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