Le départ malavisé de Gantz : Gallant ne suivra pas et Netanyahu s’en fiche royalement
Le chef de HaMahane HaMamlahti était essentiel au cabinet de guerre ; son départ renforce l'extrême droite et les conséquences pourraient être dévastatrices
Benny Gantz espérait, dans son discours peu convaincant annonçant son intention de quitter le gouvernement, amorcer le démantèlement de ce dernier.
Tout comme le chef de l’opposition Yair Lapid, Gantz semble croire qu’en agissant par le biais d’une motion de censure constructive ou en rassemblant une majorité à la Knesset, il peut organiser des élections anticipées, et il a lancé un appel direct à un premier candidat potentiel pour rallier sa cause.
« Yoav, vous êtes un patriote résolu et courageux », a affirmé Gantz en félicitant le ministre de la Défense, Yoav Gallant, son ancien collègue du cabinet de guerre. « J’ai appris à vous apprécier encore plus ces derniers mois. Faites le nécessaire. »
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Le « nécessaire », selon Gantz, serait de voir Gallant quitter le Likud et de contribuer à faire tomber le gouvernement de l’extérieur. Mais cela n’arrivera pas.
Gallant partage l’opinion de Gantz sur le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Mais il ne quittera pas le Likud.
Ces dernières semaines, la position de Gallant au sein du parti s’est même renforcée et il est en train de devenir le leader officieux du camp de ceux qui ne veulent pas de Netanyahu. Cela se reflète dans les sondages internes, dans lesquels il est en bas de la liste des 10 premiers du parti.
Par conséquent, Gallant rejettera les appels de Gantz. Il est même possible qu’il en veuille à Gantz et au numéro 2 de HaMahane HaMamlahti, Gadi Eisenkot, de l’avoir abandonné.
La principale question suite au départ de Gantz en pleine guerre est de savoir comment il compte procéder à présent. Les dirigeants de HaMahane HaMamlahti se sont engagés à agir de manière responsable au sein de l’opposition, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Knesset.
« Nous ne sommes pas Yaïr Golan », a déclaré une source proche de Gantz au Times of Israel, en référence au tempérament affirmé du nouveau chef du parti Avoda. « Ce n’est pas notre style. Nous nous serons une opposition responsable et constructive, et nous exigerons des élections », a déclaré l’homme de confiance de Gantz.
« Nous n’avions pas d’autre choix que de partir », a-t-il ajouté. « À court terme, il ne se passera pas grand-chose, mais à long terme, c’est notre seul moyen de changer le gouvernement. Sur le plan stratégique, rien n’a changé. Rien ne bouge [au sein du gouvernement] … Ce n’est que de la politique. Il n’y a aucune confiance entre les parties. »
« On nous accuse de tout laisser entre les mains de Bezalel Smotrich et d’Itamar Ben Gvir [leaders de l’extrême droite] ? Netanyahu est en train de capituler devant eux, même dans l’état actuel des choses. »
Gantz espère également que les manifestations antigouvernementales gagneront en ampleur à la suite de son geste et des graves accusations qu’il a portées contre le gouvernement. Mais Netanyahu n’est pas impressionné. Il a d’autres plans. Il va tout simplement continuer à agir comme il l’a fait jusqu’à présent, mais de manière encore plus intense à partir de maintenant.
Netanyahu va consolider sa coalition contre les menaces politiques extérieures, car c’est sa principale préoccupation. Son faible appel à Gantz pour qu’il reconsidère son départ a souligné la nature de ses priorités.
« Si Netanyahu avait vraiment voulu que nous restions, il aurait agi différemment et ne se serait pas contenté de publier un tweet », a déclaré le confident de Gantz. « S’il avait investi en nous 10 % des efforts qu’il a déployés avec les ultra-orthodoxes au sujet de la loi sur la conscription militaire, les choses auraient été différentes. Nous ne l’intéressons pas. Seul son bloc compte pour lui. »
Gantz et Eisenkot avaient une excellente raison de rejoindre le gouvernement immédiatement après le 7 octobre. Tsahal et le chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi, préconisaient une attaque contre le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, en opposition à la volonté du président des États-Unis, Joe Biden, et de Netanyahu. L’entrée des ministres de HaMahane HaMamlahti dans le cabinet de guerre a mis un terme à ces projets à la dernière minute.
Leur présence a été cruciale dans de nombreux cas au cours des derniers mois. Gantz n’a en réalité aucune raison valable de partir alors que la guerre fait encore rage, et encore moins à la veille de ce qui pourrait être une opération massive et sans précédent au Liban.
Le départ de Gantz et de son parti du gouvernement retarde également la conclusion d’un accord sur les otages. Ben Gvir en prendra désormais le contrôle et chaque menace qu’il fera peser sur Netanyahu sera plus substantielle, lui conférant ainsi une influence encore plus grande.
Dimanche, Ben Gvir demandait déjà à être nommé au cabinet de la Guerre à la place de Gantz. Netanyahu préférera probablement dissoudre ce forum plutôt que de s’asseoir avec Ben Gvir et Smotrich pour gérer cette guerre difficile.
Sans accord sur les otages, il n’y aura bien sûr, pas non plus de cessez-le-feu au Liban, pas de percée avec les Saoudiens, pas d’alliance modérée contre l’Iran, pas de fin de la guerre – exactement comme le souhaite Ben Gvir. Et tant que la guerre se poursuivra, il n’y aura pas de commission d’enquête d’État sur les échecs qui ont permis le 7 octobre, précisément comme le souhaite Netanyahu.
En d’autres termes, l’après-Gantz, verra un gouvernement dominé par la droite, sous l’emprise des messianistes, et il conduira Israël vers l’inconnu – certains diront, vers l’abîme.
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