Le député Rothman brièvement piégé par des manifestants au Congrès sioniste mondial
Le député, à l'origine du projet de réforme contesté, a été enfermé dans une pièce, sous les huées des manifestants, à l'extérieur, qui criaient « Honte » et « Démocratie »

Des dizaines de manifestants se sont massés devant la pièce dans laquelle l’architecte de la réforme judiciaire, le député Simcha Rothman, prenait la parole devant la Congrès sioniste mondial à Jérusalem, ce vendredi, le piégeant brièvement à l’intérieur jusqu’à ce qu’il soit secouru par la police.
L’incident s’est produit à l’issue de plusieurs séances de vote tumultueuses au Congrès, notamment sur des motions visant à condamner la réforme judiciaire et d’autres politiques gouvernementales.
Une vidéo de la scène donne à voir des manifestants, massés à l’extérieur de la salle du Centre international des congrès de Jérusalem, qui crient « Démocratie » et « Honte » alors que Rothman, député du Parti HaTzionout HaDatit et l’un des architectes de la réforme judiciaire controversée de la coalition, se trouve de l’autre cote de la porte fermée à clef, avec des gardes qui interdisent l’entrée des manifestants.
Les médias israéliens ont indiqué que la police était intervenue pour exflitrer le député par une porte arrière au bout d’une trentaine de minutes, alors que la foule de manifestants chantait l’Hatikvah, l’hymne national d’Israël.
Rothman était venu rencontrer les délégués de droite de ce Congrès extraordinaire, convoqué à l’occasion du 75e anniversaire de l’indépendance d’Israël, mais qui s’est tenu sur fond de manifestations contre la réforme judiciaire voulue par le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
אירוע מעניין שמתפתח עכשיו בקונגרס הציוני בבנייני האומה בירושלים:
צירי הקונגרס הציוני, יהודים מישראל ומחו״ל, מפגינים מחוץ לחדר שבו נמצא שמחה רוטמן, שלא מצליח לצאת ונותר בחדר. שוטרים הגיעו למקום pic.twitter.com/6qPdV94l0s— Or-ly Barlev ???? אור-לי ברלב (@orlybarlev) April 21, 2023
Les membres des groupes de gauche et centristes du Congrès Sioniste Mondial, qui compte environ 2 000 délégués, ont soumis plusieurs projets de motions critiquant la réforme, qui vise à transférer certaines prérogatives du pouvoir judiciaire aux branches législative et exécutive, dans des mesures qui, selon les critiques, risquent d’altérer les fondements de la démocratie israélienne.
Alors qu’une majorité en faveur de ces motions émergeait, les délégués de droite ont insisté, jeudi, pour passer à un vote plus détaillé que la procédure accélérée qui avait été convenue, ce qui a occasionné des retards.
Le Présidium du Congrès sioniste mondial, qui décide des procédures applicables, a voté pour reporter les votes et les tenir en ligne à une date ultérieure.
Le Congrès Sioniste Mondial, qui se termine cette semaine, a lieu avant l’Assemblée générale des Fédérations juives d’Amérique du Nord, qui doit s’ouvrir dimanche à Jérusalem.
L’Assemblée générale des Fédérations juives d’Amérique du Nord a également critiqué le principe de la réforme judiciaire.
Les votes du Congrès sioniste mondial ne sont pas contraignants et l’organisation a peu d’influence sur la politique gouvernementale. Toutefois, ses votes ont une signification symbolique car il comprend des délégués juifs de nombreux pays et c’est en outre l’une des plus anciennes organisations sionistes du monde, fondée par Theodor Herzl en 1897.

Les partisans de la réforme, dont les travaux ont été suspendus jusqu’en mai suite aux manifestations qui ont brièvement paralysé l’économie israélienne, estiment qu’elle contribuera à renforcer l’assise démocratique du pays en introduisant davantage de responsabilité qui, selon eux, fait actuellement défaut au pouvoir judiciaire.
« Avec l’Assemblée générale en vue, le bloc de droite, qui dit promouvoir la démocratie, a choisi d’entraver les processus démocratiques pour tenter de faire taire la voix de la diaspora juive, critique et inquiète de cette dangereuse réforme », a déclaré au Times of Israel Anna Kislanski, directrice générale du Mouvement israélien pour la réforme et le judaïsme progressiste.
« Ce n’est pas seulement lâche et antidémocratique, mais également voué à l’échec. »
Kislanski a ajouté qu’elle s’attendait à ce que des manifestations aient lieu à l’extérieur, et peut-être même à l’intérieur de l’Assemblée générale, du fait de la venue de Netanyahu, en sa qualité de Premier ministre, comme il est d’usage en pareille circonstance.