Le dessalement de l’eau reprend à à Gaza, après des travaux effectués par Israël et l’AP
La réparation de la centrale de Deir al-Balah, reliée au réseau électrique israélien, est considérée comme un potentiel premier pas pour l'implication de l'Autorité palestinienne dans le Gaza d'après-guerre
La reprise des activités mi-novembre d’une usine de dessalement d’eau de mer dans la bande de Gaza permet un retour discret d’un service public dans le territoire palestinien, confronté à une pénurie d’eau critique après plus d’un an de guerre.
Depuis son raccord à l’électricité, la station produit selon l’Unicef environ 16 000 m3 d’eau par jour et dessert plus de 600 000 personnes, par l’intermédiaire de camions-citernes ou via le réseau des gouvernorats de Deir al-Balah et Khan Younès, dans le centre et le sud de Gaza.
« Sa capacité de production reste limitée face aux besoins immenses », dit à l’AFP une source au sein de l’Autorité palestinienne de l’énergie et des ressources naturelles (Penra).
Le WASH Cluster, qui réunit les organisations humanitaires du secteur de l’eau, rapporte que la distribution d’eau est devenue très complexe, notamment parce que les canalisations du réseau ont été lourdement endommagées, mais aussi parce que les Gazaouis, dont beaucoup vivent dans des abris de fortune après avoir été déplacés par les bombardements, n’ont pas de quoi stocker l’eau.
Ligne électrique israélienne
Située près de Deir al-Balah, l’usine de nouveau opérationnelle est l’une des trois stations de dessalement d’eau de mer du territoire, qui répondaient avant la guerre à environ 15 % des besoins en eau de la population.
L’impact concret de la reprise de ses activités est encore restreint, mais elle pourrait avoir une portée politique significative.
Le long processus ayant précédé cette reprise a d’ailleurs été scruté par les observateurs internationaux puisqu’il a réuni plusieurs acteurs qui pourraient être impliqués dans la gouvernance future de la bande de Gaza, un sujet important alors que les espoirs d’un cessez-le-feu entre Israël et le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas ont été récemment ravivés.
Au fil des mois après le déclenchement de la guerre par l’attaque d’une ampleur inédite du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, la station avait maintenu ses opérations a minima, grâce à des panneaux solaires attenants et des générateurs fonctionnant au carburant, qui n’entre qu’au compte-gouttes dans la bande de Gaza.
Elle ne pouvait reprendre ses opérations à pleine capacité qu’en étant à nouveau connectée à l’une des lignes de courant alimentées par Israël, qui fournit ce service, payant, à l’Autorité palestinienne.
L’Unicef, qui apporte un soutien technique à cette infrastructure, indiquait fin juin à l’AFP avoir conclu un accord avec Israël pour la réalimenter en électricité.
Dans la foulée, le Cogat, organe du ministère israélien de la Défense supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, avait annoncé avoir connecté cette usine de dessalement à son réseau électrique. Mais la ligne censée alimenter les lieux était trop endommagée.
« Les travaux ont duré cinq mois pour réparer la ligne provenant de Kissufim (en Israël) », dit à l’AFP Mohammed Thabet, porte-parole de la compagnie d’électricité de Gaza. « Ce sont des solutions d’urgence et temporaires. »
Solutions pratiques
Des sources de sécurité israéliennes affirment à l’AFP que les partenaires israéliens de cette opération ont suivi « les instructions de l’échelon politique » et que le projet s’inscrivait dans le cadre d’un effort visant à prévenir une épidémie qui pourrait mettre en danger la vie des otages encore détenus à Gaza.
On estime que 96 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 34 otages dont le décès a été confirmé par l’armée.
Israël « a facilité le raccordement de la ligne électrique spécifiquement à l’usine de dessalement », a déclaré la source, ajoutant qu’un mécanisme était en place pour suivre l’utilisation afin « d’empêcher le vol d’électricité ».
Plusieurs sources diplomatiques soulignent par ailleurs dans des entretiens avec l’AFP l’engagement d’acteurs palestiniens, y compris en lien avec l’Autorité palestinienne.
Cette dernière espère jouer un rôle dans la gouvernance d’après-guerre à Gaza, alors que ses liens se sont distendus avec la bande côtière depuis la prise du pouvoir par le Hamas dans ce territoire en 2007.