Le fils de Gurlitt se dit prêt à discuter de la restitution de certaines œuvres
Le fils du collectionneur nazi avait refusé de dévoiler l'origine de sa collection d'une valeur estimée à 1,4 milliard de dollars
Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »
Les avocats de Cornelius Gurlitt ont indiqué au Wall Street Journal vendredi 24 janvier, que celui-ci était prêt à discuter des accords pour rendre certains tableaux.
Les tableaux en question sont des œuvres trouvées dans sa collection de quelque 1 400 œuvres, elles auraient été volées par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Sa collection avait été confisquée au cours d’une enquête liée à une fraude fiscale par les autorités de l’Etat de Bavière en Allemagne en 2012.
L’importante collection de Munich a été découverte au printemps 2012, mais n’a été rendue publique qu’en novembre 2013 dans un article de magazine Focus, en violation des Principes de Washington. L’Allemagne a en effet adopté ces lignes directrices pour traiter des œuvres volées par les nazis.
Avec un potentiel de 1,4 milliard de dollars en jeu, l’affaire louche a suscité un intérêt international pour la restitution des œuvres d’art. L’Allemagne est surveillée de près alors qu’elle gère cette affaire ainsi que d’autres cas importants.
Cornelius Gurlitt, 81 ans, est le fils de l’un des marchands d’art de confiance d’Hitler, Hildebrandt Gurlitt. La description de l’homme dans la presse allemande varie entre la victime et le reclus fou.
Dans une longue interview au quotidien Der Spiegel de novembre dernier, l’octogénaire a exprimé sa réticence quant à discuter de la provenance de sa collection. Il a également dit : « Quand je serai mort, ils pourront en faire ce qu’ils veulent. »
Dans ce qui semble être un renversement de situation, l’avocat Hannes Hartung, embauché en décembre, a annoncé au Wall Street Journal que Cornelius Gurlitt était prêt à « prendre la responsabilité. »
Les experts en restitution d’art ont estimé le nombre d’œuvres qui auraient été volées à approximativement 900 (bien que le WSJ en cite que 500). Cependant Hannes Hartung souligne qu’ « Il y a très peu de tableaux qui pourraient éventuellement être issus du pillage. »
Après la trouvaille, le Trésor artistique de Munich (Schwabinger Kunstfund), un groupe de travail d’experts en restitution d’œuvres d’art et d’historiens de l’art, a été rapidement mis en place. Le groupe est dirigé par l’historien très respecté Ingeborg Berggreen-Merkel. Ce dernier a fondé une plate-forme qui comprend des membres travaillant dans le monde entier.
Le gouvernement israélien, désireux de jouer un rôle dans l’affaire, a proposé deux membres : Yehudit Shendar, directrice-adjointe et conservatrice d’art supérieur à Yad Vashem, et Shlomit Steinberg, conservatrice Hans Dichand de l’art européen au Musée d’Israël.
La « Conference on Jewish Material Claims Against Germany », un conglomérat d’organisations juives, basé à New York, a également suggéré Sophie Lillie et Agnes Peresztegi comme membres.
En outre, le ministre de la Justice de Bavière, Winfried Bausback, a proposé une modification de la loi actuelle. Cette modification permettrait aux plaignants de demander un dédommagement en cas de restitution d’une œuvre de la Seconde Guerre mondiale, ayant dépassé la période de 30 ans
La deuxième lecture du projet de loi est fixée pour une session du Bundesrat, [Conseil fédéral des 16 Länder allemands] qui se déroulera le 14 février 2014. S’il est approuvé, il sera également lu à la Chambre basse (Bundestag).
L’article du WSJ suggère que certaines œuvres d’art sont peut-être en mauvais état et stockées dans de mauvaises conditions.