Le frère haredi du chef du Mossad, rescapé du drame de Meron, revient sur les faits
Zohar Barnea dit qu'il est allé pèleriner à Lag BaOmer pour prier pour la nomination de David à la tête de l'agence d'espionnage

Le frère du chef du Mossad, David Barnea, est revenu sur l’expérience éprouvante qu’il a vécue lors de la catastrophe survenue en avril au mont Meron, où 45 personnes ont été tuées dans un mouvement de foule lors d’un événement religieux dans le lieu saint situé dans le nord.
Zohar Barnea, affilié à la mouvance haredi, a raconté à la Treizième chaîne comment lui et son fils ont été happés par le flot de personnes alors qu’un escalier bondé du site se transformait en piège mortel.
« Je suis arrivé ici avec mon fils vers minuit quarante. Nous avons commencé à monter le chemin et sommes restés coincés… Nous sommes restés debout pendant plusieurs minutes qui nous ont semblé une éternité », s’est-il souvenu en visitant à nouveau le site avec les caméras de la chaîne.
« J’ai vécu un miracle. Les gens autour de moi ont commencé à suffoquer. J’ai enlevé mon chapeau et j’ai commencé à leur donner un peu d’air », a-t-il dit en simulant un mouvement d’éventail.
« Ce qui m’inquiétait le plus, c’était mon fils. Il se tenait un peu au-dessus de moi. Je n’arrêtais pas de lui crier ‘Est-ce que tu respires ? Qu’est-ce qui se passe, est-ce que tu respires ?' »

« J’ai compris que les choses ne s’arrangeaient pas, les gens arrivaient, arrivaient, arrivaient », a raconté Barnea.
La catastrophe s’est produite lors du pèlerinage annuel de Lag BaOmer, qui avait attiré quelque 100 000 fidèles, pour la plupart des juifs ultra-orthodoxes, malgré des avertissements de longue date sur la sécurité du site et les dangers de la foule.
Des centaines de personnes s’étaient engouffrées dans un passage étroit, où une pente glissante a fait trébucher quelques personnes et déclenché une avalanche humaine qui a fait des dizaines de morts, dont des enfants et des adolescents, et au moins 150 blessés.
Il s’agit de la pire catastrophe civile en temps de paix en Israël.
Le frère de Barnea, David, a pris la tête de l’agence d’espionnage d’Israël en mai, peu après la catastrophe. Les deux hommes ont grandi dans une famille laïque. Zohar s’est tourné vers la religion à l’âge de 13 ans, bien qu’il ait effectué son service militaire dans la prestigieuse unité d’infanterie Golani. Il n’est devenu ‘haredi que plus tard.

Zohar dit que les deux hommes ont des liens très étroits. Il était venu à Meron notamment au début de l’année pour prier pour la nomination de son frère au poste de chef du Mossad. « Il a ses capacités et ses vertus », a-t-il dit. « Je pense qu’il a pleinement réalisé le potentiel de ce poste ».
À Meron, alors que les gens basculaient autour de lui, Barnea est resté debout au milieu du chaos.
« J’ai senti que j’étais seul au monde. À ce moment-là, j’ai senti, et ce sentiment m’est resté très fort, que tout était silencieux », a-t-il déclaré.
« Il y avait des gens qui criaient ‘à l’aide, aidez-moi’… C’était un horrible spectacle ».
Barnea et d’autres ont commencé à essayer d’aider les gens à sortir de la cohue. Il se souvient avoir aidé Avigdor Hayut ainsi que l’un de ses fils, Shmuel.

« J’ai sorti [le garçon] et j’ai commencé à le réanimer, à lui faire des compressions thoraciques », a-t-il dit.
Le garçon a survécu, mais un autre des fils de Hayut ainsi qu’un de ses élèves, qu’il avait accompagné, n’ont pas survécu.

Barnea a déclaré qu’il ne trouvait pas son fils dans le chaos, et qu’il a été bloqué par un policier qui s’est montré agressif envers lui alors qu’il essayait de se déplacer.
« J’ai fini par lui dire : ‘Ecoutez, j’étais dans la catastrophe, j’ai survécu, je ne trouve pas mon fils, vous devez m’aider à le trouver’. Il m’a dit : ‘Dommage que vous n’ayez pas été pris aussi’ « .
Barnea a fini par retrouver son fils sain et sauf, puis « tout m’a frappé. Je me suis effondré. Pendant la première ou la deuxième semaine, j’étais paralysé. Je ne pouvais littéralement pas marcher. J’ai arrêté de travailler, je n’arrêtais pas de revoir les événements devant mes yeux. Je ne suis toujours pas moi-même. »

Il a imputé en grande partie l’ampleur de la catastrophe à la conduite de la police, qui, selon lui, a été violente et antagoniste tout au long de l’événement. « On avait le sentiment que les policiers n’étaient pas là pour nous aider, mais qu’ils étaient nos ennemis… Partout, on voyait des policiers frapper des gens, c’était déchirant. »
Après la formation du nouveau gouvernement israélien en juin, une commission d’enquête de l’État a été formée. En novembre, la commission a soumis un rapport provisoire au Premier ministre Naftali Bennett, mais très peu de détails ont été rendus publics.
Bennett avait déclaré que le gouvernement étudierait attentivement le rapport afin de s’assurer qu’un tel incident ne se reproduise jamais. « La négligence, la gestion défaillante, les nominations non professionnelles ont coûté des vies », avait déclaré Bennett dans un communiqué.

Le rapport a également été soumis au ministère des Affaires religieuses et au ministère de la Sécurité intérieure.
Le ministre des Affaires religieuses, Matan Kahana, a promis cette semaine que les célébrations de l’année prochaine « seront complètement différentes des événements passés de Meron, et se dérouleront selon des normes de sécurité différentes. »
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