Le gouvernement français « n’écrit pas » les dépêches de l’AFP », rappelle une ministre
Le gouvernement "n'écrit pas les dépêches de l'AFP", a souligné la ministre de la Culture, interrogée sur le choix de l’agence de ne pas qualifier le Hamas de "terroriste"
Le gouvernement français « n’écrit pas » et « ne corrige pas les dépêches de l’AFP », a souligné la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, interrogée mardi par un député d’extrême droite RN reprochant à l’Agence France-Presse de ne pas qualifier directement le Hamas de « terroriste ».
« Si le ministère de la Culture finance en partie l’AFP, l’AFP n’est pas une agence gouvernementale, c’est une agence de presse indépendante », a souligné la ministre, face à une polémique relayée notamment par le parti de Marine Le Pen.
« L’AFP établit ses consignes rédactionnelles en toute indépendance », a expliqué dimanche Phil Chetwynd, directeur de l’information de l’AFP. « On privilégie le journalisme de terrain, les faits et la description factuelle des événements, qui inclut les choses qui sont atroces. »
S’agissant du Hamas, l’AFP précise systématiquement dans sa production qu’il est qualifié de terroriste « notamment par les États-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni et Israël ».
Selon sa charte éditoriale, l’agence ne doit qualifier elle-même de terroriste aucun mouvement, groupe ou individu. Elle ne le fait qu’en citant une source et en utilisant des guillemets, a-t-elle rappelé samedi dans un communiqué.
« La France a très clairement défini le Hamas comme un groupe terroriste ainsi que l’Union européenne et un très grand nombre de pays », a rappelé Rima Abdul Malak.
De son côté, l’AFP, « à l’instar des agences Reuters ou Associated Press », a expliqué « que depuis plus de 20 ans, ils ont pris cette consigne de ne pas utiliser le mot terrorisme pour s’en tenir aux faits », a ajouté la ministre.
« Les faits décrits dans le cas des attaques barbares du Hamas sont suffisamment clairs pour que tout le monde comprenne qu’il s’agit d’actes terroristes », poursuit la ministre.
« Je peux comprendre que le choix de ne pas utiliser ce mot de terroriste puisse susciter des remous, des incompréhensions, des indignations » mais « le gouvernement n’écrit pas les dépêches de l’AFP et ne corrige pas les dépêches de l’AFP », a-t-elle insisté.
La ministre s’est dite d’autre part « choquée » par « la mention de l’exemple de Nelson Mandela dans l’un des communiqués d’explication de l’AFP ».
Pour illustrer le caractère « extrêmement politisé et sensible » de l’emploi du mot terroriste, mais sans établir de parallèle, ce texte rappelait que de « nombreux mouvements ou personnalités issus d’une résistance, un temps qualifiée » comme tel, ont été reconnus par la communauté internationale, l’exemple « le plus emblématique » étant « sans doute Nelson Mandela » en Afrique du Sud.