Le Hamas aurait torturé des citoyens à proximité d’une école
Ramallah fustige son rival islamiste alors même que les pourparlers de réconciliation reprennent lundi au Caire
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes

Un quotidien officiel de l’Autorité palestinienne a rapporté que des classes dans la ville de Khan Younis dans le sud de la bande de Gaza ont été interrompues par les hurlements de prisonniers politiques interrogés par les forces de sécurité du Hamas dans un bâtiment voisin.
Alors que les pourparlers de réconciliation entre le Fatah et le Hamas ont repris lundi au Caire, le journal Al-Hayat Al-Jadida, basé à Ramallah, a affirmé que les élèves de l’école de filles dans le centre de Khan Younis ont été affectées par « la peur et l’horreur » dues à la torture, aggravant leurs souffrances accumulées pendant l’opération Bordure protectrice.
Malgré la formation le 2 juin d’un gouvernement d’union de technocrates, le schisme politique entre les deux mouvements rivaux reste aussi profond que jamais, Abbas accusant ouvertement le Hamas de comploter pour le renverser et d’être l’instigateur de la récente vague de violence avec Israël.
De nombreux témoignages anonymes ont été envoyés au quotidien par les écolières craignant des représailles si elles se plaignaient ouvertement. « M », une nouvelle élève à l’école, a demandé à sa camarade « A » d’où venaient les cris et la réponse fut que le bâtiment voisin appartenait à la Direction des enquêtes générales de la police du Hamas.
« S. », une autre élève a déclaré qu’elle avait «très peur» du commissariat de police limitrophe, affirmant que «la police doit maintenir la loi et l’ordre et non susciter l’angoisse par le mouvement incessant de voitures de police amenant des suspects pour les interroger.
Le Hamas a qualifié ces accusations rapportées par Al-Hayat Al-Jadida de campagne de dénigrement lancée par le Fatah, qui continue d’opprimer et de harceler les activistes du Hamas en Cisjordanie. Dimanche, les services de sécurité de Cisjordanie ont arrêté six membres du Hamas et deux ont été convoqués pour interrogatoire, selon le site web du Centre d’information palestinienne affilié au Hamas.
Le mouvement islamique – qui a banni le Fatah de la bande de Gaza dans un coup d’État sanglant en 2007 – continue de gérer son propre ministère de l’Intérieur dans l’enclave côtière, lequel est responsable des nombreuses forces de sécurité qui y sont actives.
Amin Maqboul, un responsable du Fatah, a déclaré lundi à Al-Resalah un site d’information du Hamas, que les pourparlers de réconciliation au Caire porteront sur l’application du contrôle effectif du gouvernement d’union sur toute la bande de Gaza.